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Catégorie : Actualité
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Quatorze touristes ont été attaqués le 24 novembre dans le Parc National de la Montagne d'Ambre
Quatorze touristes ont été attaqués le 24 novembre dans le Parc National de la Montagne d'Ambre

Quatorze touristes attaqués par une bande de malfaiteurs armée de Kalachnikovs dans le Parc de la Montagne d’Ambre, tel est le dernier épisode d’une série qui commence à devenir longue et compromet sérieusement le tourisme, la première activité économique du nord de Madagascar

Alors que tous les regards sont tournés vers les élections présidentielles et législatives, étapes clés dans le processus de sortie de crise qui devrait mettre fin à plus de quatre années de crise, les actes d’agressions se multiplient envers les rares touristes qui continuent à visiter le nord de la Grande Île et offrent pourtant une petite bouffée d’oxygène à une économie en berne. Les autorités régionales et les opérateurs touristiques sont contraints de prendre des mesures drastiques pour assurer la sécurité des voyageurs.

Quatorze touristes attaqués dans le Parc de la Montagne d’Ambre

Dans la matinée du 24 novembre vers 11h, le quatrième groupe de touristes et leur guide étaient à 200 mètres du croisement du gîte d’étape et du petit lac dans le célèbre Parc National de la Montagne d’Ambre lorsque sept bandits ont surgi et les ont menacé avec des armes. Trois avaient des armes à feu, l’un des touristes parle de fusil qui ressemblerait à une mitrailleuse avec deux chargeurs, deux autres avaient des armes blanches tandis qu’un des leurs avait un sac. Sous la menace de leurs armes, ils ont alors dépouillé les touristes de leurs appareils photos, tablettes, Smartphones, bijoux, et d’importantes sommes d’argent qu’ils avaient sur eux… jusqu’aux lunettes de soleil. Quelques minutes avant cette attaque du quatrième groupe, d’autres touristes ont été attachés avec « des scotchs d’emballage » selon leur guide qui a couru donner l’alerte au gîte d’étape. Tous les objets de valeur ont été dérobés. Au total 14 touristes dont la plupart des Français se sont faits attaquer pendant cette matinée du dimanche. Les véhicules ont ramené les touristes à l’entrée du parc vers midi. Les éléments de la gendarmerie sont arrivés vers 13h30 avec des employés de Madagascar National Parks. Les malfaiteurs ont donc eu tout leur temps pour disparaitre dans la nature. Durant l’après-midi, les touristes ont été entendus par les gendarmes du peloton 30 et de Camp Pardes à Antsiranana. Beaucoup ont eu du mal à contenir leurs impatiences après le choc qu’ils venaient de subir. D’autres ont parlé de plaintes contre le parc qui n’assure pas la sécurité des visiteurs, comme ils en sont en droit de l’attendre. Les chauffeurs, guides et tour opérateurs sont très inquiets de l’impact que cette nouvelle attaque (après celles d’il y a quelques semaines dans l’Ankarana et déjà à la Montagne d’Ambre) va incontestablement avoir sur leurs activités. Il est à noter qu’un guide a affirmé que parmi les bandits il y en avait qui parlaient le dialecte tsimihety, malgache officiel et dialecte du nord. Après cet incident, qui heureusement n’a toutefois fait aucun blessé, le consulat général de France a lancé un appel à tous les ressortissants français à faire preuve de vigilance et à ne pas fréquenter ces zones à risque « tant que la criminalité n’est pas neutralisée ».

Une série qui commence à devenir longue
Une série d'agressions de groupes de touristes ont eu lieu en un peu plus d'un mois
Une série d'agressions de groupes de touristes ont eu lieu en un peu plus d'un mois

Cet incident n’est malheureusement pas isolé, mais fait suite à une série de faits similaires : le dimanche 20 octobre une famille française a été agressée dans des conditions similaires dans le Parc de la Montagne d’Ambre par un groupe de quatre hommes aux visages dissimulés par des cagoules qui ont surgi de la foret en les menaçant avec leur fusil, leur machette ainsi qu’une grenade avant de s’emparer de tous leurs objets de valeur ; le 3 novembre, c’est un couple de touristes qui s’est fait dérober tous ses effets personnels pendant qu’il se baignait aux Trois Baies ; le 11 novembre en tout début de matinée, c’est un groupe important de touristes, et de nationalités confondues qui a été pris pour cible par des bandits armés au cœur du Parc National de l’Ankarana et dépouillés de tous leurs effets personnels.
Ces agressions ont été fortement médiatisées par les médias internationaux dont l’attention a été attirée par les événements récents de Nosy Be qui ont vu une foule en colère lyncher trois personnes dont deux étrangers sur des accusations sans preuve qui sont désormais avérées totalement fausses. L’impact de cette série de faits rapportée avec le sensationnalisme de rigueur dans ces publications risque de porter un coup fatal au tourisme qui a déjà énormément souffert de l’insécurité engendrée par l’instabilité politique que connait le pays depuis 2009. Principale pourvoyeuse de devises de la région, et générant de nombreux emplois, cette activité est pourtant essentielle à l’économie et les efforts constants des divers organismes en charge comme le Ministère du Tourisme, l’Office National et les Offices régionaux risquent d’être réduits à néant si une solution à la multiplication de ce type d’agression n’est pas trouvée rapidement.

Mesures de sécurité renforcées

Le commandant de la compagnie de gendarmerie d’Antsiranana, Lova Andrianasolo, qui dirige l’enquête sur l’attaque de ce week-end dernier à la Montagne d’Ambre a affirmé dans un point presse « qu’il faudrait installer des forces de l’ordre dans les sites fréquentés par les touristes ». Dans l’immédiat, l’Office Régional du Tourisme de Diego Suarez, en concertation avec la direction des Parcs Nationaux de Madagascar (MNP) a largement diffusé un communiqué et a décidé de mettre en place des escortes pour accompagner les visites des différents parcs et sites les plus fréquentés par les voyageurs dans le Nord (voir en encadré). Si cette initiative est louable, il est tout de même regrettable que la charge en soit imputée aux touristes, grevant encore un peu plus la compétitivité de l’offre de la région dans ce secteur.

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Communiqué de l'Office du Tourisme de Diego Suarez

Suite aux attaques répétées sur des touristes dans les Parcs Nationaux dans le nord et afin d’assurer la sécurité des visiteurs, l’Office Régional du Tourisme de Diego Suarez et les Directions des Parcs concernées ont pris les dispositions suivantes pour effet immédiat :
- Pour le Parc de la Montagne d’Ambre : visites règlementées
Heures de visite : le matin : 8h et 10h30 ; l’après midi : 14h
Seul deux circuits seront ouverts aux visiteurs.
- Pour les trois sites : Montagne d’Ambre, les Tsingy rouges, l’Ankarana :
Les visiteurs seront accompagnés de deux agents de la Gendarmerie Nationale.
Pour indemniser ces agents, une participation de trois mille ariary (3 000 Ar.) par voiture sera perçue à l’entrée de ces sites.
Durant la visite, il est conseillé aux visiteurs de ne pas apporter des objets de valeurs (argents liquide, bijoux…).
Pour tous renseignements complémentaires, veuillez contacter :
L’Office Régional du Tourisme de Diego Suarez - Tel : 033 05 306 32 - Mail :
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Parc National de la Montagne d’Ambre - Tel : 033 28 469 09
Parc National de l’Ankarana - Tel : 032 04 094 10