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Catégorie : Actualité
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Christiano Jean Béni (à gauche) et Moratombo Abdoul Karim (à doite) ont tout deux été victime d’attaques aveugles qui laissent la population de la ville dans le désarroi et  l’incompréhension
Christiano Jean Béni (à gauche) et Moratombo Abdoul Karim (à doite) ont tout deux été victime d’attaques aveugles qui laissent la population de la ville dans le désarroi et l’incompréhension

Au delà des inquiétudes face à une insécurité grandissante dans la ville d'Antsiranana, la question qui se pose à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux est « où va cette ville et sa jeunesse ?».

Les affirmations selon lesquelles, violences et meurtres appartiennent au monde urbain ne font pas leurs effets à Antsiranana où nombreux ont connu la Capitale du Nord sous un meilleur jour et qui ne veulent pas se laisser convaincre qu'il est impossible de retrouver le calme d'antan. Pour les proches des victimes et pour les Antsirananais, il est révoltant que ce soit des jeunes qui travaillent dur pour un meilleur avenir qui subissent la violence des autres.
Lundi 11 mai, alors que l'électricité était coupée dans plusieurs quartiers de la ville, Moratombo Abdoul Karim, jeune homme de vingt ans a été tué à Lazaret nord d'un coup de couteau dans la poitrine. Les malfaiteurs lui ont volé son ordinateur portable. 22 mai vers 22 heures, Christiano Jean Béni, étudiant en cinquième année à la faculté des Sciences de l'université d'Antsiranana et enseignant au CEG PK3 a été roué de coups à Soafeno et est décédé très tôt dans la matinée du 23 mai au centre hospitalier universitaire de Tanambao de suites de graves blessures. Le nombre des individus qui se sont acharnés sur lui n'est pas précisé, mais il est clair qu'ils se sont assurés de ne pas donner une chance au jeune homme de survivre. Il a été laissé pour mort en bord de la rue près du terrain de basketball Chicago Soafeno. Sa petite amie a failli être violée et a de nombreuses blessures, dont des morsures, sur le visage et ses membres. Entre les deux faits, les autorités d'Antsiranana et de la région DIANA ont tenu une réunion. Elles ont appelé une fois de plus à la prise de responsabilité des parents et des notables ainsi que des dirigeants religieux pour que la paix revienne à Diego Suarez. Après près de deux heures de réunion en OMC, organe mixte de conception, les trois hommes « forts » de la DIANA et de la province ont fait une déclaration conjointe sur la sécurité et la recrudescence de violences dans la ville d'Antsiranana. Le vice-président de l'Assemblée Nationale, Freddie Mahazoasy, le chef de région, Tongazara Eddie Jean Aimé et le préfet d'Antsiranana, Banoma Arsène, ont donc une fois de plus, clamé que la sécurité et la sécurisation de la ville sont l'affaire de tous, que la paix est la condition au développement. La déclaration n'est pas bien différente des précédentes. Après des évènements perturbateurs de l'ordre public et des épisodes de violences perpétrées par les groupes de délinquants de la ville, les autorités appellent toujours à la responsabilité de tout un chacun et annoncent des mesures dissuasives dont le renforcement des patrouilles. Depuis la fin de l'année 2015, le contrôle d'identité a été renforcé, la circulation pendant la nuit très surveillée, les bars fermés avant l'heure, mais n'ont pas empêché la recrudescence des actes violents. Pour cette déclaration du 14 mai qui a fait suite à la réunion des autorités de la région avec les forces de l'ordre, le préfet d'Antsiranana affirme que de nombreuses mesures ont été déjà prises pour assurer à la population la présence de l'Etat « et c'est ainsi que nous avons pu nous en sortir jusqu'à maintenant » dit-il. Banoma Arsène annonce l'élaboration d'un plan local de sécurité qui sera la « feuille de route pour la sécurisation ». Le contenu de ce plan sera le fruit de concertation au niveau des fokontany. Sur les réseaux sociaux, l'émotion et réaction des internautes, habitants d'Antsiranana et diaspora, ont pris une ampleur sans précédent, allant jusqu'à l'annonce d'une marche qui était prévue samedi 21 mai à Diego Suarez, mais qui n'a finalement pas eu lieu. Suite au décès de Christiano, les réseaux sociaux et la ville sont de nouveau en effervescence avec des appels aux autorités et aux forces de l'ordre d'agir et d'avancer des résultats concrets. Dans une conférence de presse organisée en début de la soirée du 24 mai, le préfet d’Antsiranana a appelé au calme et la collaboration entre forces de l’ordre et la population. L’enquête sur le meurtre de Christiano a conduit le 22 mai à l’arrestation de cinq hommes habitant Tanambao IV, mais qui ont eu l’habitude de mâcher du katy à Lazaret nord, là où passait tous les jours la victime. Le motif du meurtre d’après le commissaire de police Tombohasy Christian, est la jalousie (par rapport à la petite amie d’Abdoul Karim) et parce que quelqu’un aurait convoité l’ordinateur portable et envoyé l’un des malfaiteurs à le dérober. Deux autres personnes, en cavale, sont recherchées par la police
■ VM