L’année dernière, le Président de la République Hery Rajaonarimampianina avait fait le vœu d’une année de paix, de prospérité et d’équité. Dans son discours prononcé dans la soirée du 31 décembre 2016, le Président s’est auto-félicité des avancées qui ont été enregistrées et en appelle aux témoignages des compatriotes
La présentation des vœux présidentiels se tient le 6 janvier au palais d’Iavoloha. Les contestataires semblent s’être résignés cette fois alors que l’année dernière les indignations pleuvaient sur les réseaux sociaux. Un festin pour un millier de personnes alors que la majorité du peuple malagasy ne mange pas à sa faim.
L’année 2016 devait être l’année du travail, comme Hery Rajaonarimampianina l’a souligné. Ce travail s’est reflété par l’accueil des deux sommets internationaux et sur les conséquences que le pays tirera des partenariats recherchés dans le cadre de la COP 21 (Conférence de Paris sur le climat). Soit la prise en compte de la dimension climatique dans la stratégie de développement économique. « Les avancées » que le Président souligne en dressant le bref bilan positif de l’année 2016, il les mesure par la confirmation de la volonté de la communauté internationale à « nous accompagner dans l’œuvre de développement ». Un optimisme qui n’est pas partagé par tous comme par exemple l’association Wake Up Madagascar qui dénonce : « le Président est fier de cette avancée qu’il croit acquise au sein de la communauté internationale, mais qu’en est-il de la lutte dans la vie quotidienne des compatriotes ? Coupures d’électricité, interruptions de l’accès à l’eau potable, la sécurité, la santé, l’éducation, etc ». Durant plus de la moitié de son mandat, Hery Rajaonarimampianina et son équipe auront lutté sans cesse pour la stabilité politique. Il l’a précisé l’année dernière « l’une de mes plus grandes préoccupations pendant ces deux années a été de parvenir à la stabilité politique ». Ce 6 janvier lors de la présentation des vœux présidentiels, le Président donnera certainement son point de vue sur cette question politique. En effet, l’année passée était remplie de multiples contestations que des membres du gouvernement et du parlement ont qualifiées de « politiques », de manœuvres de déstabilisation. Les élections communales et sénatoriales n’ont donc pas emmené cette stabilité tant cherchée et que les dirigeants étaient convaincus qu’elles en seraient la base ? D’ailleurs pour ce qui est des élections, celles touchant les Régions et les Provinces semblent être oubliées. Limogeages et nomination de chefs de Région incombent toujours au gouvernement. Si certains quartiers des autres régions ont pu procéder aux élections-désignations du chef fokontany, ailleurs, les quartiers n’en sont même pas aux préparatifs.
Des fonds disponibles… pour quels projets ?
Du point de vue de l’administration territoriale et notamment dans la décentralisation, la zizanie tend à gagner de la place. Certaines Communes ont appliqué les dispositions des textes relatifs à leurs ressources et ont perçus les impôts indiqués dans ces textes, mais plus tard, elles apprennent qu’elles ne sont pas autorisées à percevoir ces ressources puisque la loi de finances ne le leur pas encore permis. A l’heure actuelle, la gestion du fonds d’appui au développement fait polémique. Ce sont les députés qui ont plaidé pour qu’un fonds soit accordé à chaque district pour son développement. Les arguments se basaient sur le fait que les députés devraient disposer d’un budget pour la réalisation des promesses faites à la population. Le fonds de 200 millions d’ariary a été accordé par l’exécutif. Toutefois, « le fonds d’appui au développement est géré au niveau de la circonscription administrative de niveau district par le représentant de l’État qui en est l’ordonnateur secondaire ». Les députés contestent, mais ont quand même voté la loi de finances 2017. Le fonds sera accordé aux Communes qui ont des projets dont la réalisation est à prioriser.
Le Président de la République n’ayant pas encore donné un aperçu des perspectives de cette nouvelle année, tous attendent à ce que des mesures plus concrètes soient annoncées ce 6 janvier et notamment sur la préparation des élections présidentielles et les mesures à adopter face aux urgences : l’insécurité, la malnutrition et la sécheresse. Pour ce qui est de ces dernières, le plan et les mesures que l’Etat va prioriser sont d’autant plus attendus que des dons ont été annoncés. A titre d’exemple, « la Banque mondiale a annoncé un don de $35 millions pour permettre à l’Etat de développer un programme de transferts monétaires d’urgence pour les familles les plus vulnérables dans les cinq districts les plus affectés par la sécheresse » indique la Présidence de la République à l’issue de la Conférence des bailleurs et des investisseurs pour Madagascar au mois de décembre. D’année en année, le Président de la République réaffirme sa volonté de se pencher sur les conditions de vie des Malagasy « je n’ai qu’une ambition pour mon pays : réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie de mes compatriotes. Cette ambition, je l’ai fondée sur notre adhésion totale au défi de l’atteinte des Objectifs de Développement Durable que nous nous sommes fixés ensemble, mais aussi sur la vision claire de l’avenir que nous voulions donner à notre pays : celle d’un Madagascar moderne et prospère. Cette vision a été traduite dans le Plan National de Développement » a-t-il déclaré à l’ouverture de cette conférence des bailleurs et des investisseurs à Paris. A l’issue de la conférence, Madagascar dispose de 6,3 milliards de dollars pour financer son Plan National de Développement.
■ V.M