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Catégorie : Actualité
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Région DIANA : les ferrailleurs à l'amende

Chaque mois, des tonnes de ferrailles disparaissent des ateliers de la ville, des dizaines de mètres de clôtures d'entreprises se volatilisent, des ponts sont dépouillés de leurs rembardes, même les croix des tombeaux sont volées... Face aux pillages, les autorités réagissent en interdisant l'exportation de ferraille

Pour les autorités de la Région DIANA, la suspension de l'achat et de l'exportation de ferraille est la solution face à la recrudescence des vols de ferrailles. Du côté des opérateurs économiques, il ne s'agit aucunement d'une solution, c'est une sanction à leur activité et à leur gagne-pain.

Près d'une quarantaine d'individus viennent régulièrement à la SECREN pour voler les nombreux morceaux de ferraille aisément accessibles, au vu et au su de tous. Ces jeunes de 17 à 20 ans, prêts à tout, sont jusqu'ici parvenus à leur fin car même les éléments de la FIP (Force d'Intervention Policière), puis du 2ème RFI (Régiment des Forces d'Intervention) sont dans l'incapacité de les arrêter, ceux-ci n'ayant pas reçu l'ordre de tirer, car d'après le Chef de Région « tirer sur des jeunes de 17-20 ans qui volent parce qu'ils n'ont rien est déplacé ».

Région DIANA : les ferrailleurs à l'amende

Le Chef de Région a cependant ajouté que « L'avenir de la SECREN est en jeu… la situation est critique » lors de la réunion avec les acheteurs et exportateurs de ferraille le jeudi 15 mars à la Résidence de la Région. L'objectif de cette réunion était d'informer les opérateurs économiques de la décision de la Région et de l'OMC ou Organe Mixte de Conception de suspendre l'achat et l'exportation de ferraille jusqu'à nouvel ordre. Un délai d'un mois, à partir du 15 mars, a été donné aux exportateurs pour déclarer leurs stocks et expédier leurs marchandises. Délai de un mois très discuté puisque les bateaux ne viennent pas spécialement à Diego Suarez pour chercher les ferrailles. Il est donc difficile de déterminer s'ils viendront deux ou trois fois en un mois (nécessaires pour l'épuisement des stocks) à Diego Suarez. C'est également à partir du 15 mars que tout achat de ferraille est, en principe, interdit dans toute la Région DIANA. Par exception, l'achat peut être accordé sur demande de dérogation spéciale. Cependant, l'empotage se fera sous un contrôle très « strict » des représentants de l'OMC.

Il va sans dire que cette décision a surpris les opérateurs économiques venus assister à cette réunion et a été accueillie par diverses réactions assez prévisibles. Il y a les personnes de nationalité étrangère qui n'ont tout simplement compris que quelques mots de cette déclaration : « suspension, exportation » -le contenu de la déclaration étant prononcé en malgache. Il y a aussi ceux qui n'ont pas caché leur mécontentement tout en dénonçant la défaillance au niveau du personnel des sociétés victimes de vol de ferraille « des tonnes de ferrailles qui sortent de la SECREN ne passent certainement pas inaperçues » a lancé un opérateur économique. Puis il y a ceux qui semblent s'être résignés, mais qui envisagent déjà de trouver les moyens de contourner le problème et trouver des arguments efficaces pour que la Région et les autres organes concernés reviennent sur cette décision.
N'étant pas convaincus que cette suspension puisse être la dernière mesure efficace à prendre, les opérateurs économiques ont décidé de se réunir prochainement et soumettre leurs recommandations à la Région et à l'OMC. La situation des acheteurs de ferraille du secteur informel a été soulevée pendant cette réunion, secteur informel dont les agissements « salissent » la réputation de toute la profession. Les acteurs du secteur formel disent être sanctionnés à la place des illégaux. Les échanges réalisés par les acheteurs informels constituent en effet un véritable marché noir que les acteurs formels voudraient voir disparaitre. Mais comment procéder puisque la Région ainsi que le service des Contributions affirment ne pas connaître ces personnes ? De plus, si certains des opérateurs économiques présents ont dit connaître les contrevenants, ils n'ont cependant pas voulu les dénoncer.

Comme la seule vocation de la ferraille ainsi récuprérée est d'être exportée, puisqu'aucune industrie de tranformation n'existe localement, la solution pourrait venir de l'administration centrale par la mise en place d'un contrôle douanier strict et de demande de justificatifs quant aux origines des ferrailles à exporter. Cependant, comme le problème ne semble pas encore affecter les autres régions, il semble qu'il y ait peu d'espoir que des mesures soient prises rapidement au niveau national.
■ V.M