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Catégorie : Actualité
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L’affaire pele mêle rebondit: jusqu’où?

L’affaire pele mele en a déclenché d’autres. L’indignation que ces affaires suscitent dans l’opinion est grande. Mais une question demeure : y a-t-il eu intention de diffuser ces films ‘pornos’ ?

Plus de 20 jours se sont écoulés depuis l’arrestation d’Aly Mehboub alias « Pêle-mêle », mais l’affaire reste toujours d’actualité. En dépit de la mise en garde du chef de région Diana et du procureur de la République sur la diffusion des Cd qui montrent ces images érotiques, ils continuent à circuler de plus belle.
Rappelons que « Pêle-mêle » fut arrêté par des éléments mixtes de police le 17 février dernier à son domicile et qu’au cours de l’opération ces policiers ont du quadriller le périmètre afin d’éviter tout grabuge. Une précaution qui n’était pas inutile car outre le fait que des gens en colère aient voulu le lapider, d’autres avaient l’intention de piller son magasin...
Certes, le film « Pêle-mêle » n’est pas le premier film porno produit localement mais c’est le premier qui ‘présente’ autant de visages familiers et surtout de mineurs. C’est sans doute le piquant de l’affaire. En tout cas, aux yeux de la quasi-totalité des habitants de la ville d’Antsiranana, ces scènes pornographiques constituent un crime contre les bonnes moeurs. Il y a en effet lieu de savoir que les habitants de cette partie nord de la grande Île très attachés à leur culture et à leurs traditions semblent très indignés face à ce genre de délit.
Aussi ne s’est-on point étonné de la présence massive des gens devant le tribunal de la localité le jour où « Pêle-mêle » et un de ses complices, le propriétaire de la chambre de passe où ont été tournées ces scènes de fellation, ainsi que sept des filles qui ont porté plainte contre cet indien, y ont été déférés. Tous deux sont actuellement placés sous mandat de dépôt malgré les espèces sonnantes et trébuchantes que « Pêlemêle » était prêt à donner à certaines de ses victimes.

L’HOMME DE PELE MELE N’EST PAS LE SEUL
Mais ceux qui ont cru que « Pêle-mêle » est le seul homme de la ville d’Antsiranana capable de tenir un tel rôle font preuve de naiveté. En effet, moins d’une semaine après son arrestation, un autre film montrant l’image d’une jeune femme faire des gâteries à un jeune homme du quartier « Tanambao I » avant que celuici ne passe sérieusement à l’acte avec elle, a commencé à circuler en ville. Mais cette fois, le héros principal de ce film, un certain R. secoué par sa maîtresse et les membres de sa famille a réagi.
Soupçonnant un certain A. habitant le même quartier et à qui l’année dernière il a vendu une cassette caméra qui aurait contenu ces images érotiques d’être à l’origine de la diffusion de celles-ci, il l’a publiquement menacé de mort la nuit du 22 février dernier.
Le jour suivant, il est revenu chez A. et cette fois il a menacé de brûler la maison de ce dernier.... Comme le jeune homme a persisté dans ses menaces, A a finalment jugé utile de déposer une plainte contre lui au commissariat central de police de la localité. D’autant que selon lui, il est injustement accusé par R. et qu’il n’a jamais eu connaissance du film en question. Il a d’ailleurs tenu à signaler que R. a effacé lui-même cette cassette camera avant de la lui remettre ce jour là.... Mais laissons de côté cette affaire de poursuite judiciaire et revenons à cette série de films porno. Cette fois, c’est un fonctionnaire, de surcroît un homme de loi que l’on voit dans un autre film érotique avec sa maîtresse. Là où il se trouve, « Pêle-mêle » doit certainement se frotter les mains....Pour l’instant, l’affaire en est là.
La seule chose que l’on sait est que le film de ce fonctionnaire a été trouvé dans la carte mémoire de son téléphone portable volé, ce qui laisse croire qu’il n’avait nulle intention de le diffuser. De son côté l’affaire Pele Mêle se poursuit actuellement avec le témoignage des victimes.

TEMOIGNAGE DES VICTIMES
Parmi les victimes de « Pêlemêle » figure des mineures dont une élève d’un lycée de la localité, à qui il a promis de donner une bourse d’étude extérieure. « Pour le remercier d’avance de ce beau cadeau, il m’a demandé de faire des choses répugnantes » a-t-elle expliqué les larmes aux yeux. En fait, il n’y a jamais eu de bourse d’étude. C’était le seul moyen que « Pêle-mêle » avait trouvé pour appâter cette fille de 17 ans. Quoi qu’il en soit, « Pêle-mêle » ne devrait pas être le seul à être traduit en justice pour ses actes. Ceux qui ont gravé et diffusé ces films doivent êatre également poursuivis pour violation de la vie privée et violation du secret professionnel.
Entre temps, le film a eu le temps d’être diffusé dans tout Madagascar par CD pirates, à Mahajanga, dans la capitale et même dans le sud. A noter enfin que le mot Pele-mele » depuis la diffusion de ces films érotiques a pris un autre sens dans la capitale du Nord. Il est devenu à la fois nom et verbe, dont le sens est facile à deviner...

B.BICO

POINT DE VUE SOCIOLOGIQUE ET JURIDIQUE

On peut s’étonner devant la vitesse avec laquelle cette rumeur, puis information s’est propagée dans la ville. Pourtant c’est un fait, l’affaire ‘Pele-mêle suscite encore un intérêt persistant. Prenons un peu de recul et partons des chiffres: en 2004 (dernier chiffre officiel), 15 pc des filles ont eu leur premier rapport sexuel avant 15 ans et 50 pc avant 17 ans (sûrement pas uniquement avec des garçons mineurs).
Ces chiffres sont ceux d’Antsiranana. Traditionnellement en brousse, les filles et les garçons sont beaucoup plus précoces. Comme nous le confirme un observateur, les femmes du nord ont toujours bénéficié d’une grande liberté.
Mais l’influence des valeurs chrétiennes et musulmanes arrivées plus tard ont brouillé les repères. En ce qui concerne l’âge de la majorité, là encore, les chiffres le montrent, les repères sont brouillés. Traditionnellement l’adolescence n’existait pas. Il y avait les prépubères et les pubères. Ce qui explique qu’à 14 ans, beaucoup de filles pouvaient être mariées. La notion de minorité et de majorité qui est culturelle a changé dans le temps. Cela se retrouve dans les textes de lois. La loi de 2007 art 2 stipule qu «un enfant est un être humain âgé de moins de 18 ans», alors que l’ordonnance du 19 septembre 1962, art 63 mentionne l’âge de 21 ans pour définir la majorité. D’où un certain flou juridique...
Au vu de ces chiffres on peut penser que le problème principal reste la diffusion d’images pornographiques. La pornographie, c’est la sexualité des autres en public. Cela englobe toutes les pratiques sexuelles dont aucune n’est condamnée en tant que tel dans la loi.
L’article 346 du code pénal stipule : «le fait en vue de SA DIFFUSION, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image d’un mineur lorsque cette image présente un caractère pornographique est punie...».
Le Code prend soin de préciser «EN VUE DE SA DIFFUSION». Dans cette triste affaire, y at-il donc eu intention de diffuser et qui est responsable de cette diffusion.
L’enquête est en cours. En attendant, la présomption d’innocence s’applique jusqu’au jugement.

Séraphin B