Retour haut de page
Jeunes Pairs Educateurs : la Toxicomanie en question
Jeunes Pairs Educateurs : la Toxicomanie en question

Associée à la délinquance juvénile qui donne depuis quelques années une mauvaise réputation à la ville de Diego Suarez, la consommation de cannabis et autres substances pouvant conduire à la toxicomanie a fait l’objet d’un débat auquel ont participé les jeunes d’Antsiranana et des professionnels de la santé et de la Justice

Dans certains quartiers de la Capitale du Nord, les jeunes ne se cachent plus pour fumer le cannabis, la mastication du khat quant à elle est un fait tout à fait banal et fait partie de l’identification autant culturelle que géographique du Nord de Madagascar.

Une soixantaine de jeunes lycéens et collégiens a répondu à l’appel des Jeunes Pairs Educateurs, sous la tutelle de la Direction Régionale de la Jeunesse et des Loisirs pour s’exprimer sur la toxicomanie le 15 mars à l’Alliance française. Si certains répondaient aux questions des animateurs tels de bons élèves qui ont bien révisé leurs leçons, d’autres ont soulevé des points pertinents qui leur permettraient sans doute d’avoir une vision détachée de ce que veulent leur inculquer les adultes. « Je suis ici pour comprendre comment les drogues agissent sur l’organisme et notre cerveau pour qu’on leur rattache les mauvais comportements, je ne veux pas qu’on me dise que c’est juste mal parce que c’est déjà le discours des parents » nous confie Anthony, un adolescent qui a participé cette conférence. Son résumé, à la fin du débat a été « la curiosité sur ces substances ne nous tue pas en fin de compte, c’est l’addiction qu’il faut à tout prix éviter ». En recherchant les causes de la toxicomanie, les JPE ont donné la parole aux jeunes afin de faire sortir les idées et connaître la réalité dans laquelle ils vivent dans leurs quotidiens et leurs sociétés. Pour les plus jeunes, les causes de la consommation de drogues, de tabac et d’alcool sont souvent la curiosité, certains étant envoyés par les parents dans les bars pour acheter de la bière ou du rhum, d’autres allument la cigarette de leurs proches et en profitent pour « essayer et fumer un peu », mais il y a aussi ceux qui sont influencés par leurs amis « si on ne fume pas on est une femmelette ». Pour le khat par contre, mâcher les feuilles est à la mode à Antsiranana. Comme la botte coûte cher, 3 000 Ariary au minimum, ceux qui mastiquent sont perçus comme ayant les moyens de payer, donc comme des personnes qui méritent le respect car ils parviennent à subvenir à leurs besoins tout en satisfaisant à leurs plaisirs.
Les membres du JRC ou Jeunes Reporters Club ont interviewé quelques consommateurs de khat et ceux-ci ont soutenu que cette drogue douce leur offre du plaisir (c’est-à-dire la mastication), leur permet de résister au sommeil, de maintenir leur concentration, augmenter la force physique et les performances sexuelles, d’avoir de l’imagination et de l’inspiration… bref des affirmations semblables à celles avancées par les consommateurs de cannabis. D’autres admettent pourtant que s’ils pouvaient donner des conseils aux plus jeunes, ils leur diraient de ne pas en prendre et de ne pas du tout essayer.
Comme dans tout milieu urbain, la drogue, douce ou dure, et l’alcool représentent un risque réel pour la jeunesse d’Antsiranana, mais l’ampleur du phénomène n’est certainement pas telle que celles l’exploitation et le tourisme sexuel ainsi que le travail des enfants, et les projets de lutte contre la consommation de la drogue et de l’alcool par les jeunes sont plutôt rares. Les actions rapportées concernent surtout la répression et la désintoxication.
A Madagascar et à Diego Suarez, ce sont les drogues douces qui sont les plus consommées, les drogues dures découvertes sur « le marché » : cocaïne et héroïne n’étant accessibles que par les consommateurs de la classe aisée. Madagascar est jusqu’ici le lieu de transit de la cocaïne de l’Amérique Latine vers les îles sœurs ou/et de l’héroïne, du Pakistan vers ces îles. Précisions données par le chef de service central de la lutte contre les stupéfiants lors de la cinquième réunion des Plateformes régionales « Justice » et « Sécurité » des pays de la Commission de l’Océan Indien du 23 janvier à Antananarivo.
Néanmoins, selon les médecins, il ne faut pas se confier à cette appellation « drogues douces » car les effets sur la santé ne sont pas pour le moins négligeables. Elles causent en effet une dépendance psychique. La Commission Interministérielle de coordination de la lutte contre la drogue avançait par exemple que la dépendance psychique engendrée par la consommation du khat se traduit par « une pulsion puissante à se procurer par n’importe quel moyen la ration journalière de khat, à répéter ou à prolonger les périodes de mastication souvent au détriment des besoins vitaux, telle la nourriture ». Le khat est utilisé pour stopper la faim… or cela mène à une perte d’appétit ; entraînant un risque de dénutrition. Le Docteur Zanadaory, neuropsychiatre lors de la rencontre scientifique SOMAHGEED à Antsiranana déclarait que près de 40% des troubles psychiques traités au service de psychiatrie du CHU Antsiranana ont pour cause la consommation de substances psycho-actives (cannabis et khat). D’autres effets sur la santé et la société ont été énumérés par les intervenants : un juriste, un médecin et un représentant des forces de l’ordre, à ce débat.
Quant à la répression, une loi sur le contrôle des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs existe depuis 1997 à Madagascar ; le cannabis est concerné par cette loi. Le khat figure depuis 2003 sur la liste des stupéfiants d’origine naturelle, mais aucune loi ou mesure de contrôle n’a été stipulée par le Plan Directeur de Lutte contre la Drogue. Un projet d’arrêté de la Commission Interministérielle de coordination de la lutte contre la drogue sur le khat a été rédigé en 2005, mais jusqu’ici il n’y a pas eu de ratification.
Le Nord de Madagascar n’est pas seulement connu pour la production de khat, mais aussi de cannabis. Ces trois dernières années, plus de 121 000 pieds de cannabis ont été détruits par la gendarmerie de la compagnie territoriale d’Ambanja et Ambilobe, plus de deux tonnes saisis conduisant à 107 arrestations. La semaine dernière, 457 kg de cannabis ont été découverts par les gendarmes de Nosy Be à Ampasindava.
■ V.M

Commentaires   

+2 # Very_Jerry 20-03-2013 13:44
C'est fascinant de constater à quelle vitesse nous assimilons tout ce qui est mauvais de l'étranger. Dans le bilan de la mondialisation, le rapport entre l'assimilation d'acquis de développement aux l'assimilation d'acquis de régression est négatif chez nous: en résumé nous sommes plus aptes á apprendre le "fomba-ratsy" qu'à intégrer les nouvelles mentalités qui sont susceptibles de nous faire avancer au mieux.

Vous devez être connectés pour pouvoir écrire un commentaire

AV 4x4 Sportero L200

Pick-up mitsubishi l200 sportero

  • couleur blanche modèle 2005
  • première mise en circulation 2006
  • 131786km
  • visible à Diego Suarez

10000 euros

tel: 032 66 651 75

La Tribune de Diego en PDF

Télécharger La Tribune de Diego N°182 en PDF
N°182
Semaines du 12 au 25 avril 2017
Télécharger
La Une : Gendarmerie nationale DIANA : Restaurer la confiance pour endiguer la vindicte populaire
Le syndicalisme n’est pas qu’un mouvement de revendications
Les premières années de Diego Suarez - 1925-1930 : Diego Suarez, capitale de la contestation coloniale
Dossier : Athlétisme : « Nous pouvons faire mieux avec des soutiens financiers »
Cyber Diego Com
Normada.com, le site de référence du Nord de Madagascar
Office Régional du Tourisme de Diego Suarez
Agence de Presse de l'Océan Indien
 
© Cyber Diego Com 2005 - 2024