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Catégorie : Culture
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Cette année, l’école de musique Zomare qui accueille 275 élèves, fête ses dix ans.

Les instruments leur sont prêtés. Ils jouent le samedi, rue Pasteur.

Grandir avec son instrument
Le samedi matin, l’école primaire de la rue Pasteur émet un si joli volume sonore dans le quartier de Tsena qu’il n’y pas grand monde qui puisse ignorer l’existence de l’école de danse et de musique Zomare: le son des trompettes, des tubas, des saxo, des percussions, des guitares, des accordéons se font écho de salle en salle et s’élèvent parfois dans une joyeuse cacophonie. Chaque samedi, les élèves inscrits à l’école de l’association Zomare (Zomban’ny mosiky Antsiranana, la Réunion) se réunissent ainsi pour apprendre à jouer de la musique. Les instruments qu’ils utilisent sont les leurs; ou plutôt ils leur ont été prêtés pendant un an par l’école, contre une caution de la famille. Certains instruments sont la propriété temporaire de plusieurs élèves qui se les partagent. Ces instruments ont été généralement donnés par des amateurs de musique ou récupérés dans des fanfares militaires, tombées à l’abandon. « L’idée de base est d’aider les enfants pauvres à se donner un objectif et à s’éduquer par la musique », explique un membre fondateur de l’école, Victor Bahoaka. également ancien membre décoré de la fanfare de Diego. Cette idée généreuse qui a notamment donné naissance au célèbre Orchestre National de Caracas au Vénézuela, connait aujourd’hui un franc succès à Diego, ville musicale. «Cette année, nous avons dû refuser soixante élèves », assure Winda, la directrice de l’école, «l’école est de plus en plus connue, grâce à notre participation lors de la fête nationale ou de manifestations publiques en ville. Du coup le bruit se répand ». Il faut dire que l’inscription des élèves est gratuite! Mais attention: cette gratuité destinée à encourager tous les talents, - même ceux des plus pauvres-, n’est pas nécessairement suffisante pour faire venir les élèves...
«La musique est perçue comme une occasion de partage et d’ascension sociale», explique encore le fondateur de l’école. «Et la danse est apprise afin de donner aux élèves l’occasion de bien placer leurs corps pour jouer au mieux de leurs instruments», explique encore Winda.
Certains enfants sont débutants et se plient donc volontiers aux leçons des professeurs de Zomare, mais d’autres ont déjà appris à jouer d’un instrument et trouvent le solfège inutile. « C’est vrai que la tradition musicale malgache est orale et que la solfège est un outil qui apparait souvent insuffisant pour retranscrire la matière sonore malgache », explique encore Victor Bahoaka, qui a lui même tenté de transcrire le salegy en partition. Mais pour l’école Zomare le solfège est perçu comme un outil nécessaire à une meilleure compréhension de la musique malgache et aussi à sa transmission. «Les élèves doivent apprendre à s’entraîner» souligne un professeur, «car souvent ils pensent qu’il suffit de se mettre devant le public pour que la musique soit bonne!». Après 10 années d’existence, un anniversaire que l’école fêtera en mai, le bilan des activités de Zomare est plus que ‘chantant’.
Certains élèves ont aquis une réputation en ville. Grâce à des parrains issus de la Réunion ou d’Europe, mais a u s s i à l’aide de certaines entreprises, les instruments sont entretenus ou rénovés. «Chaque élève coûte 80 Euros par an, environ», chiffre Winda. Une somme qu’elle parvient à récolter grâce au concours de l’association Zomare La Réunion- Océan indien.
Mais désormais l’école veut voir son avenir en plus grand et surtout en plus permanent; depuis 4 ans, Zomare a trouvé un lieu pour fonder une académie de musique à Diégo.
Avis donc aux généreux donateurs: un terrain de 1200 m2 a été trouvé pour qu’un établissement soit construit et que les jeunes talents de la ville puissent s’exercer journellement!
Finengo M.

Visitez le site internet de Zomare : http://www.zomare.com