Chaque année des nouvelles promesses sont faites à propos de l’avenir de la SECREN, « fleuron industriel » du nord de Madagascar.
La Société d’Études, de Construction et de Réparation Navales célèbre cette année ses 40 ans. Les employés ainsi que les habitants de la région, conscients de ce que représente cette société pour le nord en terme d’emploi si elle fonctionne comme il se doit, se posent la même question : qu’en sera-t-il de l’avenir?
Chaque année des nouvelles promesses sont faites à propos de l’avenir de la SECREN, « fleuron industriel » du nord de Madagascar. Premier Ministre, ministres, secrétaire général de ministères déclarent que le redressement des sociétés d’État figure au Programme National de Développement et au Plan de Mise en Œuvre, mais jusqu’au 8 octobre, les observateurs ne savaient pas exactement en quoi consisterait ce « redressement » dans le cas précis de la SECREN. Le 8 octobre, le redressement financier a donc été réalisé par l’Assemblée Générale Extraordinaire des actionnaires à Antananarivo. Le capital social de la SECREN est passé de 400 millions d’ariary à 8 milliards 527 millions d’ariary. En outre, des réhabilitations ont été réalisées dans le bassin de radoub, les ouvriers-relèves sont formés grâce à la réouverture du centre de formation technique et du matériel a été récemment acquis. Des accords de partenariat ont été signés dont le contrat de partenariat avec la SOMIP (Société de Maintenance Industrielle et Portuaire) de La Réunion (domaine technique, commercial et de formation), et un protocole d’accord est en discussion avec la DCNS (ancienne Direction des Constructions Navales) dont le contenu n’a pas encore été dévoilé.
Le Secrétaire Général du ministère de l’industrie et du développement du secteur privé félicite cette persévérance de la société à faire face aux différents problèmes. Il a été annoncé que les discussions pour régler les impayés à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale pour la retraite se poursuivent. La Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique quant à elle a salué « l’engagement de tous les employés » et l’existence de ce plan de relance qui maintient la société débout. Le Directeur Général de la SECREN, Ntsay Abel, annonce l’existence d’un plan pour les quinze années à venir. « Une vision 2030 ». Le DG et son équipe qui se sentent rassurés suite à l’obtention de la certification ISO 9001 : 2008 du groupe AFNOR (Association Française de Normalisation). La SECREN s’est engagée depuis 2013 à adopter le système de management qualité (SMQ) qui a pour objectif la satisfaction des exigences de la clientèle, la satisfaction du personnel au travers d’une écoute des attentes des collaborateurs et collaboratrices ainsi qu’une culture d’entreprise responsable, la volonté de positionner la SECREN SA comme une société d’excellence dans la construction et la réparation navale… L’audit a été réalisé fin octobre et portait sur le management, les ressources humaines, le document du SMQ, l’administration, les finances et le juridique, l’hygiène, l’environnement, sécurité et sûreté…
Mais à écouter ce que disent des retraités de cette société, si la situation de la SECREN est en ce moment à ce point pitoyable c’est à cause de la mauvaise gestion, notamment le recrutement de « nombreux, trop nombreux cadres » dont l’utilité se justifie difficilement et qui imposent de lourdes charges pour les finances de l’entreprise. Par ailleurs, seuls quelques anciens dirigeants sont à même de dire où ont disparu une grande partie des recettes de cette société. Mais à chaque réunion pendant lesquelles ces questions sont évoquées, les accusations se portent sur le pouvoir central qui s’en serait accaparé dans le passé au détriment des employés et de l’évolution de la société.
Hery Rajaonarimampianina prône « Madagascar, Nation moderne et prospère », mais aujourd’hui la société lutte surtout pour ce redressement et cette relance. Si la relance se fait sans encombre, les dispositions de la loi 2014-014 relative aux sociétés commerciales à participation publique et ses textes d’application suffiront-ils à freiner la mauvaise gouvernance ? A l’heure actuelle, tout porte à croire que toute société à participation de l’État est condamnée à ne pas réussir. L’exposé des motifs dispose que « la séparation entre État puissance publique et État actionnaire doit être effective». Ainsi « aucun membre des institutions (Parlement et Gouvernement) ne doit faire partie du Conseil d’Administration de ces sociétés ». Cette loi impose aussi que « aucune autorité publique ne peut s’ingérer dans la gestion de ces sociétés».
■ V.M