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Catégorie : Economie
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Le port de Diego Suarez, rendez-vous des thoniers au début de l'automne australLe port de Diego Suarez, rendez-vous des thoniers au début de l'automne austral

Il suffit que trois ou quatre thoniers arrivent au port de Diego Suarez pour que les thons inondent les marchés locaux. Une manne financière pour les poissonniers et une solution aux problèmes d'alimentation pour les plus démunis

Vers 17 heures 30, une foule s'amasse aux alentours du port. Consommateurs et revendeurs attendent que les thons sortent du port, c'est durant ce mois de mars que les habitants de Diego Suarez consomment certainement le plus de thon.

La cohue des grands soirs à la sortie du port
La cohue des grands soirs
à la sortie du port
Etals de poissoniers à la sortie du port
Etals de poissoniers à la sortie du port
Déchargement du thon

Le thon est très apprécié par (presque) tout le monde ; si les habitants des régions environnantes envient Diego Suarez pour les thons qui en cette période (fin du mois de février, mars et avril) sont abondants, certains ici même commencent à se plaindre et refusent les « cadeaux de thon » que l'on leur offre. « Toute la ville empeste le thon », nous dit un père de famille, « tout le monde a du thon dans sa marmite, c'est l'odeur qui devient vraiment insupportable à la longue ».
Des centaines de kilos de poissons provenant de ces bateaux sont écoulées sur les marchés de Diego Suarez et même jusqu'à Ambanja. La vente se fait le plus souvent de manière informelle car ce sont les dockers qui les sortent du port. Lors du tri effectué par les dockers, les armateurs leur donnent les thons et les poissons qui ne sont pas conformes aux normes internationales (voire impropres à la consommation). Même si jusqu'ici des problèmes de santé liés directement à la consommation de ces thons n'ont pas été rapportés, la prudence est de mise car pendant le tri (de l'aube au soir) les thons non sélectionnés, non vidés, ont décongelé. A la sortie, les dockers les vendent à petit prix et il faut attendre le lendemain matin pour qu'ils soient revendus au bazary. Ceux qui ne sont pas vendus sont remis au congélateur. Même si les thons ont été conservés dans du sel, la décongélation-recongelation entraîne d'importants risques sanitaires.
L'albacore, thon jaune (à cause de la couleur de sa chair) ou Thunnus albacares est très apprécié par les Antsiranais. On le fait frire dans de l'huile en le macérant d'abord dans du gingembre et de l'ail avec du poivre et du curry ou on enlève les arêtes et on prépare une sauce avec des oignons et des tomates.

À savoir sur le thon

►118 calories dans 100 grammes de thon au naturel, 2g de lipides, 0g de glucides, 25g de protéines, 0g de fibres. Comme le poisson est riche en Omega 3 (acides gras), consommer du poisson réduit les maladies cardio-vasculaires. Cependant, il faut tenir compte du mode de cuisson car le fait de le frire par exemple annihilera ce bienfait.
►3% des prises mondiales, 52 000 tonnes de thon par an, sont réalisées dans les eaux malgaches, dans le Canal du Mozambique principalement. (Source CTOI ou Commission des Thons de l'Océan Indien).
►Dans l'état actuel de surpêche, le thon à l'état sauvage devrait disparaître complètement vers 2050. Les ressources des Océans Atlantique et Pacifique sont les plus menacées.
►Parmi les espèces marines commercialisées, les thons accumulent le plus de mercure et de composés organiques polluants. De 0,16 à 2,59 mg/kg (moyenne 1,18 mg/kg) chez le thon rouge et de 0,84 à 1,45 mg/kg (moyenne 1,17 mg/kg) chez le thon germon (Analyses d'Ifremer).
►L'élevage du thon pose une problématique sérieuse pour l'équilibre écologique puisqu'il faut quinze kilos de poissons sauvages (réduits en farine) pour nourrir un kilo de thon rouge.
■ V.M.