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Catégorie : Economie
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C'est sur les épaules du responsable du protocole, personnage mal connu, que repose la lourde charge de la réussite de ces cérémonies officielles qui émaillent la vie des institutions de la région

Ainsi, le Commissaire Divisionnaire de Police honoraire Kananaky Saïd déclare que « il vaut mieux ne pas endosser cette fonction si l'on ne peut pas faire preuve de compétence ». Et en citant Napoléon « Il n'y a de pire immoralité que d'exercer un métier qu'on ne connaît pas ».

L'expert formateur, M. Kananaky Saïd est un passionné de l'enseignement, Commissaire divisionnaire de police honoraire, ancien chargé du protocole au Ministère de l'Intérieur puis au Ministère de la Sécurité Publique et actuellement chargé de cours sur les pratiques protocolaires, savoir-vivre, bonnes manières et étiquettes en affaire à l'Institut National de Formation Administrative et à l'Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes. C'est à l'initiative du Vice-président du conseil Supérieur de la Transition d'Antsiranana, du Chef de Région, du membre du Congrès M. Abdallah qu'une quarantaine de participants ont pu bénéficier de quatre jours de formation sur « les pratiques protocolaires et le savoir-vivre ». Ces participants sont issus des établissements publics administratifs de la Région DIANA. De la Direction Provinciale de la Police Nationale, de la Justice, des Communes avec des représentants d'Ambilobe, d'Ambanja, de Nosy-Be, de la Direction Régionale de la Santé etc. Dans son allocution, Patrick Mounibou a expliqué que si l'on se tourne vers la source, ce sont la population et les autorités qui ont constaté qu'il y a un déficit protocolaire dans la DIANA. Et pendant 15 ans, M. Jaobotra, le Chef Protocole de la Région DIANA, a assumé seul cette fonction officiellement. C'est donc pour redresser ce déficit que ces plus de 40 personnes ont été formées du 10 au 14 septembre au Foyer Secren. Patrick Mounibou a donc insisté et exigé que ces nouveaux agents chargés du protocole travaillant dans la Région DIANA fassent preuve de compétence et d'efficacité.

La formation

Pendant 4 jours donc, le thème de la formation sur « les pratiques protocolaires et savoir-vivre » a été disséqué par le formateur Kananaky Saïd. Les cours théoriques ont été suivies de questions, d'échanges et de débats. Ces cours consistaient à connaître le service du protocole et les postes rattachés, les cérémonies et honneurs officiels, le protocole épistolaire, le protocole diplomatique dont les visites d'Etat, officielle, privée et l'escale technique, le protocole et cérémonial parlementaire, le savoir-vivre et les bonnes manières. Les questions ont été nombreuses puisque les participants ont voulu connaître les règles jusqu'aux détails.
La journée de jeudi et la cérémonie de clôture de la formation du vendredi 14 septembre ont été l'occasion de mettre ces connaissances en pratique.

Chargé du Protocole, un métier exigeant

Les 43 personnes formées aux pratiques protocolaires et savoir-vivre ont reçu lors de la cérémonie de clôture officielle leurs attestations. L'expert formateur a déclaré que 4 jours ne sont pas suffisants pour se former au métier de protocole, mais en la matière, il n'y a pas de connaissances absolues « c'est un début et une entrée à la matière, a-t-il avancé, il vous appartient de faire développer ce qui a été acquis lors de la formation et apprendre des autres : recevoir ce qui paraît recevable ». Avant d'énoncer la dure règle du protocole « l'erreur est à bannir » puisque le Chef du Protocole en tant que maître de cérémonie est le baromètre de crédibilité de l'institution. Le protocole est symbole de l'ordre au sein des institutions de la République.
Gaston de la Mairie d'Antanamitarana, après avoir obtenu son attestation de formation et après avoir mis en application ses connaissances en étant le chargé du protocole lors de la cérémonie de clôture de la formation, a soutenu « tout ce qui a été appris pendant ces quatre jours est absolument nécessaire surtout pour l'organisation et la tenue d'une cérémonie à la Mairie » et d'ajouter « je sais que tout le monde ne peut pas être content, certaines personnes peuvent même nous blâmer, mais comme le dit le formateur, le bon fonctionnement du protocole réside sur l'autonomie de ceux qui sont chargés de l'appliquer ».
Protocole et
« fotoan-gasy »
Durant ces 4 journées de formation, les séminaristes ont fait preuve de motivation et de détermination, mais quand arrive le moment de se mettre dans la situation, l'on note beaucoup d'hésitation et la peur de contrarier ses supérieurs hiérarchiques ou les autorités. Et la plus grande des préoccupations : comment corriger cette habitude du Malgache à ne pas arriver à l'heure ? Kananaky Saïd, l'expert formateur a lui-même avoué ne pas être parvenu à corriger les autorités qu'il a côtoyé et pourtant, « la ponctualité est l'art de l'homme moderne » indique-t-il.
D'inspiration française, le protocole malgache ne prend pas en compte les coutumes. Et cette « tradition » d'arriver en retard n'est donc pas à tolérer, puisqu'elle équivaut à un mépris des invités et de ceux qui arrivent à l'heure.
Le retard qui alourdit les cérémonies officielles malgaches ne concerne pas seulement l'arrivée des autorités, mais parfois l'organisation technique : des matériels installés tardivement, des chaises qui manquent, etc.

« Il faut alléger le protocole »
selon Kananaky Saïd

La mondialisation et le concept de développement rapide et durable nécessitent une révision voire un allégement des règles protocolaires. Même si celles-ci doivent rester conformes aux usages (dans leur aspect technique et/ou juridique), le protocole d'aujourd'hui doit être simple, pratique et donc rapide et efficace. Mais d'après les explications de Kananaky Saïd, le chargé de protocole ne doit en aucun cas « arranger les pratiques protocolaires officielles à sa convenance » puisque le protocole est « une science parfaitement ordonnée, codifiée, qui ne laisse place au caprice ni improvisation ni passion ni allégeance ni flagornerie ni obséquiosité ». Avant d'ajouter ironiquement « Trop d'honneur tue l'honneur ».
Le formateur a corrigé bon nombre d'erreurs, qui sont devenues des habitudes autant des autorités que des maîtres de cérémonies. Le chargé du protocole ne porte pas les bagages des autorités, il ne se charge ni de l'enregistrement ni du débarquement d'une VIP et n'exécute pas les formalités à l'aéroport... Quant aux formules, nul n'est « Excellence » chez soi, ainsi on décerne ce titre à un étranger de marque, en visite d'Etat ou officielle, tel qu'un Président de la République ou un Ambassadeur.
Après la DIANA, c'est dans le SAVA (Région Sambava, Antalaha, Vohémar, Andapa) que la formation est envisagée se poursuivre.
■ V.M