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La rivière Mananjeba dans le massif de l'Ankaranana
La rivière Mananjeba dans le massif de l'Ankaranana

Le Dr Poisson, vétérinaire à Diego-Suarez il ya cent ans, nous a fait visiter les alentours de Diego-Suarez. Il nous emmène aujourd’hui beaucoup plus loin, dans des régions qui, pour certaines sont devenus des lieux touristiques mais aussi dans des endroits quasiment inaccessibles qui recèlent des beautés méconnues

Guide des excursions dans le Nord de Madagascar
à l’usage des touristes, des fonctionnaires civils et militaires, etc.

Autres excursions nécessitant l’emploi de filanjana et de porteurs.

Ces excursions, les plus intéressantes à tous points de vue que l’on peut entreprendre sont assez dispendieuses ; elles nécessitent, pour chaque personne : 1° un filanjana, siège placé sur deux bâtons et porté à dos d’homme. Il faut huit porteurs (bourjanes), deux équipes de quatre par filanjana ; 2° des porteurs (ou bourjanes) de bagages (un homme pour vingt kilogrammes) ; 3° des vivres de réserve, car on trouve dans tous les villages du riz, des œufs et de la volaille, très rarement du pain sauf dans les centres importants. Il est intéressant d’emporter des biscuits ou du pain de troupe ; on peut en faire faire aux boulangers d’Antsirane avant le départ ; de même pour le vin. L’eau de source est très bonne ; s’abstenir de celle des lacs et des marais ; faire bouillir son eau ou la traiter par filtration et addition d’un cristal de permanganate de potasse par litre d’eau. A défaut de vin, boire le « voafotsy », thé malgache obtenu en faisant infuser la feuille d’un arbuste de la brousse (stomachique et antifébrile) ; 4° le camping, vaisselle de campagne, tente si possible, lit pliant et moustiquaire, couvertures pour la nuit.
1° Windsor-Castle.
- Peut se faire à pied avec un guide en partant de Cap Diego, pour un bon marcheur : 20 kilomètres, durée deux jours.
On peut partir par la chaloupe de cap Diego avec son matériel et ses porteurs, ou mieux, départ par bateau particulier (s’arranger avec la Société de Batelage) pour Andrakaka. Ensuite, on suit en filanzana le chemin du Col du Courrier jusqu’au village d’Andramaimbo. Après un court repos, on repart en montant le rocher jusqu’au pied de la falaise ; de là, un escalier conduit au rocher ruiniforme de Windsor où est installé le poste optique (395m). De ce point, on a une vue splendide sur toute la région, à l’ouest de la baie du Courrier, au sud l’archipel des Mitsio, devant soi les plateaux de Babaomby et d’Ankarafabe, puis, à l’est, la baie de Diego, Antsirane, le pays d’Ambre (30 km). Par la lunette du poste, vue du Cap d’Ambre, point extrême au nord de Madagascar. Retour par le plateau de Cap Diego.
2° Cap d’Ambre.
- (40 kilomètres : trois jours aller et retour au minimum).
Se rendre par la chaloupe à Vatomainty et, en suivant la côte aller jusqu’à Ankafarabe en filanjana ou mieux se rendre en chaloupe particulière à Ankafarabe. Traverser ce grand plateau où abondent d’immenses troupeaux de zébus. Vue de pitons rocheux curieux : la Caille (120m), la Dent du Cap (230m), Ampotoka (220m), le Coq (278m), la Poule (220m), la Table (230m).
Au cap d’Ambre, phare. Voir la mer presque toujours démontée (vue grandiose du grand Océan). Coucher au cap d’Ambre et retour par la côte ouest jusqu’à Cap-Diego.
3° Visite aux placers de l’Andavakoera.
- Par auto particulière, on peut faire le trajet aller-retour en deux jours. Un jour de visite, soit trois jours de voyage en totalité.
En pousse-pousse, quatre jours aller et quatre retour.
En autobus (le moyen le plus commode) se rendre à Marivorano et de là, en pousse-pousse à Betsieka, centre des placers (trajet : une journée). S’adresser à la Société des Mines d’or d’Andavakoera, 21 Place de la Madeleine, à Paris et à Betsieka, district autonome d’Ambilobe.
De Marivorano, on prend la route des mines jusqu’à Ambodimanga où on franchit le Mananjeba pour la deuxième fois, puis on se rend à Ranomafana, premier poste des placers et, de là, par voie ferrée Decauville à Betsieka (restaurant et hôtel).
Voir l’usine où se travaille le minerai à Betsieka, le puits de Beresiky, les postes d’Andavakoera, Andimakomby, etc. De Betsieka, l’on voit la plupart des grands pics dépendant du Tsaratanana, point culminant de Madagascar (2880m) tels que le Besofo, l’Andrabary, etc. (A voir, à côté de Betsieka une source d’eau chaude séléniteuse à 70°).
Très belle excursion qui fait visiter au voyageur toute la route des Placers et lui permet de contempler de beaux reliefs : toute la montagne des Français en sortant d’Antsirane, du kilomètre 6 au kilomètre 20, les reliefs du massif d’Ambre (de Sadjoavato à Anivorano), le début de la chaîne de l’Ankara, les massifs, après Marivorano, de l’Ambohipiraka, du Leviky et de l’Ankonokono (Ambilobe), toute la chaîne d’Andavakoera, les belles vallées du Rodo, de la Tsarahena, de la Beanamala, etc. (Facile à faire grâce aux autobus et peu fatigante.)
4° Visite des grottes de l’Ankara.
- Se rendre à Ambilobe, puis, de là, en filanjana par Antsaravibe, arriver jusqu’à la muraille calcaire que l’on côtoiera. Visiter les grottes d’entrée et de sortie de la Mananjeba, les grottes de la rivière Ankara.
La visite de cette région (sacrée pour les Antankara) demande quatre ou cinq jours d’Ambilobe, c’est-à-dire une semaine d’absence de Diego. Elle est des plus curieuses : qu’on s’imagine, au milieu d’une plaine, une muraille longue de 50km environ et d’altitude moyenne de 200m, calcaire, fissurée et découpée de mille manières, recouverte d’une végétation étrange, lianoïde, à plantes sans feuilles ou à arbres implantés dans le roc. De ci de là, des sortes de portes monumentales sont ménagées dans cette barrière rocheuse. Les rivières de la région l’ont ravinée à la base par endroits et l’ont franchie sous des grottes des plus pittoresques où abondent les caïmans. Il y a là un pays bizarre vraiment digne d’être vu et admiré pour son étrangeté même.
5° Visite aux grandes chutes de la Mahavavy
.- Cette dernière excursion est un véritable voyage d’au moins dix jours dans la brousse ; outre qu’elle est fort dispendieuse, elle est assez fatigante, mais elle s’adresse aux admirateurs de la nature sauvage, à ceux qui aiment les vastes étendues, les montagnes dénudées, les sentiers à pic. Ce serait sortir du cadre de ce modeste guide que de vouloir en indiquer les sauvages beautés et les paysages sévères, parfois, que l’on y rencontre. Je me bornerai à en indiquer les principales étapes.
Trajet : 200 kilomètres dans le district d’Ambilobe, huit à neuf jours, exclusivement en filanjana, soit, de Diégo, 350 kilomètres.
1er jour : Départ d’Ambilobe. Déjeuner au kilomètre 16 où on laisse à droite la route Anjamangira. Diner et coucher à Antanimandry. Route plate, brousse à satra (palmier épineux). Après avoir traversé en pirogue la Mahavavy, Antanimandry : belles cultures de cocotiers, d’ananas.
2e jour : Antanimandry. Départ. Déjeuner à Ankiabe, dîner et coucher à Anaborano. Route très intéressante en partie en forêt tropicale avec beaux ravinala (arbres du voyageur, caractéristique de Madagascar, à grandes feuilles en éventail). Route montagneuse dans la chaîne de l’Antsakay : du col où passe la route, on a un panorama magnifique sur la forêt et la mer ; vue de Nossi-Be. En plaine, belle vallée de l’Ifady. Anaborano, sur l’Ifady (commerçants grecs bien assortis, bon gîte d’étape).
3e jour : Visite des environs d’Anaborano. Si l’on veut prolonger son séjour, on peut faire des excursions en montagne. Ascension du Galoko, du Kalebenono. C’est également à Anaborano que prend la route d’Ambanja qui conduit au Sambirano (l’une des plus riches contrées de Madagascar, la « Beauce du Nord » au point de vue agricole). Trajet : trois ou quatre jours. Visite des rives de l’Ifady. Départ après déjeuner, coucher à Abendrano par Antarevoka. Le trajet s’effectue en partie dans le terrain montagneux (17km).
4e jour : Départ d’Abendrano. Déjeuner à Ambilobe, au sud, dîner et coucher à Manambato (33km). Trajet exclusivement en montagne. On traverse des reliefs granitiques très accusés, un pays des plus accidentés et d’aspect sauvage avec de grands pics à arêtes abruptes (Antsingafary, Marivorano, Ampiotro (1705m) au pied duquel est bâti Manambato). Dans le village, il y a de bonnes ressources (pêche dans le Manambato) et un bon gîte d’étape.
5e jour : De Manambato aux grandes chutes de la Mahavavy. Le fleuve se précipite dans un gouffre de 70m de profondeur entre les deux montagnes Zarandahy et Zarambavy (aller
et retour 20km.) la vue de ces chutes et des montagnes qui les entourent est un magnifique spectacle ; on oublie ses fatigues en face de cette nature grandiose.
6e jour : On revient à Ambilobe en longeant la Mahavavy rive gauche. Je dois dire qu’après les spectacles émouvants de la montagne, le trajet en pays plutôt désertique paraît assez banal ; il y a cependant encore de jolis coins – Manambato. Départ. Déjeuner à Ambilobe-sud puis on prend la route de Bemofo où l’on dîne et couche, peu de ressources, comme, du reste ; les jours suivants (30km).
7e jour : Bemofo. Départ. Déjeuner, dîner et coucher à Ambondrolo (26km).
8e jour : Départ d’Ambondrolo. Arrivée à Ambilobe pour déjeuner (belle route en partie en forêt) et retour par auto à Diego.

Conclusions

Nous ne citerons pas ici toutes les conclusions ajoutées à son petit guide par le Dr Poisson.
Pour beaucoup de ses remarques, les choses n’ont pas fondamentalement changé. Il rappelle que la province de Vohemar est une « petite Suisse » et qu’il y a de belles randonnées à faire dans la région de Nossi-Be pendant la saison sèche.
Evidemment, les moyens de locomotion ne sont plus vraiment les mêmes : nous serions indignés de nous promener en pousse-pousse ou en filanjana (sorte de chaise à porteur dont Poisson dit qu’il s’agit « d’un moyen sûr de communication mais très lent » !) Rappelons cependant qu’il s’agissait d’un moyen de locomotion traditionnel employé aussi bien par les malgaches aisés que par les « vazahas ». Mais on reste admiratifs devant le courage et la force des « bourjanes » capables de faire des centaines de kms – en se relayant bien sûr- en tirant ou en portant des passagers et des bagages !
Poisson note également que « le climat tropical abîme les routes » …ce que, hélas, nous constatons tous les jours.
Cependant le guide du Dr Poisson, outre son intérêt historique, témoigne d’un véritable amour pour la terre malgache « Elle a son pittoresque et son charme, cette vie malgache, à ce point que lorsqu’on a vécu dans ce pays, on l’aime …et on y laisse une partie de soi-même, on voudrait que ceux qui ne l’ont pas vu le connaissent et l’apprécient à leur tour ».
Espérons que ceux qui auront lu ce texte l’apprécieront également et qu’ils essaieront de retrouver les chemins parfois perdus qui conduisent à ces lieux magnifiques qui méritent les difficultés que l’on a à y accéder.
■ Suzanne Reutt

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N°182
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