Imprimer
Catégorie : Société
Publication :
Station de traitement d'eau de la JIRAMA Antsiranana
Station de traitement d'eau de la JIRAMA Antsiranana

Après la pluie, les Antsiranais s’aperçoivent que l’eau du robinet est trouble, parfois même boueuse. Le service « Exploitation eau » de la JIRAMA l’explique par les effets de l’érosion et d’un volume d’eau qui ne passe pas par la décantation et le filtrage de la station de traitement du PK7. Le chef du service soutient que l’eau est malgré ça correctement stérilisée

Le traitement de l’eau passe par trois étapes du captage, dans la montagne d’Ambre, jusqu’à la station d’épuration au PK7. Jaotombo, chef du service exploitation eau de la JIRAMA Antsiranana avance que les infrastructures de Besokatra ont été installées en 1961. Depuis, le nombre d’habitants a triplé et le besoin en eau potable a augmenté.
Il n’y a plus de forêt entourant le bassin versant où se trouve le captage. En période de pluie, le sol est érodé et verse la boue, les pierres et autres déchets dans le barrage. Lors de la phase de pré traitement, deux agents doivent s’assurer que ces matières ne bloquent pas la conduite lorsque l’eau s’y engage. Cette étape permet de retirer de l’eau les déchets insolubles par le tamisage. Si la conduite est bouchée, les deux agents doivent enlever manuellement les déchets. En forte marrée, ils doivent plonger jusqu’à 2m de profondeur. Lorsque le problème survient la nuit, ils doivent attendre qu’il fasse jour pour effectuer l’opération.
L’eau suit la conduite d’adduction, constituée de deux canaux de 2,40 mètres de diamètre et de 25 km de longueur, jusqu’à la station de traitement (RN6-PK7). L’eau arrive à la station de traitement PK7 et passe par deux étapes avant d’être stérilisée et propre à la consommation. Dans la première phase qu’est la décantation, l’eau et la boue sont séparées par administration de sulfate d’alumine (la solution entraine les impuretés et ainsi clarifie l’eau). L’eau clarifiée par ce traitement chimique est ensuite filtrée. L’infrastructure de filtrage comporte huit compartiments, le filtre étant constitué de sable, de gravillon et de tubulure. Pour que la potabilité de l’eau soit assurée, il faut que la vitesse de filtrage soit limitée à 750m3 par heure. Or selon le chef de service, elle atteint les 850m3 par heure actuellement. Le volume d’eau à filtrer augmente, le filtrage se fait donc plus rapidement. Le chef du service « Exploitation eau » de la JIRAMA soutient que le processus est accéléré pour le besoin de la population. La station de traitement du PK7 a été construite en 1925. Une extension a été réalisée en 1989, mais ne concernait pas les compartiments de filtrage. La capacité d’ouvrage est de 16 000 m3 par jour. A cause de la vétusté des installations, cette capacité est maintenant de 12 000m3 or le besoin des Antsiranais est de 22 000m3 par jour. Pour combler cette lacune, un by pass avec station de traitement à Antanamitarana a été créé. Il n’y a pas de décantation ni de filtrage, l’eau provenant du dégrilleur de Besokatra y est directement stérilisée (par ajout d’hypochlorite de calcium) et stockée dans les réservoirs. C’est à cause de ce procédé que l’eau du robinet est boueuse. « Dès qu’il y a une crue (à cause de la pluie), il faut interrompre l’arrivée d’eau car elle entraine de la boue. C’est par expérience que nous savons que c’est le moment de fermer les vannes. La JIRAMA ne dispose pas de technologie pour détecter les crues et interrompre automatiquement l’arrivée d’eau» explique le responsable de la production d’eau Saïd Kohainy Bin Mohamed. Il arrive donc que la crue se produise dans la nuit sans que les agents de barrage ne s’en aperçoivent. L’eau avec la boue, arrive jusqu’à la stérilisation de la station de traitement d’Antanamitarana, passe par la conduite et y dépose de la vase. Même des jours suivant la pluie et la grande crue, l’eau du robinet est toujours trouble car chaque nouvelle arrivée d’eau entraine avec elle la boue déposée dans la conduite.
Dans les deux cas (avec ou sans filtrage), l’eau passe par les bâches de reprise (Antanamitarana et PK7) où elle est stérilisée avec de l’hypochlorite de calcium de 2 mg par litre. L’hypochlorite de calcium élimine les virus, les champignons, les bactéries…

Solution…

En 2002, en guise de solution face aux difficultés engendrées par cette demande d’eau croissante, le branchement d’eau aux foyers d’Antsiranana a été suspendu. Il a été repris en 2008 car priver les usagers d’eau est loin d’être une solution. La recherche de financement a alors débuté d’autant plus qu’une étude a été réalisée pour résoudre le problème et afin d’étendre le réseau de distribution aux autres quartiers de Diego Suarez et des communes rurales voisines. Toutefois, cette question de financement est suspendue car la crise est survenue, bloquant le processus. Actuellement, l’espoir repose sur le projet PIC 2 (Pôles Intégrés de Croissance). Des consultants du PIC 2 étaient à Antsiranana au même moment où la ministre de l’Eau était à Antsiranana en septembre 2014. Le dossier déjà constitué a été consulté et une révision apportée sur l’extension et l’amélioration de l’adduction d’eau potable. En une année, près de mille ménages antsiranais effectuent une demande à la JIRAMA pour un branchement d’eau. 200 demandes seulement sont satisfaites. La JIRAMA est soumise à des contraintes matérielles : les matériels sont demandés au siège de la société à Antananarivo, l’achat y est également effectué d’où le retard de leur arrivée à Antsiranana(parfois même les matériels manquent). De plus, la plupart des demandeurs n’arrivent pas à prendre en charge les coûts du branchement, surtout lorsque le lieu de résidence est loin de la ville.

Le traitement de l’eau
Schéma de l'approvisionnement en eau de la ville d'Antsiranana Légende de l'image
1. Décantation

1. Décantation

Les particules se déposent sous l’effet de la gravité

2. filtration

2. filtration

L’eau est débarrassée des fines particules en passant à travers du sables et des graves.

3. désinfection

3. désinfection

L’ajout d’hypochlorite de calcium, Ca(ClO)2, élimine les virus, les champignons, les bactéries…

■ V.M