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Mama Rahary, mère célibataire, est lavandière et vendeuse de poisson
Mama Rahary, mère célibataire, est lavandière et vendeuse de poisson

Mama Rahary, mère célibataire, est lavandière et vendeuse de poisson : c’est avec ces deux métiers combinés qu’elle nourrit et assure l’éducation de ses trois enfants qu’elle a eu de deux maris différents. Rencontre

LTdS : Depuis quand êtes-vous à Antsiranana ? Avez-vous de la famille ici ?
Mama Rahary :
Aussi loin qu’il me souvienne, j’ai toujours habité dans cette ville. Mes parents sont originaires de Fianarantsoa, mais le commerce ambulant les ayant amenés ici, ils ne sont plus repartis. J’ai un grand frère qui a établi un commerce ici, et mes deux sœurs sont parties à Ambanja.

LTdS : Etes-vous vous-même mariée ? Avez-vous des enfants ?
Mama Rahary :
Mariée, je l’ai été, mais hélas, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Comme on dit à Antsiranana, « Vady vaon’olo, Vady kain-tegna », (littéralement : « ton ex-mari c’est le nouveau mari d’une autre femme »). Mon mari a trouvé plus jeune et plus belle, et ses escapades de week-end sont devenues quotidiennes pour finalement devenir permanentes. Il est parti avec une lycéenne de 19 ans, me laissant seule avec nos deux enfants. Après quatre ans, j’ai également eu un enfant avec un marin espagnol de passage dans la ville, lors d’une mission humanitaire. Il me promettait l’eldorado... que de paroles en l’air !

LTdS : Est-ce que vos enfants vont encore à l’école ?
Mama Rahary :
Oui, l’ainé va passer son bacc cette année, tandis que le second est en seconde. Mon troisième enfant et unique fille est encore en cinquième.

LTdS : Etant mère célibataire, comment assurez-vous la subsistance de votre famille ?
Mama Rahary :
En travaillant durement. Je me réveille à cinq heures du matin pour aller puiser de l’eau avec mes six bidons en plastique, et ensuite, je vais récupérer le linge à lessiver de mes familles clientes. Je leur fait leur lessive à des journées différentes de la semaine, moyennant trente mille ariary par mois, et les neuf familles dont j’assure la lessive me rapportent assez pour nos besoins de base et les écolages de mes enfants. Et puis, comme nous habitons du côté de la Dordogne, j’ai pu établir un partenariat avec certains pêcheurs du quartier qui me vendent leur poisson en gros à leur retour de la pêche en fin d’après midi. Ces poissons, je les livre ensuite à un certain nombre de restaurants avant la nuit car je n’ai pas de réfrigérateur à la maison (j’en loue le service à une voisine, au besoin, mais c’est rare). Sinon, les poissons non vendus, je les fais frire, pour les vendre par petits morceaux de mille à mille cinq cent Ariarys la pièce aux bars et bistrots du quartier.

LTdS : Vous gagnez bien votre vie alors ?
Mama Rahary :
La vie, à mon avis, on ne la gagne jamais assez bien sinon les milliardaires auraient déjà arrêté de travailler. Mais en tout cas, ma petite famille a le minimum nécessaire à une famille Malagasy moyenne - moins le réfrigérateur, car celui que nous avions a été court-circuité par la JIRAMA et ses coupures intempestives.

LTdS : Et comment vos enfants vivent ils cette situation ?
Mama Rahary :
Mes enfants, grâce à dieu, me respectent assez pour ne pas me rendre la vie impossible. Souvent , ce sont mes deux fils qui m’aident justement à ramener les bidons d’eau pour la lessive ; la petite cuisinant pour nous pendant ce temps. Ce n’est pas systématique, parce que c’est à moi de subvenir aux besoins de mes enfants, et non l’inverse. Je souhaite qu’ils aient un avenir meilleur que leur vie actuelle.

LTdS : Et au niveau scolaire, comment comptez-vous orienter vos enfants ?
Mama Rahary :
Je ne les influencerai aucunement quant à leur futurs choix de carrière. J’ai tout fait pour leur offrir la meilleure éducation, en les inscrivant dans des écoles privées que j’estime avoir des bons principes d’éducation et des taux de réussite optimum aux examens officiels. Ce qui m’importe c’est que mes enfants soient plus que de simples fils et fille de lavandière ; qu’ils deviennent des personnes respectables et respectées au sein de la société et surtout, qu’ils ne fassent pas les mêmes erreurs que moi. Je voudrais juste que la sueur que j’ai versé et les nuits blanches que j’ai passées amènent plus de lumière et de succès dans la vie de mes enfants que dans la mienne (En terme de confort et de réussite, bien sûr, car pour moi, mes enfants sont déjà plus belle réussite et ma plus grande fierté)

LTdS : Si vous pouviez changer quelque chose dans votre vie, ce serait quoi ?
Mama Rahary :
Grâce l’existence de mes enfants, j’aime bien ma vie actuelle et je ne l’échangerai contre quoi que ce soit pour rien au monde. Si je pouvais changer quelque chose, je crois que je n’aurais pas abandonné mes études aussi tôt. J’ai quitté l’école en classe de quatrième parce que je pensais qu’être belle suffisait à faire vivre une femme comme une reine. Je ne permettrai pas à mes enfants d’avoir un jugement aussi…, et c’est pourquoi j’attache beaucoup d’importance à communiquer avec eux pour leur éviter ce genre d’erreur et afin de fonder ensemble une base solide pour notre famille. Je sais que mes enfants seront autre chose de meilleurs que ce que j’ai été jusque-là.

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