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Femmes de Nosy Be tirant un filet de maramboatra
Femmes de Nosy Be tirant un filet de maramboatra

Tous les ans avec le retour de la saison des pluies reviennent à Nosy Be des bancs de tous petits poissons succulents, les « mambaroatra », qui occasionnent des pêches miraculeuses pour ceux qui les attendent

Tous les ans, aux mois de janvier et février apparait sur les plages de Nosy Be une pêche originale appelée par les locaux pêche « aux Mambaroatra ». De tout petits poissons plats, sortes d'alevins aux dos bleuâtres se retrouvent en grand nombre au bord des côtes de Nosy Be. Ce moment est attendu avec impatience par les habitants qui, le moment venu, occupent les plages de Madirokely, Ambatoloaka et Ambondrona. Nous nous sommes rendus sur les lieux de pêche pour observer cette pratique et peut être comprendre les origines de ce phénomène.

les « Mambaroatra » de Nosy Be

Si les conditions météorologiques sont favorables (vent de mer et de fortes pluies observées la veille sur la région), il est fort probable qu'en janvier/février le bouche à oreille fonctionne sur la côte ouest de Nosy Be et que, dès 6 heures du matin, se retrouvent sur les plages femmes et enfants munis de moustiquaires et de Lambas. « Parce qu'ils aiment ça » me confie le père d'une jeune femme venue pêcher. Femmes et enfants ne rechignent pas à venir de bonne heure et se lancer à l'assaut des vagues. A l'aide de leurs filets de fortune, ils s'enfoncent alors jusqu'au cou dans la mer pour ratisser à bout de bras comme des chalutiers l'accumulations de rejets végétaux flottants à la surface de l'eau. Cinq minutes suffisent à ces pêcheurs pour piéger dans leurs « filets », algues et débris végétaux où se cachent des petits poissons. Reste alors aux pêcheurs à ramener le fruit de leur travail sur le sable où des enfants mais aussi des femmes plus âgées les attendent pour fouiller. La participation de tous ces regards avertis et de toutes ces petites mains expertes permet de passer rapidement au crible le butin. Des petits poissons de diverses espèces sont soigneusement gardés dans un seau pouvant contenir 500gr à 1 kg de Mambaroatras. Au bout de deux à trois heures, le seau contient suffisamment de poissons pour passer à la préparation du déjeuner (en friture ou en accompagnement du romazava). Seules les grandes pêches permettent d'en revendre sur le marché, les prix allant de 500 à 1 000 Ariary le kapoaka (boite de lait concentré qui sert d'unité de mesure) contenant les précieux mambaraotra.
Cette pêche peut également se pratiquer l'après midi vers 14h. Cependant nombre de pêcheurs préfèrent venir le matin car disent-ils « l'après midi les grosses vagues nous cassent le dos »

D'où viennent les mambaroatra ?

Tout d'abord, il est assez difficile d'obtenir une véritable traduction du mot « mambaraotra ». Nous pouvons retenir l'explication poétique d'un vieux pêcheur de Dar- Es-Salam pour qui le terme « Raotra » signifie « celui qui est curieux ». De la même manière, le mambaroatra va de curiosité en curiosité en se cachant sous les algues de surface pour se protéger des prédateurs. « On ne sait jamais où se déplace le banc de petits poissons qui change rapidement de place » selon ce pêcheur. Selon un autre pêcheur : « le mamba » c'est celui qui passe « roatra » de l'autre côté. En effet, ces poissons sont de la famille des espèces euryhalines, c'est à dire qu'ils supportent des variations de salinité de l'eau. Les pêcheurs de Nosy Be confirment que ces poissons proviennent de la rivière Sambirano située à Ambanja qui, pendant les fortes pluies, rejette en grand nombre débris végétaux et algues. Les alevins de poissons d'eau douce sont alors entrainés au large par le courant des rivières, puis par le courant marin qui les pousse vers Nosy Be. Ils passent comme nous le dit ce pêcheur de « l'autre côté », c'est à dire d'un milieu en eau douce à un milieu en eau salée. Si le vent est assez fort, les vagues finissent par entrainer sur les plages de Madirokely, Ambatoloaka et Ambondrona, tous les débris végétaux où se cachent les alevins.

les « Mambaroatra » de Nosy Be

Un phénomène équivalent à La Réunion : les Bichiques (l'or gris)

Provenant du malgache « bitsika » qui signifie « petit », le bichique (Sicyopterus lagocephalus) est une espèce de poisson de la famille des Gobiidés que l'on trouve dans les eaux tropicales de l'Afrique de l'est à la Polynésie. Les bichiques sont pêchés durant l'été austral dans toute l'île de La Réunion, plus particulièrement sur la côte est, avec des vouves ( du malgache « vova », nasse en osier). Après avoir pondu en amont des rivières, le bichique voit ses œufs emportés par le courant jusqu'à l'océan. Les alevins ne se mettent à remonter les cours d'eau qu'en été. Véritable patrimoine culinaire de La Réunion, les bichiques sont revendus entre 40 et 50 euros le kilogramme, ce qui fait de lui le caviar de La Réunion. Le cari bichique est une spécialité réunionnaise très appréciée et recherchée.

Une culture insulaire

Que ce soit « le manbaraotra » de Madagascar ou que ce soit « le bichique » de La Réunion, ces pêches sont typiquement insulaires. Chaque île lui donne un nom différent et utilise ses techniques propres, mais le principe reste le même : récolter la mâne offerte par les rivières pendant la saison des pluies.
■ C.B.

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