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Catégorie : Actualité
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Les mosquées d'Antsiranana connaissent une forte affluence durant le Ramadan
Les mosquées d'Antsiranana connaissent une forte affluence durant le Ramadan

Malgré le ramadan qui a débuté le 10 juillet, l'insécurité à Antsiranana ne connait pas de trève. Les patrouilles mobiles de l'Emmo-sécurité ne cessent plus dans les quartiers désormais qualifiés de zones rouges, mais rien n'y fait, les agressions, vols et incivilités se poursuivent

Alors qu'on observe habituellement une période de calme pendant le mois sacré du Ramadan, il semble cette année que les délinquants, manifestement non-croyants, ne respectent même plus cette période respectée par la majorité de la population antsiranaise

Mois du ramadan

C'est le 10 juillet, que le mois de Ramadan 2013-1434 a débuté, avec les millions de musulmans à travers le monde, les plus de 76 000 fidèles d'Antsiranana pratiqueront le jeûne du lever au coucher du soleil. L'Aïd el- Fitr, la fin du mois de ramadan sera le 8 août. Le Ramadan, quatrième pilier de l'Islam, est le mois propice à l'élévation spirituelle, un moment de recueillement et d'introspection. On observe généralement une trève dans l'insécurité pendant cette période mais il semble que cette année se ne soit pas le cas. Pourtant, pendant toute la journée du jeûne, il est interdit au fidèle de boire et de manger, la colère divine s'abat sur celui ou celle qui mange et boit encore. L'erreur est pardonnée si le croyant a mangé accidentellement c'est-à-dire en oubliant qu'il était en jeûne. A Diego Suarez, la rupture du jeûne en début de soirée est un moment très convivial. Les femmes préparent le repas constitué de plats très variés et très nutritifs : des beignets, des mets au lait de coco, au poisson… Beaucoup n'hésitent pas à offrir quelques plats aux amis et voisins même non-musulmans, une occasion pour ceux-ci de goûter à des spécialités qui sortent de l'ordinaire. Mais le ramadan ne consiste pas uniquement en une abstinence alimentaire, les rapports sexuels sont aussi interdits pendant la journée de jeûne. Fumer est répréhensible chez les musulmans, mais il est totalement interdit durant le mois du ramadan. Seules les personnes diabétiques, cardiaques ou trop âgées et les femmes enceintes sont exemptées de jeûne. La violation des interdits annule le jeûne, le fautif doit effectuer des jours consécutifs d'abstinence et se repentir sincèrement. Dans la ville d'Antsiranana, on constate subitement un changement d'habillement, les jeunes femmes que l'on ne savait pas musulmanes au quotidien abandonnent jupes courtes, pantalons moulants et décolleté pour mettre des vêtements amples et des voiles. Les hommes se vêtent de leurs djellaba et mettent leurs chapeaux. Les femmes sont de plus encouragées à rester dans leur état naturel (pas de crème, maquillage et rouge à lèvre). Les pratiquants s'abstiennent par ailleurs de toute querelle et dispute qui donnent de mauvaises pensées. Les prières se font: à l'aube pour le Fajr soit à 5h et 2 ou 3 mn, à midi pour le Zuhr, dans l'après-midi pour Asr, et le Maghrib se fait avec le coucher du soleil et Isha la nuit, variant de 18h34 mn à 18h37 mn. Des mosquées haussent le volume de leurs haut-parleurs en cette période pour l'appel à la prière.Multiplication des agressions. Après les fréquentes attaques et vols à la tire que beaucoup de malheureux habitants de Diego Suarez ont subie ces dernières semaines, la situation semble ne pas devoir s'améliorer. Un climat de crainte s'installe. En effet, pas plus tard que jeudi encore, ainsi que le soir du vendredi, des lycéennes rentrant de cours du soir afin de bien préparer leur examen du baccalauréat ont été agressées à Soafeno, à quelques mètres des bureaux du BIANCO. Les agresseurs, environ une quinzaine de jeunes, étaient armés de pierres et de couteaux. Deux des jeunes filles se sont vues délestées de leurs cartables et leurs téléphones avant de réussir à s'enfuir. Une troisième s'est fortement débattue, pour ensuite se dégager sans être poursuivie car par chance des véhicules qui arrivaient ont mis en fuite les agresseurs. Les jeunes filles ont ensuite pu atteindre l'épicerie du coin qui était encore ouverte. Le propriétaire de l'épicerie a arrêté des taxis pour accompagner les jeunes filles chez elles, tandis que celle qui habitait le plus près du lieu d'agressions a été raccompagnée par son grand frère qui rentrait de son travail et passait par là par hasard… Maintenant, la peur au ventre, ces jeunes filles et leurs familles sont face à un dilemme : continuer les cours du soir en courant le risque de se voir de nouveau agressées, ou laisser tomber les cours qui leurs sont indispensables, à quelques semaines du baccalauréat ?

Couvre-feu de fait et désertification des quartiers « chauds »

Les habitants des quartiers du sud de la ville n'osent plus rentrer chez eux après 20h. Les ruelles un peu sombres sont hantées par les voleurs et les agresseurs. Il en est ainsi de la rue des Sakalava ou des ruelles poussiéreuses de Morafeno, de Mahatsinjo, de la Cité ouvrière, etc. Pour Lazaret sud, les habitants ont essayé de trouver ensemble, samedi 20 juillet, des solutions pour que cessent les agressions dans leur quartier. Les avis émis lors de cette réunion rappelaient ceux déjà entendus à maintes reprises lors des rencontres de ce type de niveau communal et régional. « Les enfants de notre quartier censés nous protéger n'hésitent pas à nous attaquer aux coins des rues », s'indigne Rameloson Jean-Pierre, le chef fokontany. Tous les participants à cette réunion en ont convenu, le principal problème est que les parents ne laissent pas les forces de l'ordre exercer leur autorité sur les jeunes délinquants. L'adjointe du chef fokontany a résumé ainsi cette situation commune à presque tous les quartiers : « alors que les plaintes contre ces jeunes sont déposées, leurs parents viennent supplier le chef fokontany pour qu'elles soient retirées ». Il faut bien admettre également que dans la ville d'Antsiranana, ainsi que partout à Madagascar, les policiers sont en sous-effectif chronique. Ils ne sont en effet que 8 000 au total pour une population de 20 millions d'habitants. Le ministre de la Sécurité intérieure, Arsène Rakotondrazaka, déplore cette situation : « au vu de l'insécurité qui fait rage actuellement, il faut mettre en place des commissariats de police dans plusieurs régions. Cependant, le nombre de recrues est limité faute de ligne budgétaire disponible ». Pour l'instant et dans l'attente d'une solution durable, les activités économiques de la ville tournent au ralenti. Les entreprises dont la plupart agissent au plus près de la population ferment le plus tôt possible. Les secteurs dont les activités nécessitent des déplacements nocturnes renoncent purement et simplement. Des familles entières réorganisent leur mode de vie en fonction des quartiers où elles habitent, et s'ils le pouvaient, quitteraient ces quartiers désormais mal famés. Cela se ressent sur les loyers, qui dégringolent dans les quartiers « chauds » et atteignent des sommets en centre ville. Dans l'immédiat, tous s'accordent pour dire que le minimum pour tenter de remédier à cette situation serait qu'au moins les coins sombres de la ville soient éclairés par la Commune Urbaine de Diego Suarez, les ampoules d'éclairages publics défectueux remplacées, et les patrouilles des forces de l'ordre renforcées. 

■ Luis.K & V.M