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Catégorie : Actualité
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Piquet de sécurité devant le commissariat central d'Antsiranana
Piquet de sécurité devant le commissariat central d'Antsiranana

La découverte du cadavre atrocement mutilé d’une fillette disparue depuis six jours entraine la propagation de toutes sortes de rumeurs qui font craindre aux autorités locales le développement de manifestations similaires aux tristes événements du mois d’octobre à Nosy Be

Mercredi 8 janvier vers midi, un attroupement s’est formé devant le commissariat central suite à la rumeur que la police aurait arrêté un kidnappeur. L’on parlait déjà de justice populaire. Au commissariat, on nous explique que c’est d’un autre cas que la police s’occupe et non d’un kidnappeur. La journée d’hier s’est donc terminée sans encombre.

A Antsiranana, des bruits courent quant à l'existence d'individus (un homme, une femme et un autre de nationalité étrangère), qui enlèveraient des enfants. Les rumeurs se ressemblent : les kidnappeurs soudoient les enfants avec des bonbons ou de l'argent, puis ils les emmènent à bord d'un 4x4. La panique atteint chaque foyer surtout dans le quartier de la SCAMA où une petite fille de six ans a disparu le 20 décembre, son corps, en état de décomposition avancée a été retrouvé le 26 décembre dans un endroit isolé, plein de végétation, mais dans le même quartier. Depuis l'on parle de nombreuses disparitions d'enfants surtout dans le quartier SCAMA. Mais la Police des Mœurs et de la Protection des Mineurs qui centralisent les déclarations de disparition d'enfant à Antsiranana n'ont reçu que deux déclarations durant la première semaine du mois de janvier et les enfants ont été retrouvés. Néanmoins, les forces de l'ordre ne prennent pas cette affaire à la légère. La radio et télévision Varatraza (chaîne locale) durant l'année 2013 a enregistré quant à elle une trentaine d'annonces d'enfants et adolescents perdus. Seulement, les parents ne reviennent pas pour donner suite et nul ne sait si ces enfants ont été retrouvés ou pas.

Le corps sans vie d'une fillette retrouvée

La petite fille a disparu le 20 décembre. Sa mère qui partait à son travail à la cité Seimad, la SCAMA a confié comme d'habitude, ses enfants à leur grand-mère. Après le déjeuner, les enfants sont allés jouer « ils ne vont jamais loin » dit la mère. C'est la jumelle qui s'est rendue compte de l'absence de sa sœur depuis un moment. Les voisins et la famille se sont alors mis à la recherche de la petite fille. La mère n'a été mise au courant qu'en début de soirée, à son retour du travail. C'est dimanche 22 décembre que l'oncle de la petite a déposé la déclaration de disparition auprès de la Police des Mœurs et de la Protection des Mineurs. Le 26 décembre, c'est le chef fokontany qui informe la police de la découverte du corps dans un endroit un peu à l'écart des habitations et dissimulé par la végétation. La famille reconnait la petite fille qui a disparu depuis six jours. Le corps était dans un état de décomposition avancée et l'enfant a été visiblement brutalisée puis tuée, selon les premières constatations du médecin. La famille a déposé plainte auprès de la PMPM. Une autopsie a été effectuée et la police est dans l'attente des résultats, l'enquête est en cours.

Cas similaire à celui de Nosy Be ?

La réaction de la foule ne s'est pas fait attendre : des individus se sont mis en quête de pneus et autres matériaux combustibles afin de lyncher les personnes ayant découvert le cadavre. Seule la présence d'esprit des autorités du quartier a permis que la juste colère de la foule ne dégénère en massacre d'innocents comme à Nosy Be, où, rappelons le, l'autopsie a établi sans équivoque la présence de tous les organes sur le cadavre de l'enfant à l'origine de la colère populaire, démontrant l'innocence des trois personnes lynchées et démentant les rumeurs absurdes de trafic d'organes. Ce qui n'empêche nullement les rumeurs les plus folles de continuer à faire leur chemin.
Tout concourt en effet dans l'imaginaire collectif à faire des rapprochements entre l'affaire de Nosy Be et celle de cette fillette. La disparition d'un enfant, la découverte de son corps quelques jours plus tard en état de décomposition avancée, les bruits qui courent sur la disparition d'autres enfants, des individus suspects que l'on aurait aperçu ici et là et qui seraient à l'origine du meurtre et des enlèvements, l'implication supposée d'une personne de nationalité étrangère, la population qui cherche à faire justice elle-même...
Les autorités cherchent à établir les faits réels et entendent prendre des mesures pour rétablir l'ordre. Ainsi, dans l'après-midi du mercredi 8 janvier, une réunion du comité restreint du Réseau de Protection de l'Enfant s'est tenue à la direction régionale de la population et des affaires sociales. Etaient présents le Secrétaire Général de la Région DIANA, le Chef de District d'Antsiranana I, le Directeur Régional de la Santé Publique, l'officier de police qui dirige la PMPM, la mère de la fillette retrouvée morte à la SCAMA, une représentante de la Justice, de la Commune Urbaine d'Antsiranana et de l'ONG Cœur et Conscience ainsi que quelques membres du personnel de la DRPAS et des média. Il y a été décidé qu'à la suite de la réunion de l'Organisme Mixte de Conception à la Région ce 9 janvier, une déclaration par l'intermédiaire des médias sera faite pour rassurer la population et des mesures seront prises pour renforcer la sécurité. Une enquête est ouverte sur le meurtre de la petite fille et sur l'existence d'autres enlèvements.

Déclaration de l’OMC Région DIANA

Suite aux rumeurs d’enlèvements et du meurtre de la fillette à la SCAMA, une réunion de l’Organisme Mixte de Conception dirigée par le Chef de Région s’est tenue dans l’après-midi du 9 janvier pour décider des mesures à prendre. La déclaration faite par l’OMC appelle au calme et soutient que jusqu’ici aucun parent ne s’est présenté devant les autorités ou les forces de l’ordre pour les informer de la disparition d’enfants. Le communiqué indique que l’affaire de meurtre de la petite fille à la SCAMA est entre les mains des autorités et les observations du corps par les médecins indiquent qu’il n’y a aucun organe manquant, par contre l’enfant a été sauvagement tué. En ce qui concerne les rumeurs qui ont abouti à la destruction de biens d’autrui, l’OMC prévient les auteurs qui persisteraient à accomplir de tels actes quant aux sanctions sévères qu’ils encourent. Et pour rassurer la population, l’Organisme Mixte de Conception affirme que les forces de l’ordre prennent les choses en main et appellent les habitants de Diego Suarez à les contacter en cas besoin.