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Catégorie : Actualité
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Peu le savent, mais la goélette nommée Tara qui a accosté jeudi 20 mai dans le port de Diego Suarez est une véritable légende flottante. Il y a 20 ans, elle se nommait l’Antarctica et était la propriété de l’aventurier, explorateur et médecin français, Jean Louis Etienne qui fit à son bord plusieurs hivernages dans l’antarctique.


Le voyage de Tara

Puis elle a été rachetée par le navigateur néozélandais Sir Peter Blake qui fut assassiné à son bord dans l’estuaire de l’Amazone où il fut attaqué par des pirates en 2001. Racheté par la femme d’affaires, de haute couture et de goût qu’est Agnès B, le voilier sillonne à présent à nouveau les mers. Depuis septembre 2009, il a quitté le port de Lorient en Bretagne pour faire un double tour du monde, -un premier à hauteur de l’arctique et un second, sous les tropiques. L’escale de Tara à Antsiranana qui a débuté jeudi dernier et se terminera dimanche 23 mai pour reprendre la mer en direction de Mayotte intervient après 9 mois de navigation. Inutile de dire que ceux qui aiment les légendes et leur mystérieux sillage seront comblés. Et à Diego, il n’en manque pas.
« Je crois que Diego nous a réservé un des meilleurs accueils depuis le début de l’expédition », nous confie Hervé Bourmaud, la capitaine de Tara qui ‘habite’ le bateau depuis 2006 et a passé près de 6 mois à son bord dans l’intimité obscure de l’hiver arctique. « Dans la plupart des ports, en Grèce, à Alger, à Djibouti on a reçu la visite d’élèves et le soutien des Alliances françaises. Mais ici, c’est toute la ville qui nous accueille, grâce au festival Zegny’Zo et à ses marionnettes géantes, Monique et Jeannot. C’est une rencontre étonnante, magique ». Vendredi matin, la grande parade du festival avait en effet démarré devant la mairie pour descendre jusqu’au port. Monique et Jeannot accompagnés des Zolobe sont venus adresser aux navigateurs un salut émouvant en balançant leur bonhomie et leur regard sidéré au-dessus de la goélette légendaire.


Colomban de Vargas présente le fonctionnement
de la "rosette" aux élèves du Lycée français

Mais cela ne constituera qu’une parenthèse ludique dans cet immense travail scientifique qu’a entrepris Tara. Car Tara n’est pas qu’une occasion pour quelques marins et quelques scientifiques de se donner le frisson de renouer avec les grandes expéditions d’autrefois, comme celle qui a conduit Charles Darwin à écrire sa théorie de l’évolution.
Dirigé par Eric Karsenti, le directeur de l’EMBL, le célèbre laboratoire de biophysique de Heidelberg, l’expédition Tara Oceans va parcourir 150 000 kilomètres pour étudier diverses zones océaniques. Pendant trois ans, des équipes de scientifiques vont se relayer sur le bateau et faire descendre au fond de l’eau, parfois à plus de 1500 mètres de profondeur, une rosette de bouteilles qui ramèneront à la surface des milliers d’échantillons, lesquels seront analysés sur le bateau avec des méthodes inhabituelles pour ce qui vient de la mer : ainsi la microscopie à haut débit. « Vous savez combien de corps vivants il y a dans un litre d’eau ? » questionne au hasard Colomban de Vargas, l’un des directeurs scientifiques de l’expédition, « entre 10 et 100 milliards ! ». Répertorier et tenter de connaître la biodiversité d’un litre de mer prélevé dans les coins les plus variés et les plus reculés du globe, est une expérience qui n’a encore jamais été réalisée à une échelle aussi globale. Pourtant, le plancton est un producteur d’oxygène aussi essentiel que méconnu et sa présence vivante a autant à nous dire sur l’état de la planète que la forêt et ces arbres qui meurent au grand jour...
Après neuf mois de prélèvements et de travail scientifiques, les mécanismes d’analyses sont rodés. « Mais ce qui nous préoccupe actuellement, est la viabilité financière de l’expédition », lance le capitaine… à qui veut l’entendre. Les soutiens les plus importants sont venus des entreprises françaises EDF et Veolia, ainsi que du fonds de dotation Tara. « Mais prélever des échantillons de mer n’est pas très ‘séduisant’ en terme d’image pour ceux qui nous financent » ironise le capitaine. Il est clair qu’il est plus scintillant de s’afficher en sauveur des récifs coralliens…
Finengo M.


 

Tara Océans en photos

       

 La cuisine

 

 La Passerelle

 

Grand-mât

 

 Le carré

 

       
 Sur le pont Laboratoire "humide"  L'atelier   Carré avant


 retrouvez plus de photos de l'escale de Tara à Diego Suarez
sur le site www.photos-de-madagascar.com