La situation à l’université est tendue, les cours ont été interrompus, les forces de l’ordre sont sur le qui-vive et les réunions des autorités régionales avec les étudiants se multiplient
Tout a commencé par un accident qui a eu lieu devant la présidence de l’université d’Antsiranana dans la soirée du 28 février. Un étudiant marchait le long de la rue quand un taxi-moto l’a percuté. Le conducteur du taxi n’a pas daigné s’arrêter, ignorant complètement le blessé qui a été emmené à l’hôpital par ses amis. Il a une fracture à la jambe. Les informations sur cet accident et le délit de fuite circulaient parmi les étudiants résidant à la cité universitaire. Ils ont alors appris que celui qui gardait la barrière avait lui aussi pris la fuite pour ne se rendre que lundi. Les étudiants sont convaincus qu’il connaissait le conducteur du taxi-moto. Les étudiants craignaient par ailleurs que l’UNA ne prenne pas en charge les dépenses liées à l’hospitalisation de la victime. Samedi, les étudiants en colère ont barré les chemins menant au campus et ont lancé un ultimatum. « Il faut que les autorités trouvent le conducteur du taxi-moto sinon les étudiants iront eux-mêmes le chercher » a-t-on entendu. Du côté des forces de l’ordre, un responsable nous dit que tout citoyen, étudiant ou non, a droit à la sécurité et à la justice, l’enquête pour trouver l’auteur de l’accident est en cours et que bousculer le cours des choses ne les feront pas avancer. Des réunions avec les autorités régionales, universitaires et les représentants des étudiants ont été organisées à plusieurs reprises depuis lundi 3 mars.
Alors que les discussions se poursuivent, un autre incident s’est produit à l’UNA. Dans l’après-midi du mardi 4 mars, c’est un homme qui était entré dans le bloc D pour tenter de voler un ordinateur qui a failli subir la colère des étudiants. Des étudiants résidents de ce bloc ont avancé qu’il n'en serait pas à son premier coup. L’individu a été sauvé de justesse d’une vindicte populaire. Une personne a appelé la police vers 15h30 pour signaler que des personnes mécontentes avaient l’intention d’exécuter l’individu qu’elles vennaient de capturer. Les éléments du commissariat central sont arrivés sur les lieux, puis peu après ceux de la gendarmerie. Après des discussions infructueuses, le recours aux méthodes militaires était envisagé, mais la franchise universitaire n’a pas été levée. Le Chef de région, le Colonel Maevalaza, a poursuivi les échanges qui ont duré jusqu’en début de soirée. C’est l’intervention d’un enseignant et membre du personnel administratif de l’UNA qui a finalement contribué à raisonner les étudiants qui ont remis le voleur aux forces de l’ordre. Il a été emmené à l’hôpital où il est actuellement soigné puisqu'il a subi des coups et des blessures.