La célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse à Antsiranana a débuté par un exposé sur l'histoire et les objectifs de la journée du 3 mai, la liberté de presse et les contraintes et obstacles que rencontrent les journalistes dans leur travail
La Journée Mondiale de la Liberté de la Presse a été célébrée cette année par des rencontres et débats au Palais Faritany de Diego Suarez
La rencontre a débuté par un exposé sur l'histoire et les objectifs de la journée du 3 mai, la liberté de presse et les contraintes et obstacles que rencontrent les journalistes dans leur travail. A la suite de cet exposé a eu lieu un débat entre les autorités, les journalistes et quelques opérateurs économiques.
Un reportage s’intitulant « Dire la vérité qui blesse ou le mensonge qui rassure » a été projeté aux participants. Dans ce reportage la plupart des personnes interrogées ont mis l’accent sur le fait que selon eux les journalistes ne disent pas la vérité, qu’ils disent tout simplement ce qui peut être bénéfique pour eux et pour leurs employeurs. Ces personnes souhaitent être informés même si cela peut faire peur ou peut blesser, ils exigent la véracité de l’information diffusée. Un débat a ensuite succédé à ce reportage, chaque entité présente a pris la parole pour faire part de ses réactions. Le Chef de Région a souligné qu’il faudrait faire un effort sur les ratages, en d’autres termes il faut passer l’information au moment où elle survient mais non après une semaine ou un mois. Le Commandant de la Base Navale d’Antsiranana s'est quant à lui désolé du « non professionnalisme de la plupart des journalistes qui écrivent et font passer une information avec subjectivité ». « La véracité de l’information est un point sensible dans le travail du journaliste, c’est pour cela qu’il faut toujours vérifier ses sources » a renchérit la Responsable de la zone Nord d’Orange Madagascar. Le Président de l'association des média d'Antsiranana dans sa réponse à ces critiques a rappelé que, selon la déclaration de Windhoek de 1991, une presse libre est « une presse sur laquelle le pouvoir public n'exerce ni emprise politique ou économique ni contrôle du matériel et des équipements nécessaires à la production et à la diffusion de journaux, magazines et périodiques » pour déplorer qu'à Madagascar ces conditions sont loin d'être remplies, particulièrement au niveau des moyens mis à la disposition des journalistes pour exercer leur métier. Après avoir dénoncé le caractère rudimentaire de la formation qui est dispensée aux journalistes, il a souligné que trop souvent les contraintes économiques obligent les journalistes à ne pas dévoiler les informations qui pourraient faire du tort aux intérêts de leurs employeurs, ou qu’ils sont trop souvent dépendant des opérateurs économiques pour pouvoir se permettre d’émettre des opinions négatives sur leurs activités. Et que les tentatives d’intimidations restent malheureusement monnaie courante comme le démontre encore le cas de cet avocat ayant provoqué un accident de la circulation menaçant des pires sanctions un cameraman filmant la scène (voir ci-dessous)
Intimidations et brutalités envers un journaliste
Des menaces et des intimidations ont été proférées à l’encontre de Jean-Louis Fiandanantsoa. Ce journaliste de la radio et télévision Varatraza commençait à enregistrer des images après un accident de la circulation sur la rue de l’Ankarana lorsqu’un avocat, très agressif, partie à l’accident l’a interpellé et a exigé qu’il arrête de filmer. L’avocat, dans un excès d’humeur a essayé d’arracher la caméra des mains du journaliste tout en le repoussant loin du lieu de l’accident. Jean Louis Fiadanantsoa n’a pas lâché son matériel de travail, chacun tirait alors de son côté. Cet incident s’est produit samedi matin 10 mai vers 9h. Tout en éloignant le journaliste du lieu de l’accident, l’avocat l’a menacé de l’emmener à la police, de l’envoyer en prison, d’appeler un magistrat… D’après Jean Louis Fiadanantsoa, l’intervention de quelques personnes a mis fin à l’incident. Le journaliste n’a pas pu faire comme il se doit son travail. Il n’a pas pu avoir d’images et n’a donc pas rapporté les faits. L’accident s’est produit sur la rue de l’Ankarana samedi matin, une moto est entrée en collision avec le véhicule, de marque Renault 25 de l’avocat. L’association des journalistes professionnels a fait une déclaration télévisée le 11 mai, diffusée au niveau local et national condamnant ces intimidations et brutalité envers les journalistes. L’association se désole de cet incident dont ce juriste en est à l’origine. Il connaît bien pourtant les lois régissant la communication et les droits de l’Homme. Ces actes constituent une entrave à la liberté de la presse et au droit des citoyens à l’information. Les journalistes s’inquiètent par ailleurs de l’impact de ces actes sur la démocratie et surtout dans le contexte social et politique actuel. Le fait est public et est une actualité dont le citoyen a le droit d’être informé. Il appartient à l’équipe rédactionnelle de décider si une information peut être publiée ou non et de déterminer si elle porte atteinte à la vie privée. Une réunion de conciliation a cependant été organisée le mardi 13 mai sous la direction de Michel Botralahy, le doyen des avocats de la ville, et les deux personnes impliquées dans cet incident se sont mutuellement présentées leurs excuses, reconnaissant le caractère excessif de la réaction de chacun.
Le journaliste acteur du développement par sa contribution à la transparence et la bonne gouvernance
La démocratie est reconnue de part le monde comme le cadre le plus favorable au développement économique des sociétés. Le journaliste y tient le rôle d'un trait d'union entre les citoyens et les gouvernants qu'ils ont élus. C'est un élément crucial de ce système : seule une information transparente et juste permet en effet aux citoyens de se décider en pleine connaissance de cause au moment du vote. C'est cette importance qui fait qualifier le journalisme de « quatrième pouvoir » dans certains pays. En défendant ainsi le droit des citoyens à être informés des actes de leurs élus, le journaliste est le défenseur de la bonne gouvernance, et partant, un acteur clé du développement du pays. L’Article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 dispose que : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ». Adoptée en 1991 à l’issue d’un séminaire pour le développement d’une presse africaine indépendante organisé à Windhoek (Namibie), la Déclaration de Windhoek souligne l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie ainsi que pour le développement économique. Deux ans plus tard, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette journée est depuis chaque année consacrée à des actions d’information et de sensibilisation, mais aussi de mémoire notamment en souvenir des journalistes ayant payé de leur vie leur combat pour le respect de ce principe.
La Déclaration de Windhoek
Adoptée en 1991 à l’issue d’un séminaire pour le développement d’une presse africaine indépendante organisé à Windhoek (Namibie), cette Déclaration souligne l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie ainsi que pour le développement économique. Deux ans plus tard, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Article 1 de la Déclaration de Windhoek de 1991
Association des journalistes d’Antsiranana
En marge de la célébration de la Journée Mondiale de la presse s’est tenue à l’espace Mahefa l’assemblée générale de l’Association des Journalistes d’Antsiranana au cours de laquelle il a été procédé à l’élection du bureau. Pascal Rakotondrasoa est élu Président, Andriantsarafeno vice-président, Anita Randriamananaina trésorière, et Charline Ranarivelo secrétaire. Les autres membres du conseil d’administration sont Fitahia Fanomezantsoa Nirina Bien-Aimé, Johns, et Jean-Claude Velomanana.
■ H.N