L’Amirauté de Diego Suarez, où a été assigné à résidence l’ex Président, est un superbe bâtiment qui surplombe le port
L’ancien Président de la République ne sera pas expulsé, seulement la durée de son séjour à Antsiranana en résidence surveillée reste indéterminée. Sa remise en liberté dépend de l’apaisement politique selon la ministre de la Justice, Noëline Ramanantenasoa. La réconciliation serait la voie vers cet apaisement
Un séjour à durée indéterminée
Marc Ravalomanana a été emmené à Antsiranana le 13 octobre. Depuis, il a reçu une fois la visite de son épouse et d’un de ses fils. Le 19 octobre, Lala Rasendrahasina qui lui est d’un soutien constant a essayé de le rencontrer, mais la visite lui a été refusée. Cette rencontre , d’après les démarches tentées, n’aurait pu être d’ordre politique, mais seulement « la visite du président de l’église FJKM à son vice-président » (qu’est Marc Ravalomanana). L’après-midi, un culte pour la Nation était organisé à la FJKM Antseranana Fahazavana. Une réunion du bureau dirigeant de la FJKM est prévue se tenir pour décider de quelle voie emprunter. Ce même 19 octobre, trois ministres étaient à Antsiranana pour apaiser les esprits et prévenir toute tentative des politiciens de fomenter un mouvement populaire. Les responsables de services déconcentrés et collectivités décentralisées ainsi que les politiciens ont rencontré au palais du Faritany Jacques Ulrich Andriatiana (ministre des Transports et de la Météorologie), Horace Gatien (ministre de l’Enseignement technique), Mahafaly Olivier (ministre de l’Intérieur) et le conseiller spécial auprès de la présidence Vaovao Benjamin. En outre, cette rencontre n’était pas réservée aux autorités, des jeunes et des habitants de Diego Suarez ont assisté à cette réunion. La délégation de ministres a déclaré que le choix d’Antsiranana pour l’assignation à résidence surveillée de Ravalomanana est une marque de confiance. Il est envoyé et gardé à Diego Suarez car sa vie serait en danger et qu’il faut préserver la sécurité publique. L’indifférence de la plus grande partie de la population antsiranaise aux différents événements politiques de ces dernières années semble justifier ce choix d’Antsiranana ; s’y ajoute l’éloignement.
Le 26 octobre, Marc Ravalomanana a pu quitter Diego Suarez pour assister aux obsèques de sa sœur. Il a été ramené le jour même à l’Amirauté où il est toujours assigné à résidence surveillée.
Réconciliation pour qui et pourquoi ?
Les politiciens souhaitent, voire exigent la réconciliation nationale. Le pouvoir en place n’est pas contre, mais semble hésitant quant à la manière d’y procéder et du choix du moment opportun. Jean Omer Beriziky explique la nécessité de réconcilier les politiciens et les dirigeants à la population. Dans une interview accordée au quotidien national, Midi Madagasikara, il soutient « la réconciliation est une chose très importante pour les Malgaches. Ceux qui pensent que sa mise en œuvre n’est pas nécessaire puisqu’il n’y a pas eu d’affrontements dans le pays ont tort. Le développement est impossible pour un pays divisé, une population et des politiciens non réconciliés. Il faut laisser tout le monde apporter sa contribution. Un développement sans exclusion est nécessaire ». Pour la présidence de la République, même si le retour de Marc Ravalomanana n’était pas désiré, celui-ci participera à cette réconciliation. Le directeur de cabinet Henry Rabary-Njaka souligne sur les ondes de RFI « maintenant il est là et l’on espère qu’il prendra part à ce processus de réconciliation nationale ». L’ancien président Didier Ratsiraka soutient aussi l’idée, mais par l’organisation d’une conférence au sommet, réunissant les anciens chefs d’Etat, comme il a toujours suggéré. Du côté de Ravalomananana, réconciliation nationale et remise en liberté de l’ancien Président sont interdépendantes. La famille tantôt réclame la libération de celui-ci tantôt demande la tenue de la réconciliation nationale.
Jusqu’à maintenant donc, il y a plus de questions que de réponses autour de cette réconciliation : pourquoi se réconcilier ? qui doit se réconcilier avec qui ? Si elle concerne tout le peuple malgache, comment procéder pour une réconciliation à grande échelle ? Toujours est-il que suivant l’exemple des autres pays africains : Burundi, Côte d’Ivoire etc. les responsables de la « honte » du pays devraient reconnaître leurs fautes publiquement et une institution devra être mise en place pour que les victimes s’expriment. Les observateurs nationaux et la société civile considèrent qu’une réconciliation qui ne se ferait qu’entre politiciens (ceux renversés du pouvoir et ceux en quête d’autorité) ne mènera nulle part.
■ V.M