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Catégorie : Actualité
Publication :
Femmes de Madagascar
      Odile, cette mère de famille que l’inquiétude empêche de dormir la nuit...

La pauvreté, le faible niveau d’instruction, les promesses des bureaux de placement poussent les travailleurs Malgaches à quitter leur pays pour d’autres horizons.

La plupart ignore ce qui les attend aux pays d’accueil, ils ont eu juste à rassembler leurs dossiers et signer leurs contrats.
En dépit des horreurs (maltraitance, viol, séquestration…) qu’ont subies plusieurs femmes Malgaches au Liban, malgré les interdictions de la Haute Autorité de la Transition, une centaine a encore réussi récemment, à y entrer pour travailler.
Odile nous raconte l’histoire de sa fille Sylvia qui a quitté ses 3 enfants et sa mère le 04 février 2009 pour travailler à Dubaï.

4 mois après son départ, sa mère a été étonnée de voir sur son reçu de Western Union que l’argent vient du Liban et non du Dubaï. Donc dès sont départ, Sylvia a été trompée par l’agence de recrutement. « Elle ignorait qu’on allait l’envoyer au Liban » dit sa mère « sinon elle ne serait jamais partie car on entendait déjà beaucoup de mal de ce pays ».
Depuis son arrivée au Liban, Sylvia a envoyé des sommes de 520 000 à 580 000 Ariary tous les 4 mois, soit l’équivalent d’un mois de paie. Elle a décidé de garder les trois mois de salaire pour son retour. Seulement, il y a deux jours, elle a dit à sa mère qu’elle n’a pas « un sou » sur elle car c’est l’épouse du patron qui a la totalité de son salaire. En apprenant la nouvelle, Odile a exigé de sa fille qu’elle rentre, qu’elle abandonne même ses 11 mois de salaire car même si elle n’a pas été maltraitée physiquement jusqu’à ce jour, le risque est permanent. D’autant plus que Sylvia ne connait même pas le nom de son quartier ni l’adresse du Consulat de Madagascar au Liban, elle n’a même pas le droit de téléphoner. Sa mère décide alors de tout entreprendre elle-même pour que sa fille puisse rentrer saine et sauve au pays.
En revenant des bureaux de la Région et de la Direction de la Population ce matin (03 août 2010), après les heures d’attente. Odile est déçue car malgré la décision de la Haute Autorité de la Transition, par Conseil des Ministres le 28 juillet dernier pour la création d’une cellule opérationnelle chargée d’étudier les cas des femmes Malgaches au Liban, les responsables disent ne pas avoir reçu des recommandations sur le sujet. Et donc il va falloir attendre qu’ils se renseignent.
Attendre jusqu’à quand ? Odile ne le sait pas. Le FFVMTHL (Association des parents des femmes victimes d’injustice au Liban) n’existe pas encore à Antsiranana bien que dans d’autres Régions, comme l’Amoron’i Mania, les membres se serrent les coudes et agissent ensemble, ce qui donne de la force à leur demande.
L’inquiétude empêche cette mère de famille de dormir la nuit. Elle connait d’autres parents qui sont dans la même situation qu’elle, mais ceux-ci semblent s’être contentés de l’argent que leurs filles parviennent encore à leur envoyer.
V.M