Quels que soient les points de vue sur le bilan de ce nouveau régime, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances qui étaient grandes
La première année au pouvoir s’achève pour Hery Rajaonarimampianina, le premier Président de la IVème République. Quels que soient les points de vue sur le bilan de ce nouveau régime, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances qui étaient grandes
La société civile, à l’instar du SeFaFi, observatoire de la vie publique, dénonce l’incapacité du président de la République voire des deux pouvoirs (exécutif et législatif) à répondre aux attentes de la population.
En juillet 2014, le SeFaFi titre sa note « Les attentes déçues de la IVème République ». Son observation de la situation politique, six mois après l’accession de Hery Rajaonarimapianina à la présidence, est peu flatteuse : « La compromission et la corruption s’étalent, les rivalités et les divisions s’affichent, l’incompétence des élus et leur indifférence à l’intérêt général sont de notoriété publique. Les citoyens sont à nouveau devenus les otages des magouilles politiciennes ». Depuis cette déclaration du SeFaFi et jusqu’à la fin de l’année 2014, divers événements déstabilisant le régime sont apparus : les délestages, le retour de Marc Ravalomanana et le regroupement de politiciens dont les candidats à la présidentielle de 2013 pour la célébration du 11 décembre. Après des années d’exil en Afrique du Sud, Ravalomanana est revenu en catimini au pays le 13 octobre 2014. Dans la soirée, le Président de la République a fait une déclaration quant à ce retour, sans dialogue au préalable. L’ancien garde du corps de Ravalomanana, Jean Marc Koumba ainsi que quatre employés de l’Aviation Civile de Madagascar, impliqués dans cette affaire ont été placés sous mandat de dépôt à la maison carcérale d’Antsiranana. L’ancien président a été mis sous résidence surveillée à l’Amirauté d’Antsiranana jusque vers la fin du mois de décembre. Son retour à Antananarivo s’est fait grâce au démarrage du processus de réconciliation nationale. D’après l’opinion, le regroupement des politiciens le 11 décembre n’est pas étrangère à cette étape entreprise pour la réconciliation nationale par la conférence au sommet (des cinq présidents) dirigée par la FFKM (conseil des églises chrétiennes). Le décret établissant le 11 décembre comme jour férié étant abrogé, Andry Rajoelina ainsi que plusieurs politiciens (entre autres Jean Louis Robinson, Saraha Georget Rabearisoa, Camille Vital…) ont célébré la 4ème République au siège de la radio VIVA à Antananarivo. Les discours qui y ont été prononcés relèvent plus de la démonstration de force que de la célébration pure et simple de l’avènement de la IVème République.
Une fin d’année marquée par la montée des contestations
Le 22 décembre, un homme a été tué lors d’une manifestation à Toamasina de protestation contre les délestages. Toujours, dans cette ville, un autre a trouvé la mort le 3 janvier 2015 après une arrestation musclée par les forces de l’ordre qui soutiennent ne pas être à l’origine de ce décès. Le 2 janvier, un mouvement de contestation s’est tenu dans le quartier de Tanambao durant lequel, le décédé, un homme de 42 ans a été appréhendé. L’atmosphère est toujours tendue dans la Capitale de la région Atsinanana.
Et en 2015 ?
Le 28 décembre 2014, Hery Rajaonarimampianina a présenté son discours de fin d’année au peuple malgache. Un discours que certains membres de la presse malgache et étrangère qualifient de « maigre bilan » et « d’aveu d’échec ». Le Président de la République a néanmoins promis un plan plus éclairci pour la réalisation de la politique de développement. L’année 2015 devrait donc être l’année de concrétisation surtout que la politique générale de l’Etat a déjà été présentée et que l’élaboration du plan national de développement est en cours de finalisation. La réintégration de Madagascar à l’AGOA ou Growth and Opportunity Act, tout comme son retour au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie est certainement la matérialisation du retour du pays au sein de la communauté internationale. Le déblocage effectif de la plupart des aides financières est annoncé pour la fin 2014 et le début 2015. Il s’agit entre autres des financements de l’Union Européenne, de la Banque Africaine de Développement, des Etats-Unis, de la Banque Arabe pour le Développement Économique de l’Afrique… Des aides qui se chiffrent à des centaines de milliards d’ariary. A titre d’exemple, les Etats-Unis ont accordé un appui financier de 70 millions de dollar par l’intermédiaire de l’USAID. Du côté européen, deux programmes de soutien aux services publics malgaches bénéficient de 95 millions d’euros (non remboursables) de l’Union. Les deux programmes s’intitulent : « Contrat d’appui à la consolidation des services de l’État à Madagascar » et « Une administration au service de tous ». Ces appuis impacteraient sur la population si l’on ne parle que des financements pour la reconstruction des routes nationales ainsi que le projet PIC (Pôles Intégrés de Croissance) financé par la Banque Mondiale, qui se poursuit et s’étend à d’autres districts, dont Diego Suarez.
2015 sera aussi une année d’élections : maires, sénateurs, chefs de région… Pour les régions DIANA et SAVA, 2014 était une année de promesses. Le Président de la République, à son passage à Antsiranana a promis un soutien financier à la SECREN et à la Soavoanio, une centrale hydraulique dans la région SAVA sur le fleuve Anjialava, la construction/réhabilitation des RN6 et RN5-A (Ambilobe-Vohémar), l’achèvement de la construction du stade Mitabe. Le 21 au 23 novembre 2014, Freddie Mahazoasy et le NBSI annonçaient à Antsiranana, le projet Andrakaka : un aéroport international, un port de plaisance, une zone industrielle… Ce projet attend le feu vert du Chef de l’État et du gouvernement car des investisseurs se sont d’ores et déjà déclarés intéressés.
Ce que promet 2015 ne pourra avoir lieu tant qu’il n’y a pas de stabilité politique. Ce qui entraînerait l’absence du déblocage des appuis financiers étrangers. La réconciliation qui a débuté par la conférence entre les cinq chefs d’État sera un pas, mais le peuple ne sait pas jusqu’à maintenant en quoi cette réconciliation consiste ? Se limitera t-elle au dialogue entre l’actuel et les anciens chefs d’Etat ? La démarche du conseil des églises chrétiennes, FFKM, se poursuivra le 13 janvier 2015. Le résultat direct attendu de cette première étape est la grâce présidentielle accordée à des détenus politiques dont le Général Jean Raoelina, le Colonel Coutiti Assolant et le Lieutenant-colonel Charles Randrianasoavina…
■ V.M