« S’il y a coupure ce ne sera pas à cause de nous, nous n’avons pas l’intention de couper l’électricité car avant d’être producteurs, nous sommes consommateurs. Sauf bien sûr en cas de panne technique car dans ce cas aucun d’entre nous n’interviendra ». Ce propos du délégué du personnel d’ENELEC Antsiranana définit ce que lui et ses collègues entendent par service minimum qu’ils ont appliqué depuis vendredi 9 octobre.
Malgré ce qu’avancent les employés d’ENELEC, les délestages, voire même une coupure généralisée ne sont pas à écarter puisque les groupes sont maintenant sollicités au-delà de ce qu’ils sont en mesure d’offrir, compte-tenu de leur état et du défaut de maintenance. D’ailleurs, les coupures sont de plus en plus fréquentes ces deux dernières semaines et les heures sans électricité (tour des quartiers) sont de plus en plus longues depuis vendredi. Pour le service minimum, quatre techniciens assurent le fonctionnement de la centrale thermique au PK7.
Une note du 8 octobre provenant de la direction générale d’ENELEC a déclenché cette résistance au travail. La note informe le personnel d’ENELEC, de tout Madagascar, que la JIRAMA n’ayant pas pu honorer ses factures depuis le mois de janvier 2015, « le paiement des salaires du mois de septembre accuse un retard ». Le retard touche une centaine d’employés d’ENELEC, travaillant dans les quatre centrales et au siège à Antananarivo. Travaillant dans de conditions particulièrement rudes, les membres du personnel à Antsiranana déplorent la situation inquiétante qui prévaut actuellement « comment les techniciens peuvent-ils travailler en sécurité considérant tous ces soucis ? » Dans leur préavis de grève, le personnel déclare qu’il fera la grève à partir de lundi 12 octobre à 10h si tous les membres du personnel n’ont pas leur salaire. Il demande aussi le remboursement de tous les frais de retard sur les engagements pris par les membres du personnel concerné. Et afin de prévoir toute sanction qui fera suite à la grève, le personnel a inséré dans le préavis grève qu’il a transmis à l’inspection du travail, à la direction interrégionale de la JIRAMA, le préfet d’Antsiranana, le chef de Région, la direction générale d’ENELEC… « Nous demandons la non-déduction des journées de grève sur notre salaire ». Razafimanantsoa José Alfredéric, délégué du personnel déclare « nous avons repoussé jusqu’à la limite du possible cette grève. L’ensemble du personnel sait l’impact de la grève sur l’ensemble de la population et des entreprises locales si nous l’avons entamé ce vendredi (9 octobre NDLR). Nous en sommes au point de non-retour, c’est intolérable, cet acte s’impose ».
Depuis le 7 septembre, la centrale thermique d’ENELEC à Antsiranana fonctionne sur réquisition du ministère de l’Energie et des Hydrocarbures. Les machines étaient mises à l’arrêt à cause des impayés de la JIRAMA. Malgré la non exécution par la JIRAMA de sa part du contrat, ENELEC s’est retrouvé dans l’obligation de faire fonctionner les groupes. Le délégué du personnel, tout comme le responsable du site soutiennent que la performance des groupes a baissé. Razafimanantsoa José Alfredéric affirme « A ce rythme, nous ne pas garantissons pas l’état de ces groupes jusqu’au mois de décembre ». Il explique qu’en raison des impayés, la direction générale n’est plus en mesure d’acheter les pièces et de procéder à la révision des groupes. Chaque groupe au bout de 7 000 heures de fonctionnement doit faire l’objet d'une maintenance générale. Faute de moyens, ils ont tourné entre 7 700 à 8 400 heures sans maintenance.
■ V.M