Investiture du nouveau maire de Diego Suarez sur fond de tensions entre l’exécutif et le conseil municipal
La cérémonie d’investiture officielle du nouveau maire de Diego Suarez, Djavojozara Jean Luc Désiré, a (enfin) eu lieu dans l’après midi du vendredi 21 novembre, malgré l’absence remarquée des ministres de tutelle et d’une partie du Conseil Municipal, et sur fond de conflit naissant avec le nouveau conseil municipal
Mahafaly Olivier, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Ulrich Andriantiana, ministre des Transports, du Tourisme et de la Météorologie étaient attendus à la cérémonie d’investiture du maire d’Antsiranana du 20 novembre. Les ministres ont brillé par leurs absences. Là-dessus « pas de commentaire » nous dit le maire. Dans son discours et pour la énième fois, le maire a appelé les politiciens de la Capitale du Nord à laisser de côté la quête d’intérêt particulier : places politiques et honneurs. Le maire qui est arrivé sur l’estrade avec son écharpe, déjà, attachée à la taille. Il y a quelques semaines, l’investiture des maires de la région DIANA a été réalisée collectivement à Nosy Be. Djavojozara Jean Luc Désiré ne s’y était pas rendu « je suis élu à Antsiranana et non à Nosy Be. Mon investiture aura lieu là où je suis élu » avait alors souligné le maire. Raison qu’il a encore appuyé dans son discours d’investiture « Diego Suarez est un chef-lieu de province, l’investiture de son maire doit s’y tenir ». Le président du tribunal administratif d’Antsiranana, Mbalo Ranaivo Fidèle explique que l’investiture du maire n’a pas de valeur juridique contrairement à celle du Président de la République. « Elle est destinée à présenter à la population l’élu, d’où l’importance d’organiser l’investiture dans la Commune où est élu le maire ».
Si les autorités civiles et militaires de la région DIANA ainsi que les opérateurs économiques étaient fortement représentés lors de cette investiture, la plupart des membres du conseil municipal étaient absents. « Je ne peux pas parler à leur place, mais sûrement, il y a une raison à leur absence » avance le conseiller municipal Raharisoa Lalarijaona parmi les quelques membres de cet organe délibérant présents à cette cérémonie. Il se veut rassurant « à l’heure actuelle c’est la persistance de chaque partie dans son point de vue qui prévaut. Tant qu’il n’y a pas de rupture, je ne considère pas que cela est grave. Entre deux organes qui ont chacun leur poids, c’est normal» dit-il.
Tension entre le maire et le conseil municipal
En début de mandat, Nourdine, président du conseil municipal et le maire Djavojozara Jean Luc déclaraient que la différence politique n’empêcherait pas le développement de la Commune et de sa population. Maintenant, force est de constater que la cohabitation ne s’avère pas facile, la tension s’installe entre l’organe délibérant et l’exécutif
Dans cette guerre qu’on ne peut pour l’instant déclarer officielle, les deux parties avancent vouloir l’intérêt de la population. Pour ce qui est de l’organigramme de l’organe exécutif, premier objet de conflit, le maire se défend de la nécessité de mettre en place une équipe efficace et en laquelle il peut placer sa confiance, impliquant donc de nouveaux recrutements. Le conseil municipal présidé par Nordine se campe derrière l’obligation d’une gestion rigoureuse du budget et donc d’empêcher ces nouveaux recrutements.
L’organigramme de l’organe exécutif a été validé à l’unanimité lors de la délibération du 10 novembre. L’article 3 de ladite délibération empêche toutefois tout nouveau recrutement. Raharisoa Lalarijaona, membre du conseil municipal se montre prudent « il ne s’agit pas d’une interdiction, nous avons choisi les termes « il est préférable ». Les membres du conseil municipal n’interdisent pas les nouveaux recrutements, nous conseillons à l’exécutif de recruter des fonctionnaires et de les rattacher à la mairie pour ces nouvelles fonctions prévues dans l’organigramme. Cela afin que le budget de la Commune ne soit pas affecté. La mairie est en ce moment en situation de crise ». S’appuyant sur les textes en vigueur qui disposent que dans le respect de la procédure légale, le recrutement aux hauts emplois de la Commune est du pouvoir discrétionnaire du maire, Djavojozara Jean Luc est décidé à procéder au recrutement de ses proches collaborateurs et affirme ne pouvoir attendre. Il déclare « j’engagerai un dialogue à l’amiable avec le conseil municipal allant dans ce sens de la loi », avant d’ajouter « comment ce conseil municipal peut-il parler de contraintes budgétaires alors que ce n’est pas lui qui a élaboré le budget 2015 et celui de 2016 n’est pas encore défini ? » En cas de refus du conseil municipal de se plier à la décision du maire pour le recrutement des principaux membres de l’organe exécutif, le tribunal administratif serait appelé à trancher sur la question car l’annulation de l’article 3 de cette délibération serait encourue.
■ V.M