Près de 6 000 milles personnes sont attendues à Antsiranana pour les quelques jours de manifestations programmées dans le cadre de la célébration nationale de la journée internationale de la femme
Antsiranana accueillera cette année la célébration nationale de la journée internationale de la femme. Si l’enthousiasme pour cet événement ne se dément pas d’année en année, qu’en est-il de ses effets concrets sur la condition des femmes ?
Les institutions, la Région, la Commune et les associations locales sont en pleines préparations de cette journée qui verra la présence de la Première dame, Voahangy Rajaonarimampianina, de certainement de représentants des organismes onusiens et de délégation ministérielle.
Près de 6 000 milles personnes sont attendues à Antsiranana pour les quelques jours de manifestations programmées dans le cadre de cette célébration. Alors qu’un centre d’autonomisation de la femme est prévu pour chacune des régions voire dans tous les districts mais que leur mise en place tarde, avec l’évènement, Antsiranana aura le sien à partir de ce 8 mars. « Une construction réalisée en vingt jours » indique le conseiller spécial à la présidence, Richard Ramamonjiarivelo à Antsiranana le 12 février pour voir où en est l’organisation. Le foyer social sera également réhabilité. Ce conseiller qui met expressément la pression pour que Diego Suarez mobilise plus de gens que Toliara qui a accueilli l’année dernière la célébration nationale, puisque « il n’est pas facile de faire déplacer une Première dame ». Néanmoins, bien plus qu’une occasion de démontrer à ces personnes la forte mobilisation des femmes du Nord pour la célébration proprement dite (cérémonie officielle, danses, défilé et discours), ce 8 mars sera pour les femmes de la Région DIANA le moment opportun d’attirer l’attention sur leurs conditions, les obstacles qui empêchent les sociétés antsirananaises à franchir le pas pour l’égalité. Le thème de la journée internationale de la femme cette année est en effet « Planète 50-50 d’ici 2030 : franchissons le pas pour l’égalité de sexe ».
Ces points qui méritent d'être examinés
Dans la DIANA, il y a une certaine avancée dans la participation des femmes dans les affaires publiques, dans la société civile et le secteur privé, mais les violences envers les femmes et les filles subsistent, les us et coutumes qui les privent de leurs droits s’imposent bien qu’ils soient contraires aux lois. Le parcours des jeunes femmes, lycéennes et étudiantes est de plus en plus parsemé d’embuches créant des obstacles entre elles et la connaissance. Les idées sur les violences conjugales ne changent pas. Ne considérant pas qu’il s’agisse d’un délit, l’entourage n’intervient que lorsqu’il est question de vie ou de mort. Sous prétexte que la victime ne se plaint pas. Le centre d’écoute et de conseil juridique d’Antsiranana, la direction régionale de la population et le service social de la Commune interviennent pour orienter, prendre en charge les victimes et les accompagner dans les démarches pour sanctionner les délinquants, mais ces derniers sont rarement punis. « Il y a des femmes qui abandonnent parce qu’en engageant l’action, elles se retrouvent face à des difficultés à l’accès au tribunal. Celles qui ne se font pas accompagner par les institutions ou centre spécialisés tombent sur des rabatteurs et se font escroquer. Elles sont parfois victimes de corruption, les auteurs de violences ont les moyens donc les victimes n’ont aucune chance » explique Zananesy Razafindrazily du Centre d’Ecoute et de Conseil Juridique qui propose de mettre en place une structure ou d’organiser un appui aux femmes pour accès la Justice. Par ailleurs, dans de nombreuses régions du nord de Madagascar, les femmes n’ont pas droit à l’héritage surtout lorsqu’il s’agit de propriété foncière. « Dans ces régions, seuls les fils ont droit à l’héritage foncier » précise Jacquis Maurice de la Solidarité des Intervenants sur le Foncier (SIF). A Mahavanona (Antsiranana II), deux femmes (enfants légitimes du décédé) étaient sur le point d’être écartées de l’héritage lorsqu’un litige foncier concernant la propriété s’est déclaré, nécessitant l’intervention de la SIF et des services de l’Etat concernés par l’affaire. Leur situation a éclaté au grand jour et le nombre des héritiers a par la suite était porté à cinq au lieu de trois. Le harcèlement sexuel au sein des établissements d’enseignement d’Antsiranana est une autre préoccupation. Il ne date pas d’hier, mais les étudiantes victimes n’en parlaient qu’au sein de cercle fermé (entre étudiants). Le mois dernier, comme le confie un membre des forces de l’ordre d’Antsiranana, les responsables d’un établissement d’enseignement supérieur ont été appelés à prendre des mesures contre les enseignants fautifs car un mouvement de contestation estudiantin se préparait. Autant de situations qui exigent d’être suivies puisqu’au-delà des impacts physiques et psychologiques, les effets se mesurent aussi sur le plan économique car elles engendrent des femmes dépendantes, non engagées pour le développement.
■ V.M
Planning des activités Journée internationale de la femme à Antsiranana
Samedi 5 mars
- Accueil des délégations de femmes de chaque région par la commission d’accueil
- 15h : festival de zumba. Départ : gymnase couvert, arrivée : Hôtel de ville
Dimanche 6 mars – mardi 8 mars
- 9h-16h : Foire d’autonomisation des femmes avec dépistage de diabète, VIH/SIDA… et animation de sensibilisation sur autonomisation de la femme et mariage précoce. Lieu : localité entre JIRAMA et Ritz
Lundi 7 mars
- 8h30 : remise des dons pour les femmes pêcheurs, les femmes âgées, vingt détenues et nouveaux-nés
Lieu : enceinte de la direction régionale de la population, maison centrale d’Antsiranana et CHU Tanambao
- 9h30-16h30 : Atelier sur le genre (EISA)
- 9h30-12h30 : formation sur le thème de « la notion d’égalité des sexes, sa portée et ses enjeux »
- 14h-16h : conférence-débat sur le genre et le leadership
- 16h-16h30 : Remise des attestations. Lieu : Hôtel de la Poste. Participants : autorités locales, femmes entrepreneures, leaders traditionnels, artistes… Facilitateur : EISA (L'institut électoral pour la promotion de la démocratie)
- 14h30-17h : atelier sur l’autonomisation de la femme (FNUAP)
- 14h30-16h30 : formation sur le thème de « facilité à l’accès aux crédits, à la santé ». Lieu : Grande salle de l’Hôtel de ville
- 14h30-17h : atelier sur l’autonomisation de la femme (UA)
- Formation sur le thème de « Droit de la femme et des jeunes filles » Lieu : maison des jeunes.
Mardi 8 mars
- 8h-10h : Marche intergénérationnelle
- 8h30-9h30 : inauguration du centre de formation pour les femmes, bibliothèque, foyer social
- 10h : cérémonie d’ouverture
- Série de discours
- Remise des zébus au nom du « nofon-kena mitam-pihavanana
- Inauguration de la stèle femme 8 mars érigée par l’association Femme 8 mars Antsiranana. Lieu : Place de l’Indépendance
- 11h : visite des stands de vente-exposition et dégustation culinaire. Lieu : entre la JIRAMA et le Ritz
- Midi : cocktail déjeunatoire à l’hôtel de la Poste
- 15h-17h : animation artistique à la Place de l’Indépendance
- 20h : soirée dansante-concours de beauté Big maman. Lieu : hôtel de la Poste
- 20h : émission débat télévisé sur la TVM