Imprimer
Catégorie : Actualité
Publication :

L'ambassadeur de France court le Marathon de Diego Suareza

Jean Marc Chataigner, actuel Ambassadeur de France à Madagascar est venu courir le marathon. Malgré la fatigue due à l’épreuve, il a bien voulu répondre à quelques questions. Interview exclusive

Tout d’abord, Mr l’Ambassadeur, toutes nos félicitations pour votre exploit sportif personnel.
Pouvez-vous nous raconter votre course :
Je dois vous avouer que c’était mon premier marathon. J’ai eu énormément de plaisir à découvrir le parcours et à réaliser cette aventure avec quelques amis venus de Tananarive. J’espère que nous viendrons encore plus nombreux l’an prochain ! La course n’a pas toujours été facile, en particulier dans les dix derniers kilomètres, où la chaleur finit par peser. Mais les multiples encouragements reçus pendant les ravitaillements et tout au long de la route m’ont aidé à tenir !

Le parcours du Marathon semble difficile et accidenté, qu’en pensez-vous ?
Le parcours n’est pas simple. Même si dans l’absolu ils ne sont pas très importants, les dénivelés sont bien présents. Un facteur important a été le vent parfois surprenant : on croit l’avoir contre soi à l’aller et on le retrouve deux fois plus fort lorsque l’on repart de Ramena. Néanmoins, le moral du coureur est soutenu par un paysage extraordinaire, la vue sur la ville de Diego Suarez, sur la baie… On a presque envie de s’arrêter au semi-marathon à Ramena pour s’y baigner. Il faut donc beaucoup de volonté pour terminer !

Connaissiez-vous la région, vos impressions ?
C’est la troisième fois depuis ma nomination comme Ambassadeur de France à Madagascar que je viens dans le Diana. C’est une région magnifique qui offre des paysages exceptionnels et uniques : la Mer d’Emeraude, les Tsingy rouges, le parc national de l’Ankarana, la Montagne aux Français, la Montagne d’Ambre… Tous ces paysages cependant ne sont rien sans des habitants dont la gentillesse, le sens de l’hospitalité, la disponibilité, l’ouverture d’esprit, la francophilie m’ont frappé à chacun de mes séjours. J’ai été particulièrement impressionné par la vie urbaine d’Antsiranana et l’activité économique qui s’y déroule. Je suis convaincu que votre région dispose de toutes les opportunités pour connaître un développement important notamment dans le secteur touristique dans les dix prochaines années. L’activité économique importante de Diego Suarez mérite d’être soutenue et encouragée, comme l’agrandissement en cours des Salines, le développement des activités de Pêche et Froid Océan Indien (PFOI), ou le projet évoqué par le Président de la Transition de modernisation de la SECREN. La région Diana peut et doit constituer un moteur de développement de Madagascar.


Vos compatriotes à Diego Suarez sont nombreux, leurs représentants nous ont fait part de leurs inquiétudes concernant le projet de retrait de l’administration consulaire dans plusieurs villes de Madagascar dont Diego Suarez. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour l’instant, aucune décision de fermeture des chancelleries détachées de Majunga, Diego Suarez ou Tamatave n’a été prise. Néanmoins, il est vrai que partout dans le monde, le réseau consulaire fait l’objet d’examens et de mesures régulières de restructuration. Il y a nécessairement ouverture de certains postes, fermeture d’autres, modernisation de l’administration avec des effectifs et des budgets que, compte-tenu des contraintes budgétaires, nous ne pouvons pas augmenter. Tout cela se programme et ne se fait pas du jour au lendemain. Le cas échéant, des mesures d’accompagnement doivent aussi être prévues et mises en place. Nous devons voir comment assurer le meilleur service public pour tous nos compatriotes. Toute évolution du réseau consulaire à Madagascar s’inscrira nécessairement dans cette perspective. Des consultations auront lieu à ce sujet avec les élus des Français à l’étranger.

Pouvez-vous nous donner votre vision de la crise politique à Madagascar ? Pensez-vous que la décision récente d’organiser des élections municipales soit un pas vers une résolution de la crise ?
Je suis fondamentalement optimiste sur la résolution de la crise politique à partir d’une solution malgacho-malgache. Je pense qu’il existe encore de la bonne volonté de part et d’autre pour avancer sur le chemin d’une résolution de crise aussi consensuelle que possible. Je suis convaincu que la communauté internationale est disposée à accompagner Madagascar dans cette sortie de crise. La crise n’a que trop duré et ses effets pèsent négativement sur la population malgache. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement de lutte contre la pauvreté, d’éducation universelle pour tous, d’accès aux soins de santé pour les femmes et les enfants sont gravement remis en cause. Il est donc important d’aller le plus vite possible vers les élections dans des conditions démocratiques satisfaisantes. Ce n’est bien sûr pas à moi de me prononcer sur l’ordre de ces élections, c’est un choix qui doit être fait par les Malgaches eux-mêmes.

Reviendrez-vous à Diego Suarez l’année prochaine pour la 3ème édition du Marathon de Diego Suarez ?
Oui, très probablement, mais il faudra à l’évidence que je m’entraîne davantage si je veux améliorer mon classement (rires). Mais je souhaite revenir avant la fin même de cette année à Antsiranana et j’en aurai sans doute l’opportunité au mois de Décembre dans le cadre d’une visite de terrain d’activités de la coopération décentralisée, financées notamment par les Conseils généraux de La Réunion et du Finistère. Je crois beaucoup dans cette coopération de proximité conduite par les ONG et les collectivités territoriales qui bénéficie en premier lieu aux populations et qui n’est pas soumise aux aléas de la conjoncture politique. Je désire voir comment concrètement nous pouvons encore mieux renforcer les partenariats existants entre les acteurs malgaches, les partenaires français et l’Ambassade pour la poursuite de cette coopération de longue haleine.

Propos recueillis par A.M