Symbole des incohérences de la gestion de la JIRAMA : l’éclairage public qui reste allumé le jour en ville... faute d’appareil pour l’éteindre
A Antsiranana, la population commence à avoir l’habitude des délestages qui sont entrecoupés des passages des autorités, ministres, Premier ministre et Président de la République. Quand celles-ci sont de passage, les coupures d’électricité cessent et les promesses fusent. Les consommateurs posent la même question depuis des années : à quand la solution à long terme ?
610 200 000 ariary, c’est le coût mensuel des combustibles utilisés pour que fonctionnent les centrales thermiques d’Antsiranana ou toute la province ou Madagascar (?). Hilmi Ismaël, directeur interrégional de la (JIRAMA), société d’Etat distributrice d’eau et d’électricité JIro sy RAno MAlagasy, a expliqué au premier ministre Solonandrasana Mahafaly Olivier que la JIRAMA Antsiranana rencontre un problème au niveau du système de production. ENELEC (ENergie ELEctrique) fournit à la JIRAMA 11MW sur les 12 MW dont la ville a besoin.Il précise que le système de production thermique est actuellement en perte de performance. La JIRAMA alterne donc son fonctionnement d’où des arrêts réguliers.Le coût d’exploitation est par ailleurs très important, allantjusqu’à 500 000 litres de fuel et 50 000 litres de gasoil par mois. L’acheminement des combustibles de Toamasina ou d’Antananarivo vers Diego Suarez pose également problème. « D’un côté, le parc mazout qui devait réceptionner ces combustibles n’est plus opérationnel, s’ajoute à cela les pipelines qui ont été saccagés par des gens malintentionnés » explique Hilmi Ismaël. Les bacs mis à disposition par la Logistique Pétrolière pour réceptionner les combustibles ne sont pas opérationnels. L’acheminement par voie terrestre cause le délabrement de la route sous le poids des camions citernes pouvant aller jusqu’à 50 tonnes chacun. La ville de Diego Suarez contrairement aux autres régions se trouvant en zone tarifaire 1 et 2 ne dispose pas d’un autre type de centrale de production pour équilibrer le coût de production de la centrale thermique. Le directeur interrégional de la JIRAMA indique pourtant que « nous avons des potentiels hydrauliques, éoliens et solaires qui peuvent être exploités. Si nous avons la possibilité d’avoir une autre centrale de production, nous pouvons réduire la consommation de gasoil qui coûte si cher. 2 204 Ar le litre à l’heure actuelle ». Pour ce qui est du contrôle du gasoil transporté depuis les autres villes, la directeur interrégional de la JIRAMA Antsiranana souligne que c’est à la réception que se fait le contrôle et l’écart entre le combustible entrant et le stock restant est inscrit dans le rapport. A la fin de l’entrevue, le premier ministre a laissé « un message fort », comme il le dit, ordonnant qu’ « à partir de ce jour, il ne doit plus y avoir de coupure de stock de combustibles », peu importe le moyen d’acheminement de ceux-ci. Dans tous ses discours à Antsiranana, jeudi et vendredi 7 octobre, Mahafaly Olivier n’a jamais oublié de soulever les problèmes et solutions que met en avant le gouvernement sur la question de l’énergie. « Seulement 15 % des Malagasy bénéficient des services apportés par la JIRAMA, or cet établissement coûte 400 milliards ariary de subvention de l’Etat chaque année. Paradoxalement, les factures d’eau et d’électricité ne cessent d’augmenter. Alors, pour cette année, l’Etat a décidé de diminuer cette subvention à 300 milliards d’Ariary. Ce qui fait que l’établissement en question doit faire des efforts pour assurer son fonctionnement. Ces efforts doivent se concentrer sur l’augmentation du taux de recouvrement, sur la lutte contre le vol et le détournement de gasoil au sein de l’établissement et d’électricité au sein de la population. Le gouvernement se tourne petit à petit vers l’emploi des énergies renouvelables. Cela afin de diminuer la consommation de gasoil de la JIRAMA. D’ici 15 jours, le problème de délestage causé par l’acheminement des combustibles venant des camions citernes sera réglé en ce qui concerne la ville de Diego Suarez » a assuré le Premier ministre.
Dans une interview accordée à l’Express de Madagascar, Patrick Imam, représentant résident du Fonds Monétaire International, confirme qu’un souhait a été émis par la JIRAMA de disposer de 40 milliards d’ariary, outre les 300 milliards prévus dans le cadre de la Loi de finances rectificative 2016, « afin de faire face à des coûts opérationnels accrus ». Patrick Imam souligne cette nécessité pour la JIRAMA de trouver des solutions, autres que les subventions de l’Etat. Le numéro un du FMI à Madagascar alerte : « la mise en œuvre du budget rectifié 2016 se trouve déjà sous pression. Elle sera encore plus difficilement soutenable cette année si l’Etat accommode la JIRAMA pour ses besoins additionnels ».
■Raitra