Mis à part les dirigeants politiques, associations et entreprises engagés dans l’organisation du sommet de la francophonie qui se tiendra à Antananarivo, le reste de la population ne se sent pas concerné puisque les effets immédiats de ce sommet sur son quotidien ne pourront qu’être indirects voire inexistants.
« Soutenons Madagascar, centre du monde », c’est ce qui accompagne les affiches et panneaux publicitaires annonçant la tenue du sommet de la francophonie à Antananarivo. Si Madagascar sera le centre du monde du 22 au 27 novembre, à quoi est-ce que la population doit s’attendre après cet événement : des résultats économiques ? Plus de crédibilité au sein de la communauté internationale ? Des relations à nouer sur le plan culturel ?
Des questions qui ont besoin de réponses et que les médias rapportent une à une. Pour l’instant, la majorité sait surtout que la plupart des établissements scolaires fermeront leurs portes durant ces six jours.
Echanges entre les organisations non gouvernementales et société civile francophones pour de meilleurs impacts des actions
Dans cette optique et pour que l’organisation prenne en compte les difficultés auxquelles font face les sociétés au sein de l’espace francophone, les organisations internationales non gouvernementales et la société civile francophones se sont réunies du 2 au 4 novembre à Antananarivo pour discuter et élaborer une déclaration commune, avec recommandations, à l’attention des dirigeants politiques, Chefs d’Etat, chefs de gouvernement, qui vont se réunir à l’occasion du sommet de la francophonie les 26 et 27 novembre prochains, ainsi que les instances internationales telles que la Francophonie et les Nations Unies. Les discussions et débats portaient principalement sur le thème central « De nouveaux défis qui appellent de nouvelles dynamiques » qui touchait quatre thématiques : la prévention de la radicalisation violente, les défis de la crise migratoire, le rôle de l’économie solidaire et responsable, l’importance de l’émergence des mouvements citoyens et sociaux. Cependant, au-delà de l’élaboration de cette déclaration commune, la société civile malagasy avance que les discussions ont donné l’occasion « de comprendre et de faire passer des messages forts et porteurs d’espoirs, entre nous membres de la société civile pour que nous ne baissions pas nos bras face aux innombrables difficultés qui s’érigent devant nous et qui nous semblent insurmontables ». Etre mieux écoutés et passer des messages forts pour réellement « répondre aux besoins de nos compatriotes surtout les vulnérables et souvent sans voix, vivant dans des zones enclavées, fort nombreux dans un pays appauvri tel que Madagascar ». Les discussions et échanges ont permis à la société civile malagasy de se projeter dans le futur pour déterminer où concentrer les efforts pour des élections libres et crédibles (2018). Les observations électorales devraient intéresser tout un chacun « car on sait que les résultats vont avoir des impacts sur nos actions et nos objectifs respectifs dans la protection et l’exploitation rationnelle de nos ressources, dans l’éducation de nos enfants » indique AndriamoraniainaHarijaona, coordonnateur technique du mouvement Rohy, qui portait la parole de la société civile malagasy lors de la clôture de la 10e conférence des OING et OSC francophones.
Qu’attendre de ce sommet ?
Mis à part les dirigeants politiques, associations et entreprises engagés dans l’organisation du sommet de la francophonie qui se tiendra à Antananarivo, le reste de la population ne se sent pas concerné puisque les effets immédiats de ce sommet sur son quotidien ne pourront qu’être indirects voire inexistants. Adama Ouane, administrateur de l’Organisation Internationale de la francophonie, affirme que l’aboutissement de cette organisation du sommet de la francophonie est gage de stabilité. Ce sommet de la francophonie à Madagascar met en confiance les investisseurs compte-tenu du fait que les gens ne vont pas dans les pays fragiles où ils sentiront de l’instabilité.
Une délégation conduite par le conseiller spécial du Président de la République, Hugues Ratsiferana, président du conseil national d'orientation de l'organisation du XVIe Sommet de la Francophonie a organisé une conférence à l’Alliance française d’Antsiranana pour expliquer les retombées de ce sommet.
D’après cette délégation, la francophonie est un lieu d’échange économique, social et culturel entre les pays qui parlent le Français. L’accueil du sommet implique que les opérateurs économiques auront l’opportunité de connaitre les marchés qui existent au sein de cette communauté, ils peuvent y trouver des partenaires et cela avec l’avantage que les deux parties parlent la même langue. De plus, Madagascar fait partie du forum francophone des affaires (FFA). Du 24 au 27 novembre, se tient à Antananarivo, le salon industriel de Madagascar, beaucoup d’investisseurs étrangers seront réunis en un seul lieu et s’intéresseront aux possibilités de travailler à Madagascar avec les investisseurs et entreprises malagasy. Des échanges commerciaux auront lieu avec une assistance mutuelle entre les pays membres de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie). Après le sommet, M/car aura la présidence de l’OID et celui du CONFEJES (Conférence des ministres de la jeunesse et de sports de la Francophonie) pendant deux ans. L’occasion pour le pays de mettre en place plusieurs projets structurants pour booster l’économie du pays et aussi chercher des partenaires dans tous les pays francophones.
En ce qui concerne la politique, l’accueil du sommet de la francophonie marque le retour effectif de Madagascar dans le concert des nations, une reconnaissance internationale après cinq ans de crise. Aussi, l’accueil de ce sommet sonne « comme l’annulation des punitions de Madagascar » souligne Manorohanta CécileDominique, présidente du conseil scientifique auprès du conseil national d’organisation du sommet. Les infrastructures construites dans le cadre de l’accueil de ce sommet profiteraient à la population, telles que les travaux routiers qui allégeront les trafics et réduiront les embouteillages.
Les régions, dont la DIANA, seront dotées d’une agence malagasy de développement économique et de la promotion d’entreprise (AMDPE). Cette agence mise en place par le comité national d’organisation (CNO) aura pour rôle de créer des emplois, de faire office d’appui pour l’amélioration d’exploitation des richesses à l’aide de projets structurants, de créer des emplois dans le respect de la dignité humaine, d’appuyer la création d’entreprise, la transformation de matières premières ainsi que le renforcement de compétences. Bref, un accompagnement pour assurer la viabilité des entreprises à créer.
■ V.M
Le sommet de la francophonie à Madagascar du 22 au 27 novembre
En 2008, Madagascar était désigné pour accueillir le XIIIème sommet de la francophonie, mais le pays étant depuis 2009 en pleine crise politique,le sommet de 2010 a été déplacé à Montreux, en Suisse. En avril 2009, le conseil permanent de la francophonie (CPF) avait pris la résolution de suspendre la participation de Madagascar à toutes les instances de la francophonie. Cette suspension a été levée depuis 2014 suite aux élections présidentielles et le retour du pays à l’ordre constitutionnel. Abdou Diouf, alors secrétaire général de la Francophonie déclarait alors « nous devons rester aux côtés des acteurs politiques et de la société civile de Madagascar, dans cette phase encore délicate, pour contribuer à l’enracinement de la paix, de la démocratie et permettre le retour au développement ».Le XVème sommet de la Francophonie de 2014, organisé à Dakar, a désigné Madagascar pour accueillir le prochain sommet. Le délégué général de l’organisation du sommet parle de la participation, confirmée, de 44 chefs d’Etat. Sont entre autres attendus, le Président de la République du Vietnam, le roi du Maroc, le Président de la République française, le premier ministre canadien, chacun suivi d’une forte délégation de centaines de personnes. Le Conseil Permanent de la Francophonie se tiendra le 22 novembre et la Conférence Ministérielle de la Francophonie du 23 au 24 novembre. Le sommet proprement dit aura lieu les26 au 27 novembre au Centre des Conférences Internationales (CCI) d’Ivato, Antananarivo.