Le dessin de Nino : « Père NoHery, où sont nos cadeaux ?», « Pas cette année, surprise surprise pour 2018 !»
Si l’année 2016 a été riche en événements internationaux pour Madagascar, 2017 s’annonce décisive. En cours d’année, le calendrier, les acteurs et préparatifs des élections présidentielles vont se mettre en place
En termes de bilan, comme l’année ne peut être à 100 % bonne ou mauvaise, d’un côté, dans la Grande île, la bonne gouvernance tant clamée laisse toujours à désirer. D’un autre côté, les deux sommets que le pays a accueillis ont renforcé certains plans dont la diplomatie et l’économie.
L’événement le plus marquant de l’année est sans aucun doute le sacre de l’équipe malagasy de pétanque. Madagascar est le champion du monde 2016 dans cette discipline. L’équipe malagasy a remporté la finale face à l’équipe béninoise sur un score de 13 points à 5. Malgré un dur parcours qui aurait pu décourager spectateurs et joueurs durant la phase éliminatoire, l’équipe de Christian Andrianiaina, Tita Razakarisoa et Hery Razafimahatratra a décroché le titre mondial. Le pays a reçu le championnat du monde cette année. Deux autres événements internationaux marquent l’année 2016 : le sommet du marché commun de l’Afrique orientale et australe et celui de la Francophonie qui se sont tenus dans la Capitale aux mois d’octobre et novembre. Le pays a eu l’occasion de faire entendre sa voix concernant son intégration régionale à travers le COMESA notamment. Les discussions des intellectuels se sont intensifiées sur la nécessité ou pas pour Madagascar d’avoir sa place dans ces marchés et communautés. Si dans le cadre du sommet du COMESA, les échanges se focalisaient sur l’évolution des procédures au sein du marché et les aides mutuelles (techniques) qui sont à mettre au point pour que le développement économique soit inclusif, le sommet de la Francophonie présentait pour Madagascar l’opportunité de nouer des coopérations. A l’instar de la vingtaine d’accords signés avec le royaume du Maroc pour appuyer l’économie et pour le bien-être de la population. Le séjour du roi du Maroc, Mohamed VI a par ailleurs marqué le mois de novembre bien qu’il ait, comme le dit la presse étrangère, « évité » le sommet de la Francophonie.
Une grogne sociale qui risque de s’aggraver en 2017
Liberté de la Presse
2016 a été une année noire pour le journalisme. Alors que la presse malagasy célébrait ses 150 ans – c’est en effet, en 1866 est paru le premier journal : Tenysoa –, le parlement a adopté le code de la communication qui dans plusieurs de ses articles met en danger la liberté de la presse et de l’expression. Le contenu de l’avant-projet du code élaboré dans le consensus avec les acteurs du média a été modifié avant sa présentation à l’Assemblée Nationale et le Sénat. Suite à l’adoption et à la promulgation de ce code controversé et à face aux nombreuses interpellations d’associations nationales et internationales (Mouvement pour la Liberté d’Expression, Reporters Sans Frontières, Union de la Presse Francophone…) les membres du gouvernement, des parlementaires et le Président de la République se cantonnent à dire que grâce à ce nouveau code aucun journaliste ne sera plus mis en prison et que les conditions de travail du journaliste sont désormais améliorées. Jusqu’à aujourd’hui néanmoins, les interpellations ne cessent pas. En novembre, le président de l’Union de la Presse Francophone appelait encore le Président de la République à relancer la discussion. Dans le classement de Reporters Sans Frontières (RSF) sur la liberté de presse dans le monde, Madagascar est en 56e place cette année sur 180 pays. Le questionnaire qui a permis d’établir les scores et le classement porte sur le pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des infrastructures soutenant la production de l’information. RSF note et dénonce les liens entre les entreprises privées et les pouvoirs politiques à Madagascar.
Les contestations des exploitations minières et surtout celles opérées par des sociétés chinoises ont aussi fait rage en 2016, dont celle de Soamahamanina. Tout porte à croire qu’elles se poursuivront en 2017 si le dialogue entre les populations environnantes, les exploitants et les gouvernants n’est pas initié.
Corruption
Corruption et gros poissons étaient certainement les termes les plus utilisés par les médias en 2016. Des dossiers concernant des personnalités ont fait l’objet d’investigation par le Bureau Indépendant Anti-Corruption et de poursuite auprès de la chaîne pénale anti-corruption. Le directeur de cabinet du ministère de la communication et des relations avec les institutions Nivo Ratiarison poursuivi pour détournement de fonds public et placé en mandat de dépôt, la conseillère du Président de la République, Claudine Razaiarimonjy pour détournement de subventions communales, mais dont l’affaire vient d’être classée. La corruption sous des formes différentes et de plus en plus flagrantes affecte de plus en plus l’opinion et les vindictes populaires d’une population qui ne croit plus en ses élites gagnent du terrain et ce partout dans l’île. Le cas le plus récent et le plus bruyant a été celui de Mampinkony où la prison et la gendarmerie ont été incendiées par une population en colère.
Insécurité
L’insécurité qui touche autant le milieu rural qu’urbain ne devient que des faits divers relatés dans la presse. Les efforts afin d’y remédier ne suffisent pas si l’on se réfère aux interpellations de la population et des ambassades. Le Président de la République française, François Hollande, à Madagascar lors du sommet de la Francophonie a souligné l’importance d’une collaboration étroite en matière de sécurité. « J’ai abordé cette question de la protection, de la sécurité avec le président Hery Rajaonarimampianina et j’ai voulu que nous puissions définir une coopération judiciaire qui se mette en place et puis aussi des coopérations en termes de sécurité » a-t-il évoqué. Outre les meurtres et attaques à main armée de Français dans le nord du pays (Nosy Be et Antsiranana), d’autres cas sont répertoriés ailleurs : Sainte-Marie, Toliara… le Président français ne pouvait manquer de souligner cette nécessité de réinstaller un environnement sécurisant. François Hollande qui a rappelé aussi les attentats qui ont atteint la France en 2016. Face à ses compatriotes à Antananarivo, il a appelé à ne pas céder à l’abattement et de se rassembler quelles que soient les circonstances.
Élections
En 2017, devraient commencer les préparations des élections présidentielles de Madagascar 2018 et les noms des candidats ainsi que les dates des élections seront dévoilés. Dernière ligne droite aussi pour Hery Rajaonarimampianina pour prouver qu’il a rempli sa mission difficile de redressement du pays d’après la crise et la période transitoire, surtout si ce numéro un du HVM (HeryVaovaon’iMadagasikara) est candidat à sa succession.
■ V.M