L’ancien Président de la République Zafy Albert est considéré comme le père de la démocratie à Madagascar. Photo: espacemadagascar.e-monsite.com
Le corps de l’ancien Président de la République Zafy Albert arrive ce jour dans la Capitale de Madagascar. La veillée funèbre de ce soir est réservée à la famille, un culte œcuménique aura lieu le 16 octobre avant que le corps soit amené à Betsiaka, là où il est né le 1er mai 1927, dans le district d’Ambilobe
Tous les drapeaux sur le territoire malagasy sont en berne à partir de ce 14 octobre. Pour un hommage auquel tout citoyen peut participer, le corps de l’ancien Président de la République sera transporté au Palais des Sports et de la Culture à Antananarivo le 15 octobre où il sera jusqu’au lendemain pour le culte œcuménique. Le jour de son inhumation est journée de deuil national.
L’ancien Président est décédé d’un accident-vasculo-cérébral ischémique qui s’est mué en accident vasculo-cérébral hémorragique. Le professeur Zafy Albert a eu cet AVC ce mercredi 11 octobre et a été admis à l’hôpital Befelatanana avant d’être transféré à la polyclinique Ilafy. Une évacuation sanitaire à l’île de la Réunion s’est imposée pour désobstruer un vaisseau sanguin cérébral. Zafy Albert a rendu son dernier souffle à l’hôpital Saint-Pierre, La Réunion le 13 octobre à 11 heures 10 minutes. Zafy Albert est le troisième Président de la République malagasy et le premier Président de la troisième République. Son entrée en politique se fait en toute discrétion. De 1972 à 1975, il est le ministre de la santé et des affaires sociales du gouvernement de Gabriel Ramanantsoa durant la Transition militaire. Ses connaissances et compétences médicales, il les a acquises auprès des universités françaises (Montpellier et Paris) et de sa pratique au sein des établissements sanitaires malagasy. En 1975, il s’écarte de la politique pour revenir à sa carrière universitaire. Il est élu Président de la République en 1993 poussées par la coalition des opposants « Hery velona Rasalama » de l’ancien Président Ratsiraka. Il bat ce dernier au deuxième tour des élections en remportant 66% des voix. Dans une déclaration devant la presse malagasy et en présence de la famille de Zafy Albert, le Premier Ministre Mahafaly Olivier parle d’une perte qui n’affecte pas seulement la famille du défunt, mais tout le peuple malagasy qui a perdu un « andrarezina », un grand homme. L’ancien ministre Hajo Andrianainarivelo regrette la perte d’un homme bon «olo-manga », un « ray aman-dreny » La sénatrice française Nassimah Dindar, dans un communiqué, fait l’éloge « d’un homme de grande sagesse » et déplore la perte « d’un ardent défenseur de la réconciliation et de l’unité nationale ». Si Madagascar a connu une avancée en tant qu’Etat démocratique et en Etat de droit, c’est certainement grâce au Président Albert Zafy qui en respectait consciencieusement les principes. Albert Zafy mettait toujours en avant le dialogue et le consensus, toujours à l’écoute des institutions même si leurs avis ne lui étaient pas toujours favorables du point de vue politique et de gouvernance durant son mandat présidentiel. Si la société civile malagasy et la presse en est à sa place et force actuelle, l’ancien Président y est pour beaucoup, toujours dans son insistance de mettre chaque institution à la place qu’elle doit être. Les personnes qui côtoyaient l’ancien Président parlent d’un homme jovial, toujours prêt à partager ses connaissances en tant que chirurgien, scientifique et politique. Si l’on devait représenter la démocratie à la malagasy, elle ressemblerait à la pratique politique de Zafy Albert : veiller au respect des principes démocratiques tout en obéissant aux grandes lignes de la valeur de la société malagasy basée sur le fihavanana. L’espoir est que tôt ou tard, les politiciens, gouvernants et dirigeants du pays puissent apprendre de ses hommes et femmes d’Etat, de leurs parcours, de leurs erreurs et succès, pour une meilleure pratique de la politique à Madagascar ou pour que du moins, leurs noms resteront dans l’histoire comme il le sera pour le Président Zafy Albert et ce pour de très bonnes raisons.
■ V.M