La dépouille mortelle du Professeur Zafy Albert a quitté Antananarivo le 16 octobre pour être inhumée le 21 octobre à Betsiaka (Photo: SartPik)
Les mots sont ceux de sa fille, Sylvie Zafy, dans l’hommage qu’elle a rendu à son père le 16 octobre au Palais des Sports et de la Culture à Antananarivo… Avant que la dépouille mortelle du Président Albert Zafy quitte la Capitale pour son Betsiaka natal
L’ancien Président de la République, était un homme « humble, droit, honnête », il était attaché à ses principes et peu importe les raisons et les difficultés, il ne s’en est jamais détourné « ce qui ne t’a pas toujours servi » lui dit sa fille dans son hommage « mais tu peux partir la tête haute, papa ». Le Président garde toute sa dignité, fidèle à lui-même et à ses principes à un moment où à Madagascar la pratique politique est synonyme de soif de pouvoir, de retournement de veste et d’inconstance politique.
Un Président incompris, devenu père de la démocratie à Madagascar
Tout le monde n’a pas apprécié la manière qu’avait le Professeur Zafy Albert de voir la politique et la démocratie. Certains lui en ont voulu de ne pas avoir résisté à sa motion d’empêchement en 1996 et de ne pas avoir lutté pour garder le pouvoir. Ses successeurs ont effectivement prouvé des années plus tard qu’il est possible de se maintenir au pouvoir par tous les moyens : la force, l’argent, la manipulation et les alliances les plus improbables vue que les idéologies sont contradictoires. Seulement, il est clair que tous les Chefs d’Etat ne marqueront pas les esprits comme le Professeur Zafy Albert. D’autres politiciens se moquent du tour de Madagascar qu’il a fait à bord de 4×4. Manoro Régis du parti UNDD (Union Nationale pour le Développement et la Démocratie) confirme ce qui a toujours été la priorité du Président Zafy Albert « se rapprocher de la population et connaitre quels sont les problèmes pour identifier les solutions ». Pour Zafy Albert, le tour de Madagascar en voiture, surnommé alors « Madaraid », était une manière de réaliser cet objectif. Dans de nombreuses localités, lui-même apportait la solution aux tracas des communautés. Il soignait, pratiquait de la chirurgie et l’accouchement. Tout cela, il les effectuait après avoir demandé l’autorisation du secrétaire général de la santé à l’époque, d’après le Professeur Ange Andrianarisoa. Les critiques fusaient aussi quant à son obstination de faire de la réconciliation nationale une priorité. Une lutte qu’il a menée pendant des années et qui se concrétise maintenant par la mise en place d’une nouvelle institution qu’est le conseil national de la réconciliation. Bien que rares, voire très rares, sont les hommes politiques qui ont cette force de caractère et cette personnalité et rares aussi qui ont appris du Professeur Zafy Albert et prêts à suivre son exemple, tous admettent que l’homme politique et le dirigeant qu’il était est irréprochable.
Zafy Albert était aussi enseignant, chercheur, chirurgien
Le Professeur Panja Ramanoelina, président de l’université d’Antananarivo a tenu à le rappeler. Zafy Albert n’était pas seulement l’ancien Président de la République. Tout ce qu’il entreprenait était pour la société. Il était médecin-chirurgien, enseignant-chercheur et professeur titulaire. Le Professeur Ange Andrianarisoa soutient qu’il était toujours motivé dès qu’il s’agissait d’apprendre, « en tant qu’enseignant il était sévère, et juste dans ses appréciations et jugements ». Zafy Albert est passionné de recherche. Il a même un laboratoire de Physique à son villa sis à Ivandry. Le Professeur marque l’histoire de la médecine à Madagascar. Il a ouvert le service cardio-thoracique de l’actuel hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona et a déjà été chef du service de chirurgie à l’hôpital Befelatanana. Il est parmi ceux qui ont ouvert l’école de médecine de Fiadanana, Antananarivo et était professeur titulaire à la faculté de médecine à son décès. Le Professeur Zafy Albert sera inhumé à Betsiaka, Ambilobe ce 21 octobre. La dépouille mortelle a quitté Antananarivo ce 16 octobre vers 14 heures. Zafy Albert laisse sa veuve Thérèse Zafy ainsi que leurs trois enfants et leurs petits-enfants.
■ V.M