Les groupements d’entrepreneurs des secteurs d’activités existants à Madagascar dénoncent les défaillances de l’Etat en matière de sécurisation
Comment s’attendre à une bonne reprise de l’économie lorsque la population règle par elle-même les cas d’injustice dont elle est victime et que les entrepreneurs craignent chaque jour pour leur sécurité et celle de leur famille ?
Dans un communiqué transmis à la presse le 25 janvier, plusieurs groupements d’entrepreneurs de tous les secteurs d’activités existants à Madagascar dénoncent les défaillances de l’Etat en matière de sécurisation. Ils exigent que l’Administration prenne des mesures dans les meilleurs délais face à cette insécurité et violence devenues quotidiennes, touchant toutes les couches de la population. Avec la corruption grandissante et l’impunité, il se crée un cercle vicieux d’insécurité et de pauvreté.
Le communiqué en entier
Halte à la violence quotidienne ! Halte au développement de l’industrie du kidnapping ! Halte à l’insécurité généralisée !
Tout le monde est concerné, tout le monde est en danger : trop c’est trop !
Cette semaine encore, un homme d’affaires Indo-pakistanais a été enlevé, ajoutant encore au sinistre décompte du nombre d’enlèvements, plus de 90 personnes aujourd’hui. Ces enlèvements crapuleux perpétrés par des hommes organisés, entrainés et visiblement formés à l’usage des armes, commandités par des cerveaux jamais clairement identifiés et encore moins condamnés ciblent en priorité la communauté d’affaires, s’attaquant indistinctement à toutes les nationalités et n’épargnant pas, même les jeunes enfants ce qui est contraire à nos traditions. Le dernier enlèvement d’enfant, commis la veille des fêtes de Noël a particulièrement marqué les esprits et a fait prendre conscience par ses caractéristiques qu’un cap a été franchi. Ces bandits n’ont plus aucune limite, aucun scrupule. Tout le monde est concerné, tout le monde est en danger, à tout moment, en tout lieu. Les enlèvements sont devenus un véritable business d’une mafia dont les ramifications sembleraient atteindre les hautes sphères du pouvoir militaire et politique, créant une situation de terreur nationale. Si de hautes personnalités censées nous gouverner ou nous protéger versent dans des pratiques aussi crapuleuses que criminelles, il y a lieu, non seulement de tirer la sonnette d’alarme, mais également de craindre le pire. Ces kidnappings spectaculaires ne sont malheureusement que la partie émergée de l’iceberg. Les zones rurales sont également en butte à ce fléau. Des petits malfrats enlèvent et rançonnent les villageois pour une poignée d’ariary. Des autobus sont attaqués et des véhicules pillés en pleine capitale en plein jour.
L’Etat faillit lourdement à ses responsabilités : trop, c’est trop !
La violence et l’insécurité sont devenues quotidiennes touchant toutes les couches de la population à un niveau jamais atteint à Madagascar. Cette situation mine considérablement le moral des chefs d’entreprises et de leurs salariés, obligeant les entreprises à investir des moyens importants aussi bien dans leur propre sécurité que dans celle de leurs salariés. L’Etat, volontairement ou involontairement, faillit à deux de ses responsabilités régaliennes que sont la protection des citoyens et la mise en œuvre de la justice. La corruption grandissante aidant, les cas d’impunité sont légion, multipliant les réactions de plus en plus nombreuses de justice populaire, la population ne faisant plus confiance ni aux forces de l’ordre ni à la justice. Il est avéré cependant que la très grande majorité des recettes fiscales et douanières du pays proviennent des entreprises et de leurs salariés également consommateurs, contributeurs à la TVA. Alors que les impôts payés servent essentiellement à rémunérer les fonctionnaires censés servir l’intérêt général de la population, dont la sécurité et la justice, force est de constater que dans ces deux domaines, l’Etat faillit lourdement à ses responsabilités.
La population attend des mesures concrètes : trop, c’est trop !
Les chefs d’entreprises et leurs salariés décident ainsi à compter de ce jour de manifester publiquement pour montrer leur grande inquiétude et leur colère face à une situation devenue intolérable. Avec le soutien de la société civile, ils demandent que l’Administration reconnaisse la gravité de la situation et que, d’autre part, elle s’engage à prendre les mesures dans les meilleurs délais qui s’imposent afin de rétablir la sécurité et la confiance dans le pays. Nous l’exigeons et nous mettons l’Etat en face de ses responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.
Antananarivo, le 19 janvier 2018
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