Près de 40 députés sur les 151 élus ont répondu présents à la présentation du programme de mise en œuvre de la PGE par le Premier ministre
Après une première tournée dans le nord de Madagascar : à Sambava, à Antsiranana et Ambilobe, le Premier ministre Christian Ntsay, a affronté pour la première fois le parlement ce 28 juin en présentant le programme de mise en œuvre de la politique générale de l’Etat
Bien que la présentation faite par le Chef du gouvernement soit primordial à savoir pour les parlementaires (censés exercer un contrôle sur l’exécutif), et que ce passage du Premier ministre à l’Assemblée Nationale permettait aux députés de poser directement les questions adéquates, seule une quarantaine d’entre eux étaient présents. L’effectif des députés présents ne représentait même pas le quart du nombre total des membres de cette Assemblée.
Citoyens, politiciens et analystes politiques scrutent chaque prise de parole, chaque attitude afin de cerner la personne du Premier ministre. La catégorisation dans tel ou tel parti politique, pour déterminer si Christian Ntsay est un pion du HVM ou « vraiment » un digne missionnaire du MAPAR, est devenue l’objet des attentions. Que l’établissement de ce lien avec un parti soit nécessaire ou pas, la partie de la population qui s’intéresse à la vie politique de la Nation attend quant à elle la réalisation des bonnes intentions du Premier ministre. « Soit, ces intentions représentent une énième expression de détermination politique qui ne seront pas suivies d’effet (comme d’habitude d’ailleurs), soit elles répondraient au moins aux besoins basiques de la population qui jusqu’ici ne fait que subir le dépouillement par les politiciens de ce qui est censé être le sien. Une pauvre spectatrice de cinéma politique qui se reconnait en la victime d’un quelconque vol dont le butin est partagé entre tel et tel individu» relate André Ferdinand qui suit de près la vie politique du pays depuis les années 1970. Pour le sexagénaire, l’appartenance du Premier ministre à un parti politique importe peu, puisque tout dépend « de sa capacité et sa liberté à agir ». Par ailleurs, quel que soit son parti, les membres de l’Assemblée Nationale, même ceux qui ont quitté la Place du 13 mai n’étaient pas très enclins à discuter avec lui des priorités en matière de mise en œuvre de la politique de l’Etat.
Toutes les actions annoncées mènent aux élections
A l’Assemblée Nationale, le Premier ministre Christian Ntsay a réitéré et détaillé les déclarations qu’il a faites à Antsiranana. Son programme de mise en œuvre de la politique générale de l’Etat est divisé en trois parties, suivant les priorités du gouvernement : élections, paix et sécurité publique, gestion des affaires publiques, mais le Chef du gouvernement entend s’attaquer directement aux problèmes majeurs qui ruinent le pays : l’insécurité (lutte contre le grand banditisme), la corruption, l’instabilité sociale et politique et les obstacles liés à l’état des routes. Les différentes explications données par le Premier ministre et le contenu même du programme de mise en œuvre du PGE donnent un aperçu de la méthode de travail et le mode d’actions des membres du gouvernement. Le tout visant en même temps la réalisation des élections. La transparence dans la gestion des affaires publiques et dans l’organisation des élections est l’une des priorités du gouvernement. Exigence est par ailleurs émise par Christian Ntsay pour la neutralité des agents de l’Etat qui seront impliqués dans l’organisation des élections. Pour la paix sociale, il fait appel au dialogue social, un point sur lequel le Premier ministre est expérimenté puisque c’est sur le dialogue social qu’est basé toute prise de décision en matière de travail (une approche adoptée et promue par l’Organisation Internationale du Travail, organisation à laquelle il appartenait avant sa nomination en tant que Premier ministre). La rigueur dans la gestion des deniers publics a été soulignée par Christian Ntsay pour mettre fin aux pertes de temps et aux gabegies dans les administrations publiques… Puisque la présentation du programme de mise en œuvre de la PGE a été suivie de questions posées par les députés à l’intention du Chef du gouvernement, Josoa Marohajaina Andrianirina, député de Madagascar élu à Ambatondrazaka a soulevé un problème administratif majeur : il n’y a pas de continuité de l’Etat. « A chaque changement au niveau d’un ministère, nous devons renouveler les dossiers dont les rapports à transmettre au ministère » a-t-il précisé. Le député de Madagascar élu à Mananjary, Anthelme Ramparany, a quant à lui appelé les membres du gouvernement à ne pas porter de couleur politique lors de leur déplacement professionnel. « Ce gouvernement est de consensus et donc neutre. Il n’a pas à valoriser une couleur politique » déclare-t-il. Le programme de mise en œuvre de la PGE étant établi, il est maintenant temps aux actions. Aux membres du gouvernement de retrousser les manches.
■ V.M