Ce ne sont pas moins de 60 000 contractuels de la Commission Electorale Nationale Indépendante de Madagascar (CENI-Madagascar) qui sont actuellement mobilisés dans tout Madagascar afin d’améliorer les listes électorales. En effet, la principale critique des observateurs internationaux à propos du référendum du 17 novembre 2010 portait sur la fiabilité des listes électorales.
Les listes utilisées lors de ces consultations étaient celles préparées en 2002 pour les élections législatives. Ces listes étaient les premières à être constituées à l’aide de l’outil informatique qui, mal maîtrisé a entraîné un nombre d’erreurs important. De plus, la croissance démographique du pays entraine une rapide obsolescence de ces listes qui demandent à être mises à jour fréquemment. Mais le principal problème reste l’absence d’état civil en bonne et due forme pour une encore trop large tranche de la population que Jean de Dieu Raveloson, ancien Secrétaire Général de la Région DIANA et Commissaire Electoral National à la CENI-Madagascar estime à 10% en zone urbaine, et encore plus en zone rurale.
«La délivrance de la carte électorale est conditionnée à la présentation d’un carte d’identité nationale dont, malheureusement, encore trop de nos concitoyens ne disposent pas. C’est pourquoi nous avons lancé une vaste campagne de sensibilisation pour inciter les citoyens à régulariser leur situation en demandant la délivrance d’une carte d’identité par la présentation de copies d’actes de naissance ou à défaut en sollicitant auprès du Tribunal d’Instance de leur ville un jugement supplétif. C’est dans cet objectif que la CENI a entamé une grande campagne au niveau national. Nous avons commencé par une action de deux semaines dans le Grand Tana et dans la Région Analamanga puis les équipes se sont dispersées dans tout le pays pour une campagne qui durera durant un mois et pour laquelle quatre représentants de la CENI sont affectés à chacun des Fokontany. Ces personnels ont pour mission d’effectuer du porte à porte pour sensibiliser les habitants et les aider à effectuer les démarches nécessaires pour régulariser leurs situations. Ce travail demande d’importants moyens et nos équipes s’investissent sur le terrain pour diffuser ce message par les radios, télévisions et représentants locaux.»
A la question de la date que prévoit le Gouvernement pour les élections présidentielles et législatives qui devraient mettre un terme à la période de transition, Monsieur Jean de Dieu Raveloson nous répond que «A la différence d’autres CENI d’Afrique, la CENI de Madagascar n’a qu’un rôle consultatif en cette matière et ne peut que proposer une date ; la décision définitive étant du ressort des instances politiques. Certains des observateurs de l’ONU pensent qu’il n’est pas possible d’organiser ces élections dans de bonnes conditions avant la saison de pluies et préconisent qu’elles se déroulent dans onze mois minimum. Nous croyons nous à la CENI qu’il est possible de la faire avant la fin de l’année et c’est pourquoi nous déployons tous nos efforts afin de constituer une liste électorale irréprochable et ainsi de permettre au Gouvernement de présenter un calendrier électoral avant la fin du mois de juin. L’objectif principal de la CENI- Madagascar est d’asseoir des élections libres, transparentes, crédibles avec professionnalisme, rigueur et droiture.»
Le Ministre de l’Intérieur en visite à Diego Suarez
Mr Florent Rakotoarisoa, ancien Ambassadeur de Madagascar au Canada et nouveau Ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’Union Nationale était en visite à Diego Suarez les 27 et 28 mai pour participer à un atelier avec tous les représentants de l’administration territoriale des Régions DIANA et SAVA. Participaient de même à cet atelier les représentants des Forces Armées, de Forces de Police et de Gendarmerie, et des services de la Justice. Monsieur Le Ministre de l’Intérieur a bien voulu répondre à nos questions.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous préciser le motif de votre présence à Diego Suarez ?
Vous n’êtes pas sans savoir que la CENI-Madagascar mène actuellement une vaste campagne de sensibilisation des populations à la nécessité de s’inscrire sur les listes électorales. Nous sommes ici avec notre équipe du Ministère pour affirmer tout notre soutien à cette action. Vous savez que malheureusement plusieurs millions de jeunes malgaches en âge de voter ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Ces formalités sont pourtant simples. D’après le nouveau Code Electoral, qui a été partiellement voté mais qui doit encore être présenté au Conseil Supérieur de la Transition pour validation, seule une Carte d’Identité Nationale (CIN) est nécessaire pour accomplir cette formalité d’inscription. Nous sommes venus transmettre un message de priorité aux Chefs de Districts pour qu’ils mettent tous les moyens à disposition en œuvre pour soutenir cette opération. Tout en prenant bien garde de ne pas empiéter sur l’indépendance de la CENI, nous lui fournissons un appui technique continu grâce à nos cadres compétents et bien rodés sur les questions techniques d’organisation des élections. Nous disposons également de locaux et de matériels qui peuvent leur être d’une aide précieuse.
Certains représentants de l’ONU ont déclaré qu’un minimum de 11 mois est nécessaire pour préparer les élections afin qu’elles se déroulent dans de bonnes conditions ?
Les membres de la CENI-Madagascar nous affirment qu’il est valablement possible d’organiser les élections dans un délai de six mois. Nous avons bon espoir mais il est difficile de nous prononcer tant que ces listes ne sont pas publiées et validées. Les résultats des discussions prévues au siège de la SADC à Gaborone (Botswana) du 5 au 8 juin influeront aussi certainement sur la décision finale.
Sur un tout autre sujet, Mr Le Ministre, vous avez évoqué lors de votre allocution d’ouverture de l’atelier, votre souci d’assainir les questions d’immigration. Comme vous la savez, la Région DIANA est une de celles qui compte le plus d’investisseurs étrangers à Madagascar, il se trouve que bon nombre d’entre eux, alors qu’ils ont accompli toutes les démarches nécessaires sont sans nouvelles des procédures d’attribution des visas les concernant, et font par ailleurs l’objet de tracasseries de la part de membres des Services de l’Immigration qui leurs reprochent d’être dans l’illégalité.
J’ai effectivement été surpris lors de ma prise de fonction de constater que ne sont pas moins de 4 000 dossiers qui sont en attente de traitement au sein du Ministère. Je pousse depuis mes équipes pour qu’elles accélèrent considérablement leur cadence et que ces 4 000 dossiers soient traités dans les deux mois. Nous avons également la volonté de nous pencher sur la question du tourisme sexuel qui reste malheureusement un problème préoccupant dans notre pays.
Il se dit régulièrement que les Chefs de Région de Madagascar seraient remplacés par des administrateurs civils. Y-a-t-il une réforme en préparation ?
Non, aucunement. Ce sont des bruits qui courent. Nous travaillons étroitement avec le Ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire et cette question n’est à notre connaissance pas à l’ordre du jour.
A Diego Suarez, depuis quelques années maintenant la question du problème des Foroches revient souvent…
Il y a un phénomène de sur-médiatisation pour ce qui n’est à la base qu’un problème courant de petite délinquance liée à la consommation de drogues et d’alcool. Cela rentre aussi dans le cadre de notre atelier de ce jour au cours duquel nous allons tenter de dégager des solutions pérennes à ce qui est il faut bien le dire, une plaie.
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