1.873.000, c’est le nombre approximatif des enfants économiquement actifs que l’ENTE ou Enquête Nationale sur le Travail des Enfants a établi avec l’INSTAT, Institut National de la Statistique.
C’est le 12 juin que la Journée Mondiale contre le travail des enfants aurait dû être célébrée. Mais puisque cette date coïncidait avec la Pentecôte, la cérémonie officielle est reportée au 17 juin et aura lieu à Antsiranana.
Au niveau mondial, la Convention n°138 de l’Organisation Internationale du Travail dispose que l’âge minimum à l’admission à l’emploi est de 15 ans, cet âge a été donc repris par le Code du travail malgache dans son article 100. Mais nous pouvons constater partout à Madagascar que les employeurs et les parents qui envoient leurs enfants travailler ne prennent pas en compte cet âge. Ainsi nous pouvons voir partout à Madagascar, des petites filles de 10, 13 ans qui travaillent comme domestiques en ville et des garçons de 8 ans, casseurs de pierres.
Malgré l’engagement de l’Etat en ratifiant la Convention relative aux Droits de l’enfant des Nations Unies en 1991 et les Conventions de l’OIT sur l’élimination du travail des enfants, malgré les efforts des ONG, des associations, de l’UNICEF, de l’IPEC, etc., le nombre des enfants travailleurs ne cesse d’augmenter à Madagascar. Pour comparaison, en 2005 il a été aux environs de 1 600 000 enfants et en 2007, de 1 873 000. Nous pouvons imaginer à combien ce chiffre est maintenant, après deux ans de crise économique. Notons que le dernier chiffre que nous avons pu obtenir en ce qui concerne le travail des enfants remonte à l’année 2007.
Si le travail des enfants est aussi difficile à éliminer c’est parce qu’il est lié aux problèmes financiers des ménages et donc au sous-développement du pays. Ceux qui œuvrent dans la lutte contre le travail des enfants ne peuvent pas accéder aux lieux les plus touchés par ce phénomène, c’est-à-dire le milieu rural. En effet, si 19% des enfants en milieu urbain exercent une activité économique, 31% des enfants en milieu rural travaillent et c’est dans l’agriculture et la pêche que l’on trouve le plus d’enfants travailleurs. Dans tout Madagascar 28% des enfants entre 5 et 17 ans sont économiquement actifs.
Selon toujours l’ENTE, la DIANA est parmi les Régions dont la proportion d’enfants travailleurs est assez petite puisqu’elle est de 8,3%. Ce qui fait quand même 19 000 enfants dont 0,6% sont astreints à un travail dangereux, voire aux pires formes de travail prévues par le décret 2007-563: exploitation sexuelle, services aux particuliers, travail dans les carrières de pierre et d’exploitation minière, en milieu insalubre, pêche traditionnelle, travaux agricoles dangereux. Les Régions Vakinankaratra et Betsiboka comptent les plus d’enfants travailleurs à Madagascar.
A Antsiranana, nous avons rencontré deux enfants travailleurs : Ramata Y. et Jeannot.
Ramata Y. est une fille de 14 ans, en classe de troisième. Un jour, ses parents lui ont dit qu’ils ne pouvaient plus payer ses frais de scolarité (car elle étudie dans une école privée) et il va falloir qu’elle quitte l’école. Comme elle a refusé d’abandonner ses études, elle est maintenant obligée de travailler le mercredi après-midi et le samedi pour payer l’écolage. Elle fait la lessive et maintenant elle travaille dans l’artisanat, ce qui pourrait lui être bénéfique selon elle car elle acquiert de l’expérience.
Jeannot quant à lui, va au Collège d’Enseignement Général. Ses parents se sont séparés, il est resté avec sa mère, son père ne veut plus entendre parler d’eux. Et puisqu’il est l’aîné, il aide sa mère que ce soit dans l’éducation de ses frères et sœurs qu’au niveau financier. En sortant du CEG à 11 h, il court au parcage Namakia pour chercher le lait qu’il redistribuera à ses clients. Il termine vers 13 h 30, heure à laquelle il doit retourner en classe.
Rares sont les camarades de classe et les enseignants qui connaissent la situation dans laquelle se trouvent ces enfants car ils ne se plaignent jamais. Il s’agit d’un choix qu’ils ont fait eux-mêmes. Notons que sur les 1 873 000 enfants travailleurs, 11,5% seulement fréquentent l’école.
■VM
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