Première depuis trois ans, une frégate française de la Marine Nationale a fait une escale dans un port de Madagascar.
Le Nivôse, en provenance de l'île de la Réunion où il est basé au Port des Galets, faisait escale à Diego Suarez pour terminer ses préparatifs avant de rejoindre sa mission principale : un exercice en partenariat avec l'Afrique du sud avec pour théâtre le Canal du Mozambique. Le Capitaine de vaisseau Cazin, son commandant, a reçu les autorités de la ville pour un déjeuner. Une visite guidée était proposée à la presse.
Le Nivôse est une frégate française de surveillance de la classe « Floréal », de 93,5 m de long et 2 950 tonnes de déplacement, embarquant 93 hommes et femmes ainsi qu'un hélicoptère Panther. Construit en 1991 aux Chantiers de l'Atlantique à St Nazaire, le Nivôse est le troisième bâtiment de sa classe, la première à être construite dans un chantier civil et avec la méthode par blocs. Sa mission principale ordinaire est la surveillance des Zones Économiques Exclusives (ZEE) des îles françaises des mers du sud. Depuis 2008 cependant, il a consacré près de la moitié de son temps à la mer à la mission Atalante, le dispositif international mis en place pour lutter contre la piraterie dans l'Océan Indien.
Sa conception le prépare parfaitement à son type de mission : d'une construction robuste et simple, avec un armement léger mais dimensionné pour affronter les situations rencontrées au cours de ses patrouilles. Son canon de 100mm est en effet largement suffisant pour inciter les bateaux de pêche en infraction ou skiffs de pirates à une attitude coopérative. Il porte en outre deux lances missiles pouvant tirer en quelques minutes des MM38 "Excocet" qui lui permettent de faire face à une menace plus sérieuse. Son hélicoptère, avec ses 3h d'autonomie et ses capacités de détection d'une portée de 200 miles nautiques lui assure une grande efficacité dans sa mission de surveillance, puisque ce sont des zones de plusieurs milliers de kilomètres carrés qui peuvent être couvertes.
Son équipage est principalement composé de quartiers-maitres, c'est à dire de techniciens ou d'ingénieurs, reflétant l'évolution du métier de marin qui fait appel à une technicité et des compétences de plus en plus spécialisées. Le Commissaire Catta, qui assure la visite, nous explique cependant que la spécificité de la vie du marin est qu'il occupe alternativement plusieurs postes en fonction des situations. Et il nous cite son cas en exemple : si sa fonction principale est la gestion des ressources du bord, il devient également le responsable des opérations aériennes et se trouve dans la tour de contrôle au dessus de la plate-forme d'envol pendant les mouvements de l'hélicoptère. C'est par ailleurs également son équipe composée des comptables du bord qui est responsable ...des deux canons de 20mm ! Cette multitude de spécialités exige une formation et un entraînement constant et nous constatons que pendant le bref moment que nous avons passé à bord, plusieurs exercices se sont déroulés.
|
La principale préoccupation en temps ordinaire est la lutte contre l'incendie. La multitude de câbles électriques associée avec la présence de grandes réserves de carburant et de munitions rendent en effet ce danger conséquent. Des équipements d'intervention avec respirateurs à oxygène sont omniprésents dans les coursives, pas un recoin ou quelques-uns ne soient accessibles. Une veille est assurée en permanence depuis le PC machine qui dispose d'une vaste gamme d'indicateurs qui lui signalent la moindre anomalie et lui permettent d'intervenir immédiatement.
|
Les aménagements, bien qu'exigus, sont confortables et biens équipés. La classe « Floréal » a en effet été conçue selon des normes civiles, et la qualité du cadre de vie est une élément essentiel au bon déroulement de missions en mer qui peuvent durer jusqu'à cinq mois consécutifs. Le Nivôse est jumelé avec la ville de Nouméa, en Nouvelle Calédonie, et chacune de ses coursives porte le nom d'un rue de cette ville. Mais les distractions restent rares et les escales attendues avec impatience.
Le commandant du navire, le Capitaine de vaisseau Cazin, nous dit son plaisir de visiter Diego Suarez dont le nom, pour un marin, est chargé d'histoire. Il connait bien Madagascar pour y avoir effectué des séjours dans le cadre de missions humanitaires du côté d'Antsirabe et se dit heureux que sa mission lui donne l'occasion de venir témoigner de son attachement à ce grand pays.
Il se dit également agréablement surpris par la qualité des aménagements du port qui vient d'être rénové mais nous confie qu'actuellement le ravitaillement en vivres et carburant, ainsi que les interventions de maintenance se font à l'île Maurice dont la compétitivité efface même l'île de la Réunion où la Nivôse a son port d'attache. La situation de Diego Suarez, à mi-chemin de Mayotte et à l'embouchure nord du Canal du Mozambique, en ferait pourtant un port de relâche incontournable de cette zone de l'Océan Indien si les opérateurs du port parvenaient à hausser leur compétitivité au niveau de celle de Maurice. Meilleur coût des carburants et mise à niveau des ateliers de la SECREN viendraient renforcer la légendaire qualité d'accueil, la grande variété de produits frais disponible et la richesse touristique de la région pour redonner à Diego Suarez sa dimension de grand port de l'Océan Indien et ainsi donner un nouveau souffle économique à la région.
Retrouvez plus de photos de la visite de la Nivôse sur le site www.photos-de-madagascar.com
Commentaires
Avec nos excuses...
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.