Depuis des années, cet établissement de formation de hauts fonctionnaires de Madagascar a fait l'objet de nombreuses polémiques liées à la corruption. Maintenant, les responsables ainsi que ceux des autres établissements nationaux et les ministères de tutelle veulent à tout prix changer cette image. Y parviendront-ils ?
Le DG de l'Ecole Nationale d'Administration de Madagascar, M. Rajaonarivelo Théogène lui-même s'est rendu à Antsiranana pour rassurer le public et encourager les personnes concernées à participer au concours 2011-2012, afin de garantir aussi l'égalité des chances au concours en tenant informés les citoyens vivant loin de la Capitale.
Un concours garanti contre la corruption ?
Vulgariser ce concours d'entrée à l'Ecole Nationale d'Administration de Madagascar afin d'assurer l'égalité des chances d'admission à la formation de hauts fonctionnaires, tel est l'objectif de cette rencontre entre le DG de l'ENAM et le public à l'Hôtel de La Poste Antsiranana le 25 novembre 2011.
Le Chef du District Diego I, le Directeur régional par intérim de la fonction publique et des lois sociales, le CST Rasolofo René et le représentant du Chef de la Région DIANA ont assisté à cette séance d'information. Le BIANCO ou Bureau Indépendant Anti-Corruption en tant que partenaire de l'ENAM pour éliminer les manœuvres frauduleuses avant, pendant et après le concours, a été représenté par le Directeur territorial BIANCO Antsiranana.
D'après le Directeur Général de l'ENAM, pour la bonne gouvernance, pour écarter toutes les formes de corruption, un contrat de partenariat lie l'ENAM au BIANCO ainsi qu'à un cabinet d'huissiers de la capitale. Ce partenariat s'applique dès la sélection des dossiers jusqu'à la proclamation des résultats du concours. Il s'agit de contrôler les dossiers, de voir si les conditions de participation au concours sont remplies par le candidat. D'après toujours M. Rajaonarivelo Théogène, les sujets sont scellés et seul un huissier de justice a le pouvoir d'ouvrir l'enveloppe devant les candidats. Il scelle ensuite les feuilles de copie dans une enveloppe qui ne sera descellée que par un autre huissier à l'ENAM Antananarivo.
Ces mesures suffisent-elles pour dissiper les doutes des éventuels candidats quant à la transparence de ce concours ? « Cela ne m'empêche pas de me méfier, mais j'ai envie de participer » nous dit une jeune femme « le droit de participation au concours est tout de même de 50 000 Ariary, faire le déplacement à Tanà pour l'épreuve orale au cas où je réussis l'écrit est une autre affaire. Si après cela j'échoue parce que les examinateurs sont corrompus, ce sera difficile à surmonter. Il en sera autrement si je ne réussis pas parce que les autres candidats ont été meilleurs » précise-t-elle.
A propos de ce droit de participation au concours de Ariary 50 000, nombreux sont ceux qui se sont plaints car la somme est assez élevée. Le DG a expliqué qu'il s'agit d'un impératif lié à la gestion du concours. Quant à la question : ne serait-il pas envisageable de passer l'épreuve orale en chefs-lieux de provinces au lieu de faire le déplacement à Antananarivo, il a répondu que le nombre des admissibles (très peu) ne permet pas de supporter les charges relatives au déplacement, hébergement etc. des examinateurs.
Le Chef du District Diego I a attiré l'attention du DG de l'ENAM sur l'égalité des chances en proposant que la sélection et l'admission des candidats se fassent suivant un quota provincial. M. Rajaonarivelo Théogène a déclaré qu'une fois la nouvelle administration territoriale prévue par la Constitution établie (en 2012 probablement), le quota provincial pourra être appliqué au niveau de l'ENAM.
Le concours 2011-2012
C'est du 23 au 27 janvier que le concours se déroulera dans les 6 chefs-lieux de provinces de Madagascar. La date limite de dépôt des dossiers est le 9 décembre 2011. Parmi les pièces à fournir deux enveloppes Vonona de la poste malgache, « ce ne sont pas des enveloppes ordinaires » a dit M.Rajaonarivelo Théogène « elles arrivent plus vite à leurs destinataires, c'est-à-dire les candidats à convoquer ». Or « il n'y a pas d'enveloppes Vonona à la Poste de Diego Suarez » répond un candidat au concours. Mais le DG de l'ENAM a annoncé qu'il y a une collaboration entre l'ENAM et la Poste donc il n'y a pas d'inquiétude à avoir car le problème sera réglé. Par ailleurs, les Antsiranais qui veulent participer à ce concours devront doubler de vigilance surtout « de ne pas attendre le dernier moment pour envoyer les dossiers par la poste » recommande le DG de l'ENAM « certes c'est le cachet de la poste qui fait foi, mais il faut savoir que la sélection des dossiers commence dès le 9 décembre alors que l'acheminement des courriers jusqu'à Antananarivo peut aller jusqu'à deux semaines » poursuit-il.
Le concours est à deux niveaux, le concours direct pour les titulaires du diplôme de maîtrise et le concours professionnel pour les fonctionnaires de quatre années d'ancienneté. Les personnes ayant obtenu leurs Maîtrises ou Masters des universités et instituts privés devront demander l'équivalence de leurs diplômes du ministère de la fonction publique et des lois sociales, soit de la direction régionale. Pour cette année 2011, le recrutement d'élèves concerne neuf sections de spécialité : commissaires du commerce et de la concurrence, agents diplomatiques, inspecteurs d'administration pénitentiaire, administrateurs des services financiers, inspecteurs de la fonction publique, administrateurs civils, inspecteurs de domaines et de la propriété foncière, inspecteurs des impôts (section qui prévoit le plus de poste budgétaire, correspondant à l'objectif de l'Etat d'augmenter les recettes fiscales), et enfin ingénieurs des services topographiques. Cette dernière est la nouvelle section de l'ENAM. Auparavant le recrutement des ingénieurs des services topographiques se faisait sur demandes, mais comme le statut de la fonction publique exige que l'accès aux postes de hauts fonctionnaires doit toujours se faire par voie de concours, l'intégration sur titre n'est plus acceptée.
■ V.M.