De nombreux changements avant la fin de la Transition au niveau de la fonction publique, du travail et des lois sociales, tel a été le défi lancé par le Ministre Tabera Randriamanantsoa
Un défi lancé devant un parterre d'une centaine de personnes composé de responsables, de directeurs et d'employés des directions régionales des ministères malgaches et des entreprises et sociétés existantes à Diego Suarez.
Avant d'assister à la clôture officielle de l'année de production de la Compagnie Salinière de Madagascar, samedi 14 janvier. Le Ministre de la FOPTLS a invité ces participants à se réunir et à échanger des idées à l'Hôtel de la Poste le vendredi 13 janvier. Le discours prononcé par le Ministre n'était certainement pas fait pour épater les politiques et les actuels dirigeants. Au contraire, il a ramené l'assistance face aux rudes quotidiens des travailleurs malgaches. Il entend se démarquer des autres hommes de pouvoir et ses prédécesseurs en se penchant vers le statut des paysans, et en montrant avec ferveur sa volonté de se concentrer sur les difficultés rencontrées par les employés d'entreprises privées ainsi que les problèmes relatifs à la CNAPS, Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.
Bien déterminé à changer les choses (c'est tout du moins l'image qui a été donnée à l'assistance), il a annoncé « être ministre ne signifie pas s'engraisser ou tourner autour de la table, il doit agir ». Au début de son intervention, M. Tabera Randriamanantsoa a expliqué les raisons pour lesquelles il n'a pas semblé être décidé à entrer dans le gouvernement, il n'a d'ailleurs pas participé au premier conseil du nouveau gouvernement, « la mouvance dont je suis issu est la mouvance de réconciliation nationale, et il ne s'agit pas de réconciliation entre les Présidents, mais une réconciliation de tout le peuple, dans tous les domaines et dans tout le pays », cependant parvenir à cet objectif de la mouvance Zafy n'a pas été la priorité de la Transition. Mais aucune réconciliation ne pourra exister tant que les inégalités subsistent. C'est pour cela que la mission de Tabera Randriamanantsoa au sein de son département est d'orienter toutes ses actions vers la réconciliation au niveau de l'emploi et de l'Administration. Ainsi « les recettes que chaque Région possède devraient être gérées par le Trésor régional pour que la Collectivité puisse promouvoir, elle-même son développement » a-t-il proposé. « La Capitale consomme ce qu'elle produit, mais elle s'accapare en plus des fruits de la production et des efforts des autres Régions, cela devrait changer » poursuit-il. Il a aussi dénoncé les inégalités dans la détermination des salaires « il a été constaté que des fonctionnaires possédant le même diplôme ne reçoivent pas le même salaire ». Le Ministre de la FOPTLS a martelé le fait que la hausse de salaire comme celle de 7 à 15%, annoncée par le Président de la Transition lors de la cérémonie de présentation de vœux de nouvel an présidentielle, n'a aucun impact sur la situation des fonctionnaires car elle impliquera par contrecoup une hausse du prix des denrées alimentaires, du loyer...
D'autres formes d'inégalité de traitement touchent aussi certains agents de l'Etat. 90% des fonctionnaires convoqués en conseil de discipline viennent des Régions qui sont loin du Centre et pourtant, d'après toujours les explications du Ministre, la plupart de ces personnes ont été seulement coupables d'avoir partagé des idées différentes de celles de leurs supérieurs hiérarchiques.
Les entreprises privées dirigées par des étrangers seront surveillées de très près surtout dans le traitement du personnel, au niveau de leurs papiers et de la légalité des activités. « Pour les emplois qui se créent, ce sont les malgaches qui devront être embauchés, tant qu'il y a des personnes compétentes » a déclaré le Ministre.
Après l'intervention de M. Tabera Randriamanantsoa, ceux qui sont venus assister à cette réunion ont pu s'adresser directement au Ministre quant à leurs interrogations sur l'emploi. Mais tout comme le discours du Ministre, les questions posées se sont étendues à la politique nationale et à celle de la mouvance Zafy Albert. Pour ce qui est des changements envisagés, nombreux sont ceux qui ont accueilli les projets avec joie, en soulevant tout de même les difficultés quant à leurs réalisations car à lui seul, le MFOPTLS ne peut avancer. Il va de soi que la collaboration avec d'autres ministères est nécessaire, voire obligatoire. Tel que le Ministère des Finances et du Budget, le Ministère de la Population et des Affaires sociales...
Se pencher sur le salaire des fonctionnaires dont le minimum est de 160 000 Ariary, s'occuper de la retraite des paysans, qui représentent 75% de la population malgache, élaborer un projet de loi pour que ceux qui partent à la retraite puissent bénéficier de 24 mois de bonification, s'assurer que les employeurs du secteur privé s'acquittent bien de ce qu'ils doivent à la CNAPS pour leurs employés, etc.
Le défi est lancé, à la population de juger à la fin de la Transition s'il a été relevé.
■ V.M.