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L'enseignement public de Madagascar en crise

Le total des indemnités demandées par le SEMPAMA ou Sendikan'ny mpampianatra malagasy s'élève à 210 milliards d'Ariary pour les enseignants de toute l'île, l'État ne peut offrir que 25 milliards Ariary. Le conflit s'enlise

D'un côté, Andry Rajoelina déclare que ce n'est pas pendant la Transition qu'il faut demander ce que l'on n'a pas pu obtenir auparavant. De l'autre côté, les enseignants du SEMPAMA considèrent que c'est le moment ou jamais de se faire entendre.

Nos enseignants se considèrent comme étant les « oubliés » de l'État alors que ce sont eux, comme ils ne manquent jamais de le rappeler, qui ont formé les hauts responsables de l'Administration. Ils dénoncent en effet la dégradation régulière de leur situation sociale d'année en année alors que d'autres catégories d'agents de l'État bénéficient d'une hausse régulière de leurs indemnités. « L'État trouve toujours une solution pour d'autres en apportant des solutions à long terme à leurs revendications ou des solutions provisoires, comme c'est le cas pour les militaires et certains des Grands Corps de l'État » déplorent ces enseignants. Et cette absence de revalorisation de leur traitement n'est pas sans conséquences. « Si nous ne souffrions pas nous ne serions pas là à revendiquer nos droits » explique un professeur du lycée mixte de Diego Suarez, « le problème c'est que personne ne respecte plus les enseignants car ils vivent tout au long de l'année dans le besoin et le pire est que des gens qui ont les mêmes diplômes que nous sont nettement mieux payés dans d'autres fonctions au sein de l'État ».
C'est pour ces raisons que depuis près de deux mois les enseignants de tout le pays sont en grève. Cette grève qui réunit les instituteurs et professeurs des écoles, collèges et lycées publics a été initiée par les enseignants de la Région Vatovavy Fitovinany membres du SEMPAMA (Sendikàn'ny Mpampianatra Malagasy).
Les revendications sont une demande de révision à la hausse des indemnités relatives à l'exercice de leur fonction ainsi que celle des avantages sociaux de ces éducateurs (retraite, santé, etc.).

Durcissement du conflit

Samedi 5 mai, M. Manoro Régis, le Ministre de l'Education Nationale, a enjoint les enseignants à reprendre leurs fonctions le lundi 7 mai au plus tard faute de quoi des sanctions administratives seraient prises. Il a pour cela demandé aux responsables hiérarchiques (DREN, CISCO, chefs ZAP, chefs d'établissement) de lui faire connaître les noms des personnels grévistes qui refuseraient de reprendre le travail. Il a annoncé les résolutions prises par son ministère qui prévoient la suspension de salaire pour les fonctionnaires, l'annulation de leurs contrats pour les contractuels, la suppression des subventions pour les enseignants rémunérés par la FRAM (association des parents d'élèves) et remplacement par des enseignants suppléants. Cette annonce n'a cependant eu que peu d'effets puisque les enseignants ne sont pas retournés en classe lundi 7 mai et ont durci leur position en en appelant à un dialogue avec le Président de la Transition. Les lycées, écoles et collèges publics d'Antsiranana ont suivi le mouvement. Le Président du SEMPAMA Antsiranana et vice-président du syndicat pour la Région DIANA, Mohamad Issa Charles a annoncé au lycée mixte que « la lutte continue car personne ne peut empêcher les enseignants d'obtenir leurs droits ». Les enseignants présents ont été unanimes à regretter qu'au lieu de poursuivre le dialogue, le Ministre n'ait fait que proférer des menaces.

Médiation de la HAT

M. Andry Rajoelina a reçu les représentants du SEMPAMA pour tenter de trouver un terrain d'entente. Le Conseil des Ministres du mercredi 9 a été entièrement consacré à cette question. La demande en indemnité pour tous les enseignants de Madagascar s'élève à 210 milliards d'Ariary alors que le budget total annuel alloué au Ministère de l'Education nationale n'est que de 110 milliards d'Ariary. Décision a été prise de débloquer une enveloppe de 25 milliards d'Ariary -20 milliards en provenance du Ministère et 5 milliards de la Présidence.
Pour justifier sa décision, le Président de la Transition a rappelé que le budget général de l'État a du être considérablement réduit cette année. Il a expliqué que cette somme avait pu être dégagée en reportant un programme de construction de 1 600 nouvelles salles de classes en zone rurale. Un effort supplémentaire ne serait possible selon lui, qu'au prix de la suppression d'un ou plusieurs petits ministères.
L'octroi de cette somme qui devra être partagée entre les 43 500 enseignants, sans distinction de catégorie, n'a cependant pas suffit à résoudre le conflit. Les grévistes ont en effet refusé d'accepter ces arguments financiers et ont appelé à la poursuite du mouvement.

Le système éducatif à l'arrêt

Devant la presse de la Capitale, le Premier Ministre Omer Beriziky a appelé à la prise de conscience des enseignants. Il a également appelé les élèves à ne pas quitter les établissements scolaires et les parents à être vigilants face à la situation actuelle. Des délégations se rendront en Régions prochainement pour accompagner les mesures ministérielles.
Les élèves participent eux aussi à ce mouvement en contestant notamment par l'intermédiaire des médias (à l'exemple des lycéens de Diego) ou activement en descendant dans les rues (cas de certains lycéens d'Antananarivo). Les parents quant à eux sont inquiets pour l'avenir de leur progéniture et se demandent chaque jour si les examens officiels auront bien lieu aux dates prévues. Jean Omer Beriziky a recommandé aux chefs d'établissement - qu'il y ait des enseignants ou non - de garder les élèves dans l'enceinte de l'établissement. Cela s'avère en effet primordial afin d'éviter les accidents et la recrudescence des actes liés à la délinquance juvénile.
Les enseignants ont quant à eux assuré que dès qu'ils obtiendront gain de cause, ils organiseront des séances de rattrapage pour que le programme scolaire soit terminé à temps.

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