Avec l'exercice La Buse 2012, Diego Suarez a été le théâtre pendant une semaine de la reprise de la coopération militaire de Madagascar et affirme ainsi son potentiel stratégique au sein du dispositif international anti-piraterie du sud de l'Océan Indien.
Un avion de transport Transall, un hélicoptère de l'Armée de l'air, le bâtiment de transport léger (Batral) La Grandière, des camions et véhicules légers et en tout près de 450 hommes ont été mobilisés pour un exercice interarmées de coopération Franco-Malgache qui s'est déroulé durant toute la semaine du 3 au 8 juin dans la baie de Diego Suarez. Cet exercice revêtait un caractère tout particulier, puisque c'est le premier exercice de coopération qui était organisé depuis 4 ans.
Cet exercice d'ampleur a mobilisé des troupes des FAZSOI (Forces Armées de la Zone Océan Indien / terre – air – mer) et des militaires malgaches de Diego Suarez et de la capitale. Cet exercice concrétise la reprise de la coopération et des relations bilatérales et interarmées qui était en veille depuis 4 ans. C'est en effet le premier exercice organisé après « Sava » en 2004, « Saphir » en 2005, « Makalioka » en 2006, et « Diana » en 2007.
Cet exercice baptisé « La Buse 2012 » était un exercice de coopération et de relations internationales bilatéral et interarmées qui avait pour thème principal la lutte anti-piraterie. Celui-ci s'est déroulé pour l'essentiel dans la baie de Diego Suarez en mer, sur terre et dans les airs. L'exercice avait comme thème le repérage puis l'assaut d'un petit îlot sur lequel s'étaient retranchés des pirates. Ce thème, en rapport direct avec l'actualité, a permis de roder les procédures de coopération entre la marine nationale française et les forces armées malgaches, notamment dans le domaine de l'acquisition et la gestion de l'information, les moyens de communication de crise, les relations avec la population locale soumise à l'agression simulée des pirates, et la capacité à projeter une force en intervention avec déploiement et récupération par voies maritime et aéroportée de troupes mixtes (avions de transport tactique - exfiltration - action des fusiliers commandos).
Pas moins de 200 militaires des trois armées - terre - air - mer - des FAZSOI ainsi que des militaires malgaches (marine et armée de terre malgache), soit près de 450 hommes au total étaient engagés dans cet exercice. Cette force était composée d'éléments parachutistes du 1er Régiment des Forces d'Intervention (RFI) et des fusillers-marins commandos du 2ème RFI pour l'armée malgache, des parachutistes du 2ème régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) de La Réunion et un détachement de légionnaires de Mayotte pour l'Armée française. Des officiers malgaches ont été intégrés au centre de commandement et de conduite des opérations.
Cérémonie du souvenir et remise de brevets
Après la fin de l'exercice, vendredi 8 juin, les militaires malgaches et français se sont retrouvés au cimetière militaire français avec les anciens combattants malgaches pour déposer ensemble des gerbes à la mémoire des soldats reposant dans cette terre.
Puis, sur la place devant l'entrée du 2ème RFI, après une dernière inspection des troupes par les généraux, les soldats des deux nations ayant validés des formations au cours de l'exercice se sont vus remettre des brevets des mains de leurs instructeurs. Les commandants en chef des deux armées, le Général Hogard pour la France et le général Ndriarijaona pour Madagascar, se sont ensuite félicités au cours de leurs allocutions respectives de la qualité du travail effectué et du grand intérêt de poursuivre et renforcer la coopération entre leurs deux armées.
Un « pot de l'amitié » était ensuite organisé à l'Hôtel de la Poste suivi d'un cocktail sur le Batral La Grandière pour clore cette journée.
Un centre anti-piraterie à Diego Suarez
Le choix de Diego Suarez comme théâtre de cet exercice rappelle qu'il est question depuis quelques temps déjà de la création d'un centre international de lutte contre la piraterie pour la zone sud de l'Océan Indien, et que Diego Suarez est un des ports candidats pour l'accueillir avec les meilleurs arguments : une place centrale dans la zone géographique concernée, le troisième plus grand port naturel de la planète avec une base et un chantier naval, et une ville avec une longue tradition d'accueil des militaires.
Des dossiers sont d'ores et déjà établis qui prévoient l'installation d'une base à la BANA avec construction de quelques bâtiments. Ce dossier attend à l'heure actuelle une décision de la COI et de l'Union Européenne.
C'est maintenant au gouvernement de montrer sa volonté de voir se créer une cellule à Diego Suarez pour affirmer sa place retrouvée au sein du concert des nations.
Une Cellule anti-piraterie aux Seychelles
Le lundi 4 juin, la COI a inauguré sa toute nouvelle Cellule Anti-Piraterie à Mahé, aux Seychelles. Première Unité délocalisée de la COI depuis sa création en 1984, et première Cellule anti-piraterie à être créée dans la région ; elle a pour objectif de renforcer la collaboration entre les acteurs régionaux et internationaux de la lutte anti-piraterie, comme l'OMI, l'UNODC et INTERPOL.
« Toutes les coalitions (UE, OTAN, Inde, USA, France…) sont basées aux Seychelles, [...] et d'ici la fin de l'année, les Seychelles abriteront aussi un Centre régional de coordination du renseignement anti-piraterie, financé par INTERPOL, Londres et la Haye » précise le communiqué relatif à l'inauguration de cette Cellule anti-piraterie.
« Instituée dans le cadre du projet d'appui au démarrage du futur programme régional de sécurité maritime MASE mis en œuvre par la COI depuis décembre 2011, avec le financement de l'Union Européenne (2 millions d'euros), la Cellule anti-piraterie regroupera à terme des experts piraterie maritime des cinq Etats membres de la COI issus de divers domaines ».
Le programme MASE portera sur « le renforcement des capacités de coordination et d'échange d'informations, ainsi que des systèmes de justice criminelle pour arrêter, transférer, détenir, poursuivre et emprisonner les pirates ».
Selon des estimations de l'ONU : « sept pirates sur dix appréhendés dans l'ensemble de l'Océan Indien sont aujourd'hui libérés faute de preuves suffisantes, et de pays prêts à les juger et à les incarcérer ».