Les scientifiques ne le répètent certes pas à maintes reprises à la télévision ou à la radio, mais le fait est que la dégradation de l'environnement est rapide. les activités humaines mettent en grand danger la Baie de Diego Suarez
La déclaration du Dr Amélie Landy Soambola, océanographe a frappé l'assistance samedi 28 juillet lors de la conférence sur le futur de l'environnement marin de la Baie de Diego Suarez et l'économie verte organiséé par la Jeune Chambre Internationale au Grand Hôtel. Déclaration qui confirme les craintes de chacun sur la situation dans laquelle se trouve l'une des plus belles baies au monde.
Même les problèmes sociaux et économiques rencontrés dans la Baie de Diego Suarez ont été cités lors de la présentation du Dr Amélie Landy Soambola. Des problèmes qui se répercutent sur l'environnement marin : l'habitude qu'ont pris les habitants de jeter leurs ordures n'importe où, même sur la plage, la difficulté que rencontre la construction navale, d'où l'absence de suivi des rejets, des lieux sacrés profanés tel que le Pain de Sucre et donc les risques pour les espèces qui s'y sont abritées, le manque de suivi des captures sur les lieux de pêche traditionnelle. « Le port, même si c'est un atout économique pour le Nord, déverse des tonnes d'ordures par an dans la mer » a indiqué un invité à cette conférence. Le manque d'initiatives de conservation spécifique des espèces aggrave la situation. Des lois et des arrêtés ne reçoivent pas d'application effective.
Les conséquences sont des plus désastreuses : les mangroves défrichées n'ont plus la capacité d'emmagasiner le gaz carbonique, extinction des espèces, il y a aussi une diminution du rendement et des stocks de la zone côtière, la situation de la Baie des Français a été soulevée. Une zone que les pêcheurs ne fréquentent plus car le rendement ne les satisfait plus.
Une enquête a été effectuée auprès des vendeurs de coraux et a permis de savoir que 1182 coraux morts par mois, venant de la baie de Diego Suarez, d'en moyenne 15 cm sont vendus. Rapportant à un vendeur entre 193 500 ariary et 322 500 ariary. Pourtant, les coraux jouent un rôle important dans l'environnement marin étant parmi les habitats les plus riches en termes de biodiversité autant pour les animaux que pour les végétaux. Les vendeurs, eux, ne connaissent pas l'impact de leur acte.
Pour la plupart de ceux qui sont venus assister à cette conférence, c'était la première fois qu'ils ont entendu parler d'économie verte. Concept exposé par Mac Gordon Ranaivoarivelo de « Environnement et Développement de Diego Suarez » qui a expliqué que l'économie verte vise à « améliorer le bien-être et l'équité sociale tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et les risques de pénurie des ressources ».
Même si les Nations Unies ont placé pour la première fois comme préoccupation internationale les questions écologiques en 1972 à Stockholm, ce n'est que cette année après le Rio+20 que la population des pays en voie de développement comme Madagascar a pu connaître comment pourrait se concrétiser l'économie verte. Mac Gordon Ranaivoarivelo n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler le point de vue des pays du sud qui « craignent de trouver en l'économie verte un frein à leur développement et soupçonnent une manœuvre des pays riches afin d'imposer leurs savoir-faire et leurs technologies, sous couvert de considérations environnementales ». Les critiques se portent par exemple sur le projet de monétisation des biens et services que la nature offre à l'homme, il en est ainsi de l'eau ou de l'air sur les lieux touristiques.
L'idée d'économie verte a été développée, à la suite surtout de la triple crise que le monde a subi : financière – environnementale – sociale. « L'économie de marché est alors marquée par une forte augmentation des inégalités, des déséquilibres internationaux et des émissions de gaz à effet de serre » explique encore Mac Gordon Ranaivoarivelo. La croissance démographique est aggravée par la raréfaction des ressources due à un mode de production et de consommation non adapté. L'exploitation des ressources doit être alors réglementée suivant les limites écologiques et des individus. Les perspectives de l'économie verte ont été alors développées lors de cette conférence, des « obligations » qui présentent certes des avantages autant pour les hommes que pour l'environnement, mais dont la réalisation nécessite de la volonté autant individuelle, professionnelle que politique et évidemment des moyens financiers. L'objectif des « 3 fois 20 » : la baisse de 20% des émissions de gaz à effet de serre, la réduction à 20% de la consommation d'énergie, et 20 % d'énergie renouvelable dans la consommation totale d'énergie. Une politique d'incitation à la consommation responsable pour qu'il n'y ait plus de gaspillage, une diversification du transport urbain (le cas des bajaj qui ont une consommation réduite en carburant a été soulevé), les investissements dans les domaines du bâtiment et du transport utilisant des énergies renouvelables, une adaptation du marché de l'emploi et des formations à l'économie verte, une adaptation des modes de production et de consommation à la raréfaction des ressources…
Mais les blocages sont tout autant multiples : les textes sont perçus par les opérateurs économiques comme une contrainte, une impossibilité de séparer les questions de développement économiques et celles de l'environnement (comme il est impossible selon certains d'envisager une industrialisation verte…), le manque d'instrument de financement, l'inertie politique et le comportement des politiciens sachant que les dirigeants doivent toujours tenir compte des industriels qui les maintiennent au pouvoir…
Pour la Région DIANA, Mac Gordon Ranaivoarivelo propose la généralisation des opérations de reboisement « un reboisement utile et non un reboisement de télé, à talon haut » a-t-il indiqué, la sensibilisation des citoyens pour une consommation plus responsable, la participation de ceux convaincus de l'économie verte pour la mise en place du schéma régional de modèle de développement économique. Mais avant d'arriver à des tâches plus complexes, le Pr Vaohita, invité à la conférence a proposé « il faut éduquer la main… cette main qui a l'habitude de jeter les ordures n'importe où ».
■ V.M
Commentaires
Ensuite il faut un cadastre pour que les charbonniers (ou les militaires) n'en fassent du charbon de bois une fois poudssés... A Diégo, il faudrait utilser l'IRRIGASC lors de la plantation. Me contacter jean.revol@free.fr
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