Paiement des bourses à partir de la semaine du 19 novembre avec étude des dossiers des étudiants afin de déterminer si ceux qui occupent les logements universitaires sont en situation régulière vis-à-vis de l’administration. Telles sont les principales mesures prises par l’Université Nord d’Antsiranana et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et des Recherches Scientifiques
Après des heures de réunion à la Région, le soir du mercredi et la matinée du jeudi 15 novembre, des décisions ont été prises par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, après concertation avec les responsables de l’Université, le Chef de Région et les représentants de 15 associations estudiantines de l’Université Nord d’Antsiranana ainsi que des représentants des forces de l’ordre.
Des mesures et des décisions que le Ministre, Etienne Hilaire Razafindehibe a évoqué lors de sa rencontre avec les enseignants de l’Université d’Antsiranana l’après-midi du 15 novembre au Palais du Faritany. En effet, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et des Recherches Scientifiques est à Diego Suarez pour trouver une issue à ce problème auquel sont confrontés les ministres qui se sont succédés à la tête de ce département, depuis avant même le début de la crise politique et économique. D’un côté les étudiants en grève qui réclament des solutions face à leur problèmes de logement et qui revendiquent aussi le paiement de leurs bourses d’étude, mécontents de l’arrestation de leurs camarades et de la levée de la franchise universitaire. De l’autre côté, l’Université qui subit les manifestations, parfois violentes des grévistes et qui ne peut pas prendre des décisions indépendamment des autorités centrales.
Les étudiants demandent à ce que leurs camarades, interpellés mardi dernier soient libérés « ils ne sont pas en prison, ils sont en détention préventive et donc c’est de la sagesse des universitaires que dépend leur libération » a avancé le Ministre sans préciser les démarches qu’il a suggéré aux étudiants d’entreprendre. Le retour de la franchise universitaire dépend aussi des manifestants « si le calme est complètement revenu d’ici mercredi prochain, la levée de la franchise universitaire prendra fin » a annoncé le Président de l’Université d’Antsiranana, le Pr Andrianirina Charles Bernard. Au Ministre d’ajouter que la franchise universitaire n’a été levée qu’à la suite des manifestations violentes des grévistes. Tout ne dépend donc du comportement de ces derniers.
La possibilité de fermer l’Université et d’effectuer l’assainissement du campus universitaire pendant cette fermeture a été étudié lors des réunions avec les responsables de l’Université. Puisque le problème de logement figure aux revendications des universitaires, l’administration se doit de se pencher sur la situation des étudiants surtout sur l’occupation des chambres. « D'un point de vue pragmatique, cette mesure serait efficace, cependant ce sera difficile sur le plan de la gestion sociale et politique » a déclaré le Ministre de l’Enseignement Supérieur et des Recherches Scientifiques. La mesure finalement adoptée englobe les solutions de bourses d’études et d’assainissement de la cité universitaire. Les personnes en situation irrégulière seront découvertes lors de la préparation des bourses d’étude et du paiement. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ont déjà quitté les lieux à la suite des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre en début de semaine. Il appartient aux associations de les informer des décisions prises se rapportant au calendrier de distribution de bourses qui est affiché depuis le 16 novembre et les paiements qui débuteront la semaine du 19 novembre.
A entendre le Ministre de l’Enseignement Supérieur et des Recherches Scientifiques, l’objet de cette rencontre avec plus de 80 enseignants de l’Université d’Antsiranana est de « conscientiser » ces derniers quant à l’importance de leur rôle et de leur influence sur la façon de penser et de se comporter des universitaires. « J’ai entendu dire qu’un enseignant pénètre au campus à des heures tardives et en ressort à quatre heures… peut-être qu’il voit une femme » a- t-il ironisé, n’ignorant pas que l’on soupçonnait déjà cet enseignant d’être l’instigateur des manifestations de ces dernières semaines. Le Ministre d’’indiquer « nous avons le droit de défendre nos opinions, mais c’est aussi notre rôle de faire avancer ce pays. Donc, n’y impliquez pas nos étudiants, comportons nous tels des Raiamandreny » avant d’ajouter que c’est sur l’éthique et l’éducation spirituelle des étudiants que devraient s’orienter les enseignants parce qu’il est nécessaire d’inculquer chez eux non seulement des connaissances, mais aussi de la sagesse.
Avec le Ministre de l’enseignement supérieur, les principaux responsables dont le Président de l’Université, le Président du Conseil d’Administration, Totobesola Jean-Pierre et le Directeur Général de l’IST, Jeannot ont répondu aux questions des enseignants durant cette rencontre : les revendications du syndicat des enseignants chercheurs, la franchise universitaire, le retard continuel des paiements de bourses d’études… La réunion a permis de notamment de révéler que les arriérés de bourses d’études extérieures et intérieures atteignent les 15 milliards d’Ariary. Deux étudiants malgaches ayant terminé leurs études à Cuba ne parviennent pas à rentrer au pays faute de moyens financiers. La situation est inquiétante et le président de l’Université d’Antsiranana a admis que les étudiants ont réellement faim. Deux kilogrammes de riz par personne ont été distribués samedi 10 novembre par la Région et la Présidence de l’Université, mais il semble bien que cela n’ait pas suffi puisque certains ont, rappelons-le, pillé des habitants du Fokontany Lazaret. Les étudiants réclament un loyer de 2000 Ariary par mois alors que d’après le Pr Andrianirina Charles Bernard, les dégâts subis par l’Université rien que la journée du mercredi 14 novembre ne sont pas négligeables. Les fils électriques alimentant le centre informatique ont été coupés et sont introuvables, les papiers d’un véhicule dont on a cassé le pare-brise ont disparu et le plus grave, un véhicule de la faculté des lettres et sciences humaines a été incendié. Pour revenir à cette journée du 14 novembre, des éléments de la gendarmerie ont assuré la sécurité à l’UNA toute la nuit du mardi 13 novembre. Vers 4 heures du matin, ces éléments ont quitté les lieux, calmes. Cependant, vers 6 heures 30, le Président de l’Université a reçu des SMS et des appels le prévenant qu’il y allait avoir un incendie et quelques minutes plus tard, le véhicule de la FLSH a brûlé. L'enquête est en cours pour déterminer les auteurs de cet acte irresponsable.
Le calme est pour l’instant revenu à l’Université, cependant la prudence est de mise car nul ne peut prévoir la réaction des grévistes après ces décisions que certains d’entre eux ont contribué à élaborer. Malgré l’ombre du véhicule incendié et des tâches qui ont terni la relation avec les habitants de Lazaret, on espère un rapide retour à la normale de la vie universitaire.
■ V.M