Lutte contre le VIH/SIDA, « zéro décès liés au SIDA » : Comment atteindre l'objectif de zéro décès liés au VIH/SIDA quand de nombreux malades ne sont pas suivis médicalement et psychologiquement ?
Cette année, la célébration nationale de la journée mondiale de la lutte contre le SIDA s'est déroulée à Antsiranana. L'ONUSIDA, PNLS, JICA, l'OMS, Mad'Aids ainsi que la responsable des IST/SIDA dans la DIANA sont intervenus à la conférence-débat se rapportant au thème « Zéro décès liés au SIDA » le 30 novembre à l'Hôtel de La Poste.
D’après les estimations actuelles du Programme National de Lutte contre le SIDA à Madagascar, 42 000 personnes vivraient avec la maladie, 1 000 porteuses du VIH ont été dépistées et 474 seulement sont suivies et prises en charge, 256 sont perdues de vue. Le défi est donc de dépister le maximum de PVVIH et de réduire les décès par l’accès universel à la prévention, au traitement sur le plan mondial et le pérenniser.
La coordonnatrice inter-pays de l’ONUSIDA a avancé que « pour cette journée mondiale contre le SIDA, il ne faut pas seulement la célébrer comme les autres années, il faut prévoir l’année 2015 et se poser la question : qu’est-ce que j’ai réalisé? » avant de souligner que les jeunes doivent maintenant se tourner vers l’avenir. Le Ministre de la Santé publique, le Dr Johanita Ndahimanajara a soutenu que les efforts dans la lutte contre le VIH/SIDA seront orientés vers un meilleur accès à la prévention, au dépistage, au soin et au traitement. « Il faut que les échanges aillent dans le sens de cet objectif. Il faut des recommandations réalistes pour que l’objectif zéro décès liés au SIDA soit réellement atteint » a-t-elle affirmé. Cette célébration axée sur le principe des trois zéros : zéro infection, zéro discrimination, zéro décès s’est poursuivie à l’Hôtel de Ville le 1er décembre avec la présence du Président de la Transition Andry Rajoelina qui a encouragé tout un chacun pour le dépistage. Fatma Samoura, coordinatrice résidente du système des Nations Unies à Madagascar s’est rendue elle aussi dans la Capitale du Nord de Madagascar pour l’occasion.
Si la situation mondiale de l’épidémie du SIDA a tendance à s’améliorer, soit une chute de plus de 50% des nouvelles infections, c’est loin d’être le cas à Madagascar et particulièrement dans la Région DIANA.
Dans tout Madagascar, il existe 47 centres de références dont 4 dans la DIANA. 1 554 sites de dépistage fonctionnels dans toute l’île et 27 CD (Cluster de Différenciation). Deux médecins référents à Antsiranana, un à Ambanja et un autre à Nosy-Be. Parmi les 47 nouveaux cas de perdus de vue de 2002 à 2012, 10 sont domiciliés à Ambilobe, c’est-à-dire là où il n’y a pas de centre de référence, 6 PVVIH sont décédées. Le rôle des centres de référence dirigés par des médecins spécialistes ont pour mission de prendre en charge les personnes vivant avec le VIH ou PVVIH. A Antsiranana, la situation est tout aussi alarmante puisque du mois de janvier au mois d’octobre, 29 sont des nouveaux cas, 14 perdus de vue et aucun n’a été récupéré, 34 sont sous antirétroviraux et 4 décédés.
D’autres circonstances favorisent aussi la transmission du virus puisque la PVVIH ne connaît pas son état. Les études menées par PNLS/JICA (Agence japonaise de coopération internationale) ont montré qu’il y a une insuffisance d’initiative des clients (seuls 31,3% des dépistages seulement sont effectués à l’initiative des PVVIH). Les clients négligent ou ne reconnaissent pas les symptômes de la maladie ce qui fait que l’infection est découverte à un stade tardif, soit dans 35% des cas. Une faible prescription de sérologie par le personnel médical est aussi constatée.
Mad’Aids dans son analyse de la situation actuelle de la prise en charge psychosociale des PVVIH a relevé que l’absence d’un climat de confiance entre le patient et le personnel médical complique la prise en charge (dès le résultat du test au traitement). Il a été confirmé que le principe de confidentialité auquel est lié le personnel de la santé est violé. Les préjugés et les discriminations découragent les patients qui ont à faire face à un combat quotidien pour être intégrés et compris. De plus, la maladie est souvent négligée. Certains ne croient pas en l’existence du VIH/SIDA, d’autres ont recours à des modes de traitement traditionnels.
■ V.M