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Catégorie : Actualité
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La Vallée des Pérroquets, au coeur de la Montagne des Français
 La Vallée des Perroquets, au cœur de la Montagne des Français 

Vulnérabilité élevée pour le fokontany de Betahitra de la commune rurale de Ramena, telle a été la conclusion de l'association Reniala chargée des études de la vulnérabilité des forêts sèches de la Montagne des Français. Dans un langage moins technique, cela signifie que la situation environnementale de Betahitra est critique

L'atelier de restitution et de validation des stratégies d'adaptation pour les forêts sèches du Complexe Ramena : Andavakoera, Betahitra et Ankorikihely s'est déroulé les 22 et 23 novembre à l'espace Mahefa Antanamitarana. Atelier organisé par le WWF Antsiranana.

La région DIANA a été choisie par WWF ou World Wildlife Found comme zone prioritaire d'intervention en matière d'adaptation au changement climatique. Les résultats observés dans la région serviront de modèles aux autres régions. Les études concernent trois sites de la DIANA : le complexe Ramena, la haute Ramena d'Ambanja et la baie d'Ambaro, District d'Ambilobe.
Les problèmes environnementaux et le changement climatique sont actuellement au cœur de toutes les préoccupations. « Pas besoin de le démontrer ou de le prouver, les gens savent que la situation est critique et sont conscients de leur rôle dans la destruction de l'environnement » c'est ce qu'a avancé le chef Fokontany d'Andavakoera. Si la population est réellement consciente de la gravité de la situation environnementale, pourquoi poursuit-elle ses activités destructrices de la nature ?
Les présidents de VOI ou Vondron'Olona Ifotony, groupement humain de base, ainsi que les chefs fokontany des trois sites concernés sont conscients de la complexité de la situation puisque c'est de la forêt et de la nature que proviennent les matières premières et les sources de revenus des habitants. D'après les études réalisées par l'association Reniala du Département de Biologie et Écologie Végétale de l'Université d'Antananarivo, la majorité des activités génératrices de revenu au sein des trois fokontany de la commune rurale de Ramena contribuent de manière considérable à la déforestation et à l'érosion. Pour citer quelques exemples, la pêche est pratiquée par 45,5% de la population active d'Ankorikihely, rendant nécessaire le coupage de bois pour la fabrication de pirogues, la collecte de sable pour 20% de la population d'Andavakoera et le charbonnage pour 18,5% de la population active d'Ankorikihely et 12,75% d'Andavakoera.
La question sensible du rôle des immigrants dans la destruction de la forêt a été abordée. « Plus de 90% de ceux qui travaillent dans la fabrication illicite de charbon sont des immigrants. Un camion les dépose à l'entrée du village et ils accèdent directement aux forêts » a fait savoir le coordonnateur du SRAT de la DIANA. Mais afin d'éviter des confits sociaux, des arrangements ont eu lieu entre les Raiamandreny des deux régions concernées, mais jusqu'ici cela ne semble pas avoir apporté les résultats attendus et le charbonnage continue.
Puisqu'une reconversion professionnelle ne peut être envisagée, comment concilier préservation de l'environnement et activités économiques des populations locales ? C'est l'objet même de l'atelier du comité de pilotage du WWF qui s'est déroulé les 22 et 23 novembre à l'espace Mahefa Antanamitarana. Les études réalisées par l'association Reniala depuis novembre 2011 ont donné un aperçu de la vulnérabilité des forêts sèches de la montagne des Français et d'Orangea. Les travaux de groupes effectués par les représentants des services publics déconcentrés (pêche, eau, énergie, élevage…), des associations, des ONG, des chefs fokontany et des présidents de VOI ont été axés sur les stratégies d'adaptation écologique et socioculturelle face à la vulnérabilité de ces lieux. Parmi les stratégies d'adaptation : la régulation des migrations, la restauration des zones par reboisement, l'application des lois et dina (types de sanctions mis en place par les communautés) et la création d'opportunités économiques.
Les idées apportées par les chefs fokontany et les présidents de VOI à cet atelier ne sont pas à négliger puisqu'ils connaissent les réalités au sein de leurs localités : les contraintes, les doutes et les réserves par rapport aux approches des techniciens. Les difficultés rencontrées résident le plus souvent dans le refus par les populations d'exécuter et de subir les mesures prises par les institutions (gouvernementales ou non) qui œuvrent pour la préservation de l'environnement. Ainsi les textes peuvent être élaborés et adoptés sans qu'ils ne soient appliqués et respectés.
Cependant, les données scientifiques démontrent les manifestations du changement climatique. D'après les analyses météorologiques de la région d'Antsiranana entre 1971 et 2008, l'humidité de l'air atmosphérique a chuté de 76,75% à 71,06%, depuis 1996, le nombre de jours de pluie n'a plus dépassé 120 jours pas an et la précipitation moyenne mensuelle est en baisse progressive.

■ V.M