Vendredi 18 janvier se tenait la mise en place officielle du Procureur de la République qui remplace Mohamed Abdou Ali au Tribunal de Première Instance d'Antsiranana
Jaojoma Colette Julie est la première femme nommée au poste de Procureur de la République au niveau de cette juridiction d'Antsiranana.
Un membre du Conseil Supérieur de la Magistrature a représenté le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux. Le Procureur Général de la Cour d’Appel d’Antananarivo a lui aussi fait le déplacement dans la capitale du nord pour assister à la cérémonie d’audience solennelle pour l’installation du Procureur de la République du tribunal de première instance d’Antsiranana. Les autorités civiles et militaires de la région, la Chef de la Chancellerie détachée de Diego-Suarez ainsi que les entrepreneurs et représentants des grandes sociétés d’Antsiranana sont venus nombreux assister à cette cérémonie.
Jaojoma Colette Julie remplace alors Mohamed Abdou Ali qui est nommé conseiller auprès de la Cour d’Appel d’Antsiranana. Née à Ambilobe, le nouveau procureur a effectué ses études primaires et secondaires à Antsiranana. Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée mixte, Jaojoma Colette Julie est entrée à l’Université d’Andrainjato Fianarantsoa pour suivre une formation en Droit. Diplômée de Maîtrise en Droit privé, elle a pu accéder, par voie de concours, à l’Ecole Nationale de la Magistrature et des Greffes d’Antananarivo. Sa formation terminée en 2002, elle a été nommée juge et juge d’instruction au sein du Tribunal de Première Instance d’Antsiranana de 2002 à 2004 et juge des enfants de 2004 à 2007. De 2007 jusqu’à cette nouvelle nomination, elle a été procureur de la République du TPI d’Ambanja. Elle a également suivi une formation sur le trafic de drogue et de blanchiment d’argent à Pretoria. Avant la nomination de Jaojoma Colette Julie, c’est Ratianarivo Elias qui a assuré l’intérim.
C’est lors de son allocution que les invités ont pu connaître une partie du projet et avoir un aperçu de la personnalité du nouveau Procureur de la République, magistrat de troisième grade - premier échelon. Elle est convaincue du rôle qu’occupe le Ministère public dans le développement du pays en installant ou en maintenant l’Etat de droit. Malgré l’absence de son prédécesseur à cette cérémonie d’audience solennelle, Jaojoma Colette Julie a assuré qu’elle poursuivra les efforts menés par celui-ci et lui a adressé ses meilleurs vœux pour l’avenir. En requierant l’application de la loi et dans l’exercice de sa fonction, son objectif et celui du Ministère public est de contribuer à mettre en place des actions respectueuses des Droits de l’Homme dont plus particulièrement ceux des détenus, des femmes et des enfants. Elle a souligné que la répression des actes de banditisme et des associations de malfaiteurs sera renforcée. Pour le principe « Nul n’est censé ignorer la loi », il appartient au Ministère public de faire connaître la loi au public. Ainsi, le Procureur de la République a sollicité la collaboration des médias et de la société civile.
Le Président du tribunal de première instance a fait connaître au public, lors de cette cérémonie d’audience solennelle, que le greffier en chef Mamilaza part à la retraite et qu’il est remplacé par Andrianirina Narcisse. Deux magistrats viennent aussi d’entrer en fonction, il s’agit de Nirivelo Marcia et de la juge et juge d’instruction Velomora Béatrice.
2012 : une année difficile pour la Justice
Le Procureur Général de la Cour d’Appel, Yvon Christian Ravoahangy a déclaré que 2012 a été une année difficile pour la Justice. Les grèves se sont en effet succédées au cours de cette année : la grève des magistrats, de décembre 2011 à mars 2012, celle des greffiers du 26 novembre au 7 décembre 2012, la grève des pénitenciers du 29 octobre au 2 novembre 2012. Leurs demandes n’étant pas satisfaites, tout ce que l’on espère c’est que la poursuite de leurs revendications ne paralysera pas à nouveau le système judiciaire et ralentir le processus. Le crédit de fonctionnement a été réduit, de plus, pour la Cour d’Appel, 39% n’a pas pu être utilisé. Les conséquences se sont fait ressentir au niveau du fonctionnement des tribunaux. Mais le Procureur Général a martelé que beaucoup d’efforts ont été fournis pour faire tourner les affaires judiciaires. Sur les 621 affaires introduites au niveau de la juridiction correctionnelle (171 dossiers en instance depuis fin 2011 et 450 dossiers pour 2012), 519 ont été jugées soit près de 84%. Pour les affaires criminelles, 166 affaires ont été jugées sur les 253 portées en Justice. 87 dossiers sont donc en instance. D’après le Procureur Général, le nombre de dossiers en instance en 2012 a baissé par rapport à l’année 2011. L’objectif pour 2013, a-t-il souligné « est qu’au moins 80% des affaires soient jugées». Pour ce qui est des peines dont plus particulièrement l’emprisonnement, pour cette année 2013, le nombre des prévenus ne doit pas dépasser les 40% du nombre total des détenus. A Ambanja, 34,23% des détenus sont des prévenus, 173 sont condamnés par la juridiction pénale. Pour la prison d’Antsiranana, de janvier au septembre 2012, les prévenus représentaient encore 65 à 70% des détenus, la situation tendait cependant à se redresser car au 31 décembre 2012, sur les 623 détenus, 324 sont condamnés et 289 prévenus. Nombreuses sont les ONG et associations œuvrant pour la défense des Droits de l’Homme qui ont tiré la sonnette d’alarme sur cette lenteur dans le traitement des dossiers et des jugements. Il y a en effet des prévenus qui passent des mois en prison (parfois même des années) sans avoir été jugés ou condamnés. Leurs craintes et celles de leurs familles sont de devoir « acheter » leurs libertés ou que leurs affaires soient « oubliées » et classées. Puisque sur ce domaine, Ambanja a atteint un résultat positif en 2012, le Procureur Général a souligné que l’expérience du Procureur de la République Jaojoma Colette Julie donnerait une nouvelle vie au tribunal de Première Instance d’Antsiranana.
■ V.M
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