La Journée Mondiale de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants est l'occasion de faire un bilan sur l'importance, les causes et les conséquences de ce phénomène dans la région
C'est à l'initiative du GIPF (Groupe international de Paroles de Femmes) que depuis 2009 le 4 mars est devenue journée pour la mobilisation et l'information des gouvernements, des institutions et du public sur l'asservissement sexuel. Le phénomène tend en effet à évoluer et subit des mutations liées à son industrialisation et sa mondialisation.
La pauvreté est souvent la raison avancée pour expliquer l'exploitation sexuelle et la prostitution, or il y a d'autres motivations : la recherche d'autonomie, la position sociale, l'envie… Pour les quelques Antsiranais que nous avons interviewés, les relations entre adultes consentants ne sont pas considérés comme de l'exploitation sexuelle, mais ils reconnaissent que « livrer des enfants à la prostitution est inadmissible ». La plupart avoue cependant ne pas vouloir intervenir dans les « affaires des autres », même s'il est question de souffrances et de danger sur la santé et l'avenir des mineurs. Des études menées sur l'exploitation sexuelle des enfants avec l'appui de l'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance) bouleversent les idées reçues. On attribue en effet la délinquance, la prostitution de mineures et autres pratiques scabreuses à la monoparentalité due à l'abandon ou au décès. Or, l'étude a montré qu'à Nosy Be, 78% des enfants livrés à la prostitution ont encore leurs deux parents. D'un point de vue juridique et sociologique et les faits les démontrent, il existe à Madagascar des parents exploitants, c'est-à-dire des parents qui offrent leur enfant pour des relations sexuelles et en sont rémunérés. Du point de vue des parents, la fille ou le garçon sort tout simplement avec quelqu'un qui a « les moyens » et qui aide les parents par affection, et l'on ne considère pas le fait que le fils ou la fille soit mineur. Les parents ne perçoivent donc pas cet échange comme un acte prostitution là où il est seulement question « d'amour » à leurs yeux. Une mère de famille raconte qu'elle est fâchée après sa nièce parce que celle-ci retient son homme à l'hôtel, s'amuse et dépense seule l'argent. « Que d'ingratitude » s'exclame-t-elle.
C'est donc pour cela qu'il est difficile, non seulement dans le nord, mais presque dans toute l'île de lutter contre ce fléau et d'apprécier la dimension de l'exploitation sexuelle. De plus, il existe des cas où des parents vivant en milieu rural envoient leurs enfants travailler en ville comme employées de maison ou pour réaliser d'autres tâches. Pourtant, l'étude des pires formes de travail des enfants effectuée par le Bureau International du Travail et l'IPE/UNICEF a montré que sur 2 640 enfants travailleurs, près de 23% sont victimes d'exploitation sexuelle.
Un phénomène qui tend à évoluer et qui subit des mutations
Le monde avance avec les nouvelles technologies, la mondialisation et les échanges, l'exploitation sexuelle évolue aussi dans ce contexte et ce sont les personnes vulnérables et sans défenses (dont les mineurs) qui sont les premières victimes. Actuellement, l'exploitation sexuelle se présente actuellement sous trois formes : la traite des êtres humains à des fins de prostitution, la pornographie et le tourisme sexuel. Les défenseurs des droits de l'Homme, de la Femme et des enfants s'inquiètent notamment de ce que peut avoir comme impacts dangereux Internet avec les sites de rencontre. Un gérant de cybercafé à Diego Suarez affirme en effet qu'à l'heure de fermeture, des jeunes femmes le retienne pour qu'elles puissent discuter en toute tranquillité avec des étrangers via Internet et n'hésitent pas à se déshabiller devant la webcam pour montrer leurs atouts physiques à leurs prétendus « amoureux ». Pour les parents que l'on peut qualifier de « pourvoyeurs », la préparation de leurs filles à de telles activités impliquent de véritables investissements : cours de langue et d'informatique entre autres. Souvent, l'objectif est de trouver à ses filles des époux étrangers et fortunés, mais les conduisant finalement à des pratiques douteuses.
Depuis toujours, les bars et boîtes de nuit ont été montrés du doigt, considérés comme les lieux qui favorisent la prostitution et l'exploitation sexuelle. Les Jeunes Pairs Educateurs ont identifié certains bars qui disposent de chambres de passe lors de leur étude des risques et de vulnérabilité des jeunes d'Antsiranana. Les propriétaires de ces bars sont payés 3 000 à 5 000 Ariary l'heure. En ce qui concerne les boîtes de nuit, « considérer que la gratuité de l'accès des femmes dans les boîtes de nuit est de l'exploitation sexuelle est exagéré » explique un barman « c'est juste le meilleur moyen de gagner plus d'argent en attirant la clientèle de sexe féminin, une fois dans la boîte, ces femmes sont bien obligées de consommer, donc de dépenser ». Certains clients de boîte de nuit soutiennent que la vérification de la carte d'identité à l'entrée est souvent négligée parce que « il paraît que certains jeunes sont des habitués ».
Une évolution dans la lutte et la répression à Madagascar
Au niveau national, une évolution dans la lutte et la répression de l'exploitation sexuelle a été enregistrée ces huit dernières années, cependant la corruption et les pressions exercées sur les magistrats et les enquêteurs par les pourvoyeurs et les bénéficiaires de ce type d'exploitation sont considérables.
Depuis 2004, Groupe Développement, membre du réseau Acting for Life International intervient à Madagascar et mène des programmes de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales. Après le programme réalisé de 2008 à 2012 intitulé : « Pour un système de garantie et de défense des droits des enfants vulnérables et/ou victimes d'exploitation sexuelle », Groupe Développement met en œuvre le programme ECPAT France à Madagascar « Ne détournez pas le regard ! Promotion et défense des droits de l'enfant face à l'exploitation sexuelle » axé sur trois points : la sensibilisation et la lutte contre le tourisme sexuel impliquant des enfants, la sensibilisation et la lutte contre la prostitution enfantine, avec une composante sur la traite des enfants (le phénomène des « petites bonnes ») et la sensibilisation et la lutte contre le développement des situations d'ESEC en lien avec Internet.
En 2007, la réforme législative pour la protection des enfants concernait la loi sur le mariage. L'âge minimum de mariage n'est plus de 14 ans, mais 18 ans et le mariage précoce ne peut être autorisé que par le juge et en considération des circonstances et du point de vue de l'enfant. La loi 2007-038 quant à elle modifie et complète certaines dispositions du Code Pénal en disposant que « est complice quiconque ne dénonce pas les cas de proxénétisme, d'exploitation sexuelle ou de tourisme sexuel en sa connaissance et que les peines prononcées pour les délits relatifs aux infractions sur la traite, l'exploitation sexuelle, le tourisme sexuel et l'inceste commis sur la personne d'un enfant ne peuvent être assortis de sursis ». Il a été aussi reconnu que les enfants ne sont pas juste des victimes, mais ils font aussi partie des solutions d'où les formations en « lifeskills » des JPE ou Jeunes Pairs Educateurs et la mise en place d'un système, appuyé par l'UNICEF pour qu'il y ait écoute et échanges de points de vue entre jeunes. L'instauration des codes de conduite est en cours et ils prennent peu à peu leur place dans le secteur touristique. Le Ministère du Tourisme, ECPACT France, le BIT et le réseau de protection de l'enfance de Nosy Be ont adopté au mois de décembre 2012 un code de conduite pour l'application et le respect des lois, l'interdiction des enfants non accompagnés l'accès aux établissements hôteliers… Les juridictions d'Antsiranana quant à elles ont réuni les chefs de quartier afin de les informer que tout « arrangement » relatif à des violences à l'égard d'un enfant ne peut plus se faire au niveau des Fokontany.
Quelques chiffres (dans le monde) :
- 4 millions de nouvelles victimes chaque année,
- 500 000 femmes par an victimes de traite à fin de prostitution,
- 1 000 milliards de dollars US est le CA estimé de la prostitution.
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Commentaires
a bon entendeur vive diego je pense que un jour on aura un province federal comme didier voulait in challah
1/ - La prostitution ait augmenté depuis "Didia-Râtsi" (?) > Oui, son équipe a entraîné le pays á la ruine, à la prostitution et la mendicité ; 2/ - Les vazahas se permettent des dérives non-tolérés chez eux (?) > C'est la loi de l'offre et de la demande. La politique se moque de la question, pourvu que leurs chiffres restaient positives ; 3/ - Lutter contre l’ostracisme/tr ibalisme par le fédéralisme (?) > Oui, si cela responsabiliser ait les régions. Mais ce sera insuffisant; 4/ - Les « foroches » sont-ils excusables (?) > Ces pauvres gamins labiles sont abandonné depuis leurs naissances. Ils ne sont pas excusables, comme ces responsables politiques, qui n'ont pas fait leurs boulots.
Mais peut-être faut-il de se demander sérieusement, si nos vaniteux dirigeants et décideurs ont le QI nécessaire pour rendre á la politique sa vrais valeur.
je suis vazahas ayant vécu à Digo et marié à une malgache NON tous les blancs ne sont pas des sales types, il est malheureusement dans la nature de l'homme d'etre un prédateur pour son prochain et cela dans toutes les races que la terre porte... le laxisme et l'indifférence fasse à la misère d'autrui tentent à profiter à ceux qui ne respectent aucunes règles... mais j'ai aussi trop souvent vu des grands frères, beaux pères, oncles, voisins, profiter des ces pauvres enfants ... combattons tous ensemble ce fléau, mais à la base!!!n'ayez pas peur de porter secours à votre petit voisin ou voisine si vous doutez de quelque chose... soyez courageuse Maryse agissez franchement plutot que par la plume ...
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