Entre fête et mobilisation des entités concernées pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, la journée mondiale de la Femme à Antsiranana a été célébrée très activement, la célébration régionale se déroulait cette année à Nosy Be
Presque toutes les associations, services publics et partis politiques d'Antsiranana étaient représentés lors du traditionnel défilé du 8 mars, des conférences-débats et des dons étaient aussi au programme. Nombreuses ont été les activités organisées par l'association Vehivavy 8 martsa (Femmes du 8 mars) pour marquer l'évènement à Diego Suarez. Des activités destinées à mobiliser la société et les autorités pour le respect et l'application effective des droits de la Femme et pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
Des moments de retrouvailles
Certaines des activités organisées n'ont pas reçu de participation active des femmes d'Antsiranana, les retrouvailles entre les membres d'un même groupe ou d'association par des bals, des repas collectifs ou cocktails ont primé sur les conférences, atelier et dons. Dans la matinée du 7 mars, rendez-vous était donné à l'hôpitaly manara-penitra pour le don de sang. Huit femmes et deux hommes ont répondu à l'appel et quatre donneurs (dont les deux hommes) ont été reçus. Le service de banque de sang n'a pas pu effectuer le prélèvement qu'avec deux femmes, certaines ayant subi dans le passé de grandes opérations, d'autres ayant dépassé l'âge maximum autorisé de soixante ans ou encore pesait moins de 50 kg. Une autre, de groupe sanguin AB+, n'a pu non plus donner son sang. « Pour éviter le gaspillage, puisqu'un prélèvement ne peut être conservé plus de 35 heures, nous avons pris les coordonnées de cette personne et nous la contacterons en cas de besoin » a expliqué le major, responsable du service de banque de sang de l'hôpitaly manara-penitra, en soulignant que 60% des Malgaches sont du groupe O+. La conférence débat prévue se tenir dans l'après-midi du 7 mars sur le thème « Citoyenneté et acte de naissance » a été annulée car à l'heure prévue, quatre personnes et l'intervenant étaient arrivés à la grande salle de la Mairie. Dans l'après-midi du 8 mars, les associations de femmes se sont rendues à la prison des femmes ainsi qu'à l'hospice pour y effectuer des dons de PPN, vêtements, etc. Le don pour les triplées de six mois, orphelines de leur mère a été reporté à une autre date, en l'absence de don de lait.
Participation aux élections
La célébration du 8 mars 2013 a marqué la population antsiranaise, les fêtes organisées par les associations et groupes de femmes dans leur siège ne sont en effet pas passées inaperçues durant cette journée... Les discussions et témoignages lors de la conférence du 5 mars intitulée « Avantages et inconvénients d'être femme responsable et décideur » ont principalement permis aux femmes présentes d'évacuer leurs colères envers les hommes qui abandonnent le foyer et qui ne leur donnent pas leur liberté. Le 8 mars, 116 associations, partis politiques, directions régionales des ministères, fokontany, militaires, ONG, établissements scolaires et services publics ont défilé en effectuant des danses traditionnelles malgaches ou de wadra. Les femmes portaient la tenue traditionnelle (salovana et kisaly) du nord. La cérémonie officielle de célébration du 8 mars se déroulait, cette fois, sur la Place de l'Indépendance pour éviter le déplacement des matériels et du podium utilisés le 6 mars pour le téléthon « SOS Sud ». L'épouse du membre du Congrès de la Transition Abdallah M'Chindra a assuré que cette participation massive des associations de femmes n'est pas telle un cours d'eau à grande crue mais qui s'assèche facilement (be fiavy nefa mora ritra) « que notre prise de responsabilité envers la société et la Nation ne se limite pas au 8 mars, mais tous les jours de notre vie » a-t-elle souhaité. Le Directeur de l'Administration Générale du Territoire, Andrianimaharimisy Radamonandrasana, a suggéré aux femmes d'Antsiranana de réaliser chaque année un bilan sur l'avancée de la lutte pour l'égalité des droits. « Vous êtes en plus grand nombre, vous devriez en profiter, surtout pour les élections » a-t-il déclaré, le thème national cette année étant : « Femme ! Participez au processus des opérations électorales et osez être candidate aux différentes élections ». L'adjointe au Maire, Irène Landephine a interpellé les candidats et candidates aux élections pour l'établissement d'une liste « zébrée » : homme/femme. Elle a également rappelé aux Antsiranaises leur rôle dans l'organisation et la gestion de la ville d'Antsiranana, en ce qui concerne notamment le bazary et la propreté de la ville. Razafindrazily Zananesy, présidente de l'association Vehivavy 8 martsa se désolait quant à elle de la situation de la Femme « cette femme qui donne la vie, qui assure la continuité de l'humanité subit toutes les formes de violence », une constatation affirmée par le représentant résident des Nations Unies à Madagascar, Fatma Samoura qui rappelait qu' « il y a quelques mois seulement, une jeune femme victime de viol collectif est décédée à New Delhi, une jeune fille (Malala Yousufzai) a été battue pour avoir lutté pour le droit à l'éducation des filles dans son pays… et ces femmes malgaches qui souffrent en silence», elle a alors soutenu que ces femmes victimes de violence doivent et peuvent se plaindre. A Madagascar, l'ampleur nationale des violences à l'égard des femmes et des filles reste préoccupante. En effet, les récentes études entreprises par l'UNFPA indiquent que 26% des femmes subissent les violences physiques; 24% des violences psychologiques et affectives; 39 % sont abandonnées par leurs conjoints et 11% sont victimes des violences sexuelles. Conscient de cette grave violation des droits humains et surtout des conséquences néfastes sur la vie des femmes et des ménages, le Système des Nations Unies appuie le gouvernement malgache dans son engagement pour l'éradication des violences basées sur le Genre à travers la mise en œuvre du Plan d'Action de la Plate-Forme de Beijing et la Convention pour l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l'Egard des Femmes. Dans ce contexte, plusieurs mécanismes de réponses et de préventions, tels que les Centres d'Ecoute et de Conseils Juridiques, les Cliniques Juridiques, le Réseau de Protection des enfants, la plateforme de lutte contre les violences basées sur le Genre, ont été mis en place avec l'appui du SNU. « Pour avoir plus de droit, il faut être représenté donc rendez-vous le 24 juillet et au mois de septembre et octobre pour les élections » a avancé Fatma Samoura en encourageant les femmes d'Antsiranana qui sont, « particulièrement fortes et braves ».
En définitive, la participation aux élections et en particulier la candidature à toutes les fonctions au sein des Fokontany, Communes, Parlement… figurent donc parmi les moyens dont disposent les femmes pour renforcer leur lutte contre les violences et pour l'égalité.
■ V.M