Que va devenir la mer d’Emeraude? Il semble que les terrains qui la bordent attirent les convoitises...
Des baux amphytéotiques portant sur ces terrains, sont à vendre sur internet : des parcelles de 4000 m2 proposés pour 570 millions de FMG ou 40 000 Euros seraient à construire.
Plusieurs sociétés de droit malgache portant le nom d’Immo d’Antaravy, auraient acquis plusiuers terrains domaniaux pour plus de cent hectares longeant la mer d’Emeraude. Ces transactions ont dû etre menées à l’époque par le chef du Fokontany des terrains concernés, les sociétés Immo d’Antravy et l’administration des domaines. Le prix a dû être fixé d’un commun accord entre eux.
Plusieurs questions se posent aujourd’hui. Compte tenu des plus values qui semblent être considérables, le prix d’achat a-t-il été réel et sérieux, si l’on tient compte du caractère exceptionnel de l’emplacement?
Cela revient à poser la question de la justesse de l’évaluation du prix par l’administration des domaines. Mais cela pose aussi la question de la responsabilité des représentants publics ayant pris la décision de vendre à ce prix, privant de ce fait la collectivité d’une rentrée d’argent importante.
Par ailleurs, on peut se demander quels sont les associés des sociétés Immo d’Antrany. En d’autres termes, des personnes ont elles pu à la fois représenter une collectivité ou organisation publique (le Fokontany, par exemple) et détenir des intérêts ou intéressements par ou dans les sociétés acquéreuses des terrains? Y a-t-il donc eu, au sens de la loi de 2004 concernant la lutte contre la corruption, un conflit d’intérêt (art 182) entre des fonctions politiques et des fonctions d’associés privés? Y a-t-il eu prise d’avantages injustifiés (art 175) ou trafic d’influence et enrichissement personnel?
C’est ce que l’enquête menée par le BIANCO, une structure administrative indépendante de lutte contre la corruption devra élucider.
Cette affaire est exemplaire, car elle concerne le fonctionnement même du pays. Madagascar s’est doté avec l’aide d’institutions internationales et de personnalités comme Eva Joly, juge anticorruption, d’outils de lutte contre la cooruption. La loi de 2004 donne le cadre juridique et le BIANCO est l’organisme chargé de veiller au respect de la loi. Il s’est installé à Antsiranana en 2008: il a deux missions: l’investigation sur les affaires dont il est saisi et l’éducation pour lutter contre ce fléau. Mais l’enquête du Bianco ne préjuge pas de la décision de justice. En attendant celle ci, c’est la présomption d’innocence qui s’impose.
Séraphin B