Comment la femme handicapée peut-elle changer son monde ? c’est à cette question que les femmes handicapées, les représentants d’associations, de plateforme et de services publics ont répondu lors d’une réunion qui s’est tenue au CECJ le 5 décembre.
« Vehivavy manana fahasembanana manorina fiainam-baovao » tel est le thème de cette discussion qui regroupait une quarantaine de femmes : valides et handicapées ainsi que trois hommes. « S’accepter telles que nous sommes, apprendre à ne pas dépendre financièrement des hommes et des autres, renforcer nos expériences et nos savoir-faire… » tels sont les points qui sont sortis de cette rencontre.
Lucette qui a un handicap à un pied raconte qu’auparavant entrer dans un bureau lui faisait peur à cause de son handicap « j’avais peur que l’on se moque de moi ou que l’on ne me prenne pas au sérieux. Maintenant je n’ai plus de complexe car plus on s’attarde là-dessus moins on avance ». La présidente de l’association Sahameva qui collabore étroitement avec les femmes handicapées et artisanes se rappelle des activités qu’elles ont organisé ensemble. « Il m’arrive d’oublier complètement leurs handicaps, de plus les clients ne se montrent pas moins exigeants parce qu’elles sont handicapées. L’handicap n’atteint en aucune manière la qualité des produits ». Des idées reçues ont été faussées lors de cette réunion. En effet, nombreuses femmes en situation d’handicap pensent que si leurs maris les rejettent c’est à cause de leurs handicaps, que les handicapées ne peuvent espérer mieux car même les femmes valides sont trompées par leurs maris. « L’abandon et le rejet ne dépendent pas du fait qu’on soit valide ou handicapée, ce n’est pas votre handicap qui pousse vos compagnons à vous tromper » a soutenu une participante à cette réunion. Les femmes en situation d’handicap sont donc déterminées à changer leur société. Les handicapés ne sont pas compris et souffrent de la méfiance de nombreuses catégories de personnes telles que les employeurs, les locateurs, etc. Edith, enseignante et présidente de l’association des femmes handicapées à Antsiranana soutient que la confiance ne s’obtient que par les efforts fournis et de leurs résultats. « Les gens nous respectent par ce que nous leur apportons et sont prêts à modifier certaines choses pour que nous puissions apporter encore plus »avance-t-elle en s’appuyant sur ses propres expériences professionnelles. Du 26 au 28 décembre, une formation pour les membres de l’association des femmes handicapées sur le développement personnel se tiendra à Antananarivo. Il ne s’agit que de la première vague car la formation se poursuivra au mois de mars, juin et septembre. Les présidentes régionales de l’AFHAM ont déjà bénéficié de formation sur le même thème. Une collaboration avec les médias est aussi mise en place pour que les familles ne dissimulent pas à la société les handicapés et leur permettre d’accéder à leurs droits comme tout être humain.
■V.M