L'atelier « Mobilisation et sensibilisation contre l'exploitation sexuelle et commerciale des enfants » organisé par le Bureau International du Travail Madagascar s'est tenu pendant 2 jours au Vanila Hotel & Spa (Nosy Be).
Éliminer l'exploitation sexuelle et commerciale des enfants à Madagascar. C'est l'objectif que s'est fixé le Bureau International du Travail (BIT) de Madagascar. Cette organisation des Nations Unies a mis en place un plan d'actions dans ce sens lors d'un atelier qui a eu lieu les 20 et 21 décembre 2011 au Vanila Hotel & Spa à Nosy Be.
Plus de 50 personnes s'étaient réunies pour faire un état des lieux de ce fléau dans la Grande île avant d'envisager les mesures à prendre. Ils étaient des acteurs économiques, des représentants de villageois, des responsables associatifs et des journalistes. Certains notables de l'île aux parfums avaient fait le déplacement : Léa Dolce, déléguée du Tourisme à Nosy Be ; Jean-Claude Bikiny, premier vice-Président de la délégation spéciale de la Commune Urbaine de Nosy Be ; Malaza Ramanamahafay, Chef du District de Nosy Be.
Lors de son discours d'introduction, Michel Ramasy, directeur de l'Office régional du Tourisme de Nosy Be a attiré l'attention sur le fait que le « l'exploitation sexuelle tolérée dans certains lieux faisait beaucoup de mal à la destination Madagascar toute entière ». Il a également fait ressortir que la prostitution était « une opportunité d'argent facile » et que dans ce cas, il serait primordial de donner aux jeunes d'autres moyens de s'en sortir.
Fanja Rakotondrainibe, coordinatrice nationale de projet au BIT et animatrice de cet atelier a ouvert le débat en présentant l'organisation. Afin que le programme soit compris de tous, elle a précisé qu'il y a « exploitation d'enfants » lorsque ces derniers participent à des « activités interférant avec leur scolarité, leur privant de leur dignité et nuisant à leur potentiel physique et psychologique ».
Fanja Rakotondrainibe a rappelé les quatre objectifs principaux de l'organisation (améliorer le cadre juridique du pays ; renforcer les capacités institutionnelles nationales dans la formulation des politiques ; planifier et mettre en œuvre des actions ciblées pour combattre le travail des enfants pour développer des modèles efficaces ; améliorer les connaissances de base et les réseaux sur le travail des enfants et l'éducation pour l'amélioration du plaidoyer et la dissémination des bonnes pratiques) avant de passer en revue les récentes actions du BIT.
Christian Ntsay, directeur du BIT Océan Indien était également présent à cet atelier. Lors de sa première intervention, il a confirmé les succès du BIT dans la lutte contre l'exploitation des enfants. Il a aussi insisté sur le fait que les « pouvoirs publics doivent prendre connaissance des textes et accompagner les initiatives » de prévention. De même que les acteurs économiques « doivent apporter des réponses claires et structurées face à l'abandon de certains responsables sectoriels », a-t-il ajouté.
Le directeur du BIT Océan Indien est resté lucide sur la situation à Madagascar : « nous ne pouvons pas nier que le travail des enfants existe. Mais nous voulons imposer des cadres ». Enfin, Christian Ntsay a pointé une difficulté dans les missions de son organisation : « souvent les enfants sont obligés de travailler parce que leurs parents n'ont pas un emploi durable. Les parents n'ont donc pas l'argent pour envoyer les enfants à l'école. C'est un engrenage ». Ainsi, la lutte contre l'exploitation des enfants ne saurait dépendre que des actions du BIT, mais elle devrait pouvoir s'appuyer sur une politique économique viable.
Un plan d'actions comprenant 3 finalités a été élaboré par la cinquantaine d'intervenants à l'atelier qui s'est tenu au Vanila Hotel & Spa. Le BIT prévoit notamment l'amélioration du cadre juridique et institutionnel de la lutte contre l'exploitation sexuelle et commerciale des enfants avec le soutien des ONGs, la population, le Ministère du Travail. Ce premier objectif sera mis en place après l'analyse, la révision et la vulgarisation des textes juridiques. Il est aussi prévu de mettre en place un observatoire.
À l'issue de ces 2 jours de réflexions Fanja Rakotondrainibe était satisfaite de la contribution des participants. « J'espère maintenant que toutes ses idées vont mûrir et que le plan d'actions sera appliqué » a-t-elle conclut.